Truth Seekers saison 1 : critique du Ghostbuster d'Amazon

Mathieu Jaborska | 2 novembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Mathieu Jaborska | 2 novembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

On ne présente plus Simon Pegg et Nick Frost, duo d'acteurs géniaux révélés à la planète geek par Edgar Wright et sa trilogie Cornetto. Après Le Dernier Pub avant la fin du monde, les deux compères se sont séparés sans se perdre de vue, le temps de quelques batifolages hollywoodiens. Mais plus récemment, ils ont recommencé à collaborer, avec Massacre au pensionnat, et enfin ce Truth Seekers, série produite par Amazon Prime Video qu'ils écrivent à deux pour la première fois depuis Paul, aux côtés de Nat Saunders et James Serafinowicz. Le résultat est-il à la hauteur de leurs illustres carrières ?

Paranormé

Vendue en grande pompe par Amazon Prime Video comme la série idéale pour Halloween à une période où la plupart des mastodontes horrifiques censés teinter de rouge sang la fin octobre fuient les salles, Truth Seekers souffre un peu de l’attente qu’elle suscite.

Non pas que sortir une légèreté fantastique dans l’esprit d’S.O.S. Fantômes soit une mauvaise idée, alors que L'Héritage, lui-aussi repoussé, semble plus ressembler à un recueil nostalgique lourdingue dans la plus pure tradition Stranger Thingsienne. Mais le matériel promotionnel et l’illustre casting – devant et derrière la caméra – ont peut-être exagéré l’impact d’une série qui pâtit forcément de la concurrence actuelle sur le marché de la SVoD, sans répit.

Certes, le service marketing de la firme vante la réunion de Pegg et Frost, mais le premier reste dans son bureau et se limite à jouer les seconds rôles de luxe, tandis que le deuxième trace sa route accompagné d’un groupe de jeunes comédiens convainquants, constitué de Samson Kayo (aperçu dans Le Voyage du Dr Dolittle), Susan Wokoma (la Edith d’Enola Holmes) et Emma D'Arcy (vue dans Misbehaviour). Quant à Malcolm McDowell, il se contente une fois de plus de jouer les papys séniles.

 

Photo Malcolm McDowellHide the pain Malcolm

 

Il ne faut donc pas du tout s’attendre à une déclinaison télévisuelle du style Edgar Wright : bien moins inventive et délirante, Truth Seekers opte pour une structure bien plus classique. Une bande de demi-bras cassés fait face à une menace qu’elle devra – volontairement ou pas – vaincre dans 8 épisodes, chacun le théâtre d’une manifestation paranormale. Très préoccupé par la trame principale, exigeant son lot de retournements de situation pour exister, le scénario s’applique à ne jamais trop pousser ses concepts – parfois amusants – dans leurs retranchements respectifs, histoire de faire avancer l'intrigue tout en préservant un ton humoristique. On est loin également, donc, des frasques spectaculaires qui s’immisçaient dans certains épisodes de Lovecraft Country, l’autre série fantastique semi-anthologique du moment.

Certains diraient donc qu’il manque un brin de folie à Truth Seekers, quelque peu handicapée par sa propre légèreté. Et ils n’auront pas tort, puisque si les séquences d’introduction, donnant le la au reste de l’épisode, annoncent parfois de vrais débordements graphiques, les vérités cherchées par cette sympathique petite troupe ne se démarquent jamais vraiment. Les quelques idées un peu barrées qui subsistent (la poupée par exemple) se ratatinent dès que les personnages y sont confrontés directement.

 

Photo Emma D'ArcyQuelques têtes brulées répondent à l'appel

 

soft power

Rien de trop mémorable, et ce n’est d'ailleurs pas le but. Servi par une mise en scène sage qui use des courtes focales pour faire la part belle aux flous périphériques et aux lens flares, le récit lutte pour revenir en permanence à sa simplicité, esthétique numérisée et effets spéciaux schématiques à l’appui. C’est là que deux camps émergeront parmi les spectateurs : ceux qui assument de se contenter d’une telle approche et ceux qui resteront à jamais déçus par le manque d’ambition un peu déprimant de la chose.

Mais si on choisit la première proposition, Truth Seekers reste un divertissement fort honnête, qui devrait au moins satisfaire un peu les amateurs d’humour anglais, pincé et parfois assez absurde, appuyé par une musique typique de ce genre de productions. Bien que reposant un peu trop sur un jeu de référence et un abus du gag du « je fais ce que j’avais juré ne pas faire », les dialogues cherchent plus à faire sourire voire à faire souffler du nez qu’à nous arracher des éclats de rire. Et ils réussissent leur coup, en se moquant avec malice des réseaux sociaux et des théories du complot bas du front qui y pullulent.

 

photoRegard caméra

 

Surtout, cette production Amazon nous rappelle la suprématie du format 30 minutes sur le plan comique. La démentielle Ash vs Evil Dead en usait très intelligemment pour faire de chaque épisode un climax de slapstick halluciné. Pas exactement sur le même modèle, Truth Seekers s’évite ainsi de trop forcer son rythme.

Aucun épisode ne dépasse la barre des 33 minutes, ce qui contribue à maintenir une cohérence dans sa simplicité, simplicité qui rappelle le très sympathique Extra Ordinary, sorti dans l’indifférence générale l’année dernière sur tous les services de VOD (et disponible sur Outbuster depuis peu). On y retrouvait également un rythme parfaitement adapté à un humour très inoffensif, même si ça manquait un peu de Simon Pegg.

Truth Seekers est disponible en intégralité sur Amazon Prime Vidéo en France depuis le 30 octobre 2020

 

Affiche

Résumé

Ni particulièrement flippante ni hilarante, cette saison 1 de Truth Seekers se suit néanmoins sans déplaisir, au moins pour faire honneur à sa singulière modestie.

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Lecteurs

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commentaires
Whoisit
18/12/2020 à 00:11

L'auteur de l'article a-t-il vraiment regardé jusqu'à la fin du dernier épisode ? J'en doute ! La série est bien partie pour gagner en profondeur en saison 2.

Opale
15/11/2020 à 12:15

La critique d'EL est juste: la série est en pilote automatique et reste dans sa zone de confort. C'est agréable a suivre, assez flippant parfois, et juste ce qu'il faut de décalage pour faire sourire. Sympathique!

Dams
05/11/2020 à 14:33

Bon délire au style scoobydoo et l'humour british.
J'ai mangé la première saison j'attend la prochaine. Excellent

Thekiller
03/11/2020 à 09:39

J'ai tenu deux épisodes de ce truc. J'ai le record je crois. Vive moi !

Hank Hulé
02/11/2020 à 23:20

Le jeu de la dame oé

Sub
02/11/2020 à 22:37

Viens de m'enfiler la saison, de la bombe ! et la fin ça présage du bon.
vivement la suite.

Bgz
02/11/2020 à 19:12

Vu le premier épisode. Je pensais un délire à la Spaced, mais non.. Vais quand même voir ce que ça donne sur la suite..

Gugusse 0
02/11/2020 à 17:29

J'ai tenue une demi heure et j'ai trouvé ça lent et soporifique. Je suis vite retourné à ma série du moment the américains.
J'aurai peut-être du insister. Pourtant j'adore Shaun et les 2 autres films qu'ils ont fait.

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