Space Force saison 1 : la comédie spatiale de Netflix s'est-elle vraiment plantée ?

Simon Riaux | 3 juin 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 3 juin 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Très attendue par tous les fans de The Office et de Steve Carell, la série de Netflix a énormément déçu, et engendré au mieux une indifférence polie. Mais si les rires n'ont pas été au rendez-vous de cette première saison, Space Force est-elle pour autant le cinglant échec décrit ici et là ?

MORT LE RIRE 

Que devait-on attendre de Space Force ? Sur le papier, c’était entendu, avec Steve Carell et Greg Daniels à la manœuvre, deux des principaux artisans de The Office (le second ayant également travaillé sur Parks and Recreation), on était là pour rire, et pas qu’un peu. Le sujet du show semblait d’ailleurs s’y prêter, puisqu’il traite de la mise en place d’une nouvelle branche de l’armée américaine dédiée aux opérations spatiales, souhaitée par Donald Trump, à la surprise générale et dans un climat de précipitation souvent moqué. 

Fonctionnaires dépassés, projet absurde, vie de bureau décalée... tous les ingrédients étaient là. Mais dès son pilote, Space Force désarçonne. Tout d’abord, parce que la quasi-totalité de ses vannes tombent à plat, mais également parce que l’humour ne semble pas véritablement la priorité du show. À ce titre, écriture, comédiens et montage paraissent souvent jouer des partitions différentes, voire franchement opposées. 

 

photo, Steve CarellUn lancement incertain ?

 

Ainsi, le tempo comique des différents gags, qu’ils reposent sur les dialogues, la grammaire du slapstick ou des ressorts purement visuels, n’est jamais prise en compte par le découpage ou l’agencement des plans. Un peu comme si, contraints et forcés, les comédiens émaillaient chaque situation de plaisanteries que le reste de l’équipe artistique ignorait superbement. Le résultat est donc un contretemps permanent, parfois très désagréable, notamment durant la première moitié de la saison, alors que Space Force peine à trouver une tonalité qui lui convienne. 

Et pourtant, certains épisodes s'acharnent à nous caviarder le cerveau de ratages comiques aux proportions pharaoniques. Le traitement de Diana Silvers est peut-être le plus emblématique des errements de la série. Son personnage de post-ado un peu paumée, d'abord caractérisée comme une débile légère, est humanisée bien trop tard, et doit se fader jusqu'aux derniers épisodes un flirt embarrassant avec un troufion ayant éternué son cerveau. Les opportunités de rire ou détourner quantité de situations ne manquent pas, et pourtant, presque jamais la série ne fait mouche.

Les premiers pas au sein de cette base secrète s’avèrent donc perturbants. Non pas que les interprétations de Steve Carell, Lisa Kudrow ou John Malkovich manquent de charme ou de précision, mais on peine à comprendre ce qu’on fiche là, au milieu de ces artistes manifestement aussi perdus que leur public. Jusqu’à ce que la fusée prenne son envol. 

 

photo, Steve CarellC'est de la bombe...

 

INSÉCURITÉ DE L’EMPLOI 

On pouvait s’attendre à ce que la série étrille l’administration Trump et se fasse un plaisir de flinguer un pouvoir politique dont les coulisses semblent parfois chaotique, mais ce n’est pas le choix de Space Force, qui préfère se focaliser sur l’Amérique elle-même. Et le portrait qu’en dresse l’intrigue est plutôt saisissant.

Loin d’une attaque vitriolée, c’est l’autopsie d’une nation totalement dépassée, perdue, et qui ne sait même plus comment garder la tête hors de l’eau. Il s’agit en premier lieu d’un constat politique, les entreprises du gouvernement américain étant perpétuellement contrecarrées par la Chine, tandis que les hauts gradés de Washington ne pannent absolument rien à la situation. 

Mais, et c’est plus intéressant, ce déclassement s’incarne également dans l’intimité des protagonistes. En témoigne cet épisode, à la fois sensible et cruel, où le général Naird visite sa femme (excellente Lisa Kudrow) en prison, pour découvrir, à sa grande stupéfaction, qu’elle aimerait bien en finir avec l’exclusivité sexuelle. Partout où on pensait voir le script étriller l’étroitesse de militaires foirant tout ce qu’ils peuvent, la narration embrasse leurs contradictions, ausculte leurs doutes, et traque leur humanité.

 

photo, Diana SilversErin Naird, personnage touchant, que le scénario ne sait pas comment traiter

 

Ainsi, quand Naird se voit contraint de repenser les fondamentaux de l’union qui sert de pilier à son existence, quand il comprend soudain qu’il vient d’humilier le scientifique snobinard qui l’agace mais le soutient, la série trouve soudain une tonalité étonnamment touchante. Space Force assume progressivement le décalage de ses héros, et les accompagne avec douceur alors qu’ils doivent faire le deuil de l’ancien monde. 

Il eût été facile de faire de Naird un soldat républicain obtus et de Mallory un intellectuel de Berkeley un peu péteux. Mais toujours, le scénario s’intéresse aux rencontres, plus qu’aux frictions. Et c’est dans ce mouvement que le show retrouve une respiration, une inspiration, qui lui permet de bénéficier d’une véritable identité. En témoigne la conclusion, où la famille abîmée de notre simili-héros se voit paradoxalement rassemblée pour ce qui s'annonce comme un baroud d'honneur aux airs d'apocalypse. Etrange tableau que ces humains désaccordés, promis au cataclysme et incapables de l'éviter, mais néanmoins convaincus de devoir le vivre ensemble. Etrange, mais curieusement rassurant.

Space Force est disponible en intégralité depuis le 29 mai sur Netflix

 

Affiche françaiseUne série encore un peu trop dans la Lune ?

Résumé

En l’état, Space Force doit désormais choisir une orientation claire. Car si cette première saison tient, c’est uniquement grâce à d’excellents comédiens et une poignée de moments de grâce, qui permettent de passer outre les ratages ou épaisseurs comiques. Gageons que cet équipage saura redresser une trajectoire incertaine. 

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.5)

Votre note ?

commentaires
N3K0G3K0
08/06/2020 à 23:34

La série est excellente, il y a énormément de référence qui mon fait vachement rire, il faut juste prendre sa au 27 millième degré et avoir un minimum de culture général pour comprendre les situations comique

Ahaha
05/06/2020 à 11:33

Cette serie est à mourir de rire un point c'est tout.

amdsfilms
05/06/2020 à 08:57

j'ai trouvé la série assez moyenne, dommage

darkjack
05/06/2020 à 07:55

En voir en VO si faut en VOST.
Je m’attendais à plus de franches rigolades.
Mais le côté "on tape" sur les travers de la société, m'a beaucoup plu et ce sont surtout ces moments qui m'ont fait le plus rire.
Vivement la saison 2.

Grève DeLaFaime
04/06/2020 à 23:45

Si vous l'écouter en français, c'est normal que vous ne trouviez cela pas drôle mdr

Brezee99
04/06/2020 à 17:33

ca vaut pas brink, avec jack black

Oxi
04/06/2020 à 13:44

Critique un peu trop poussée à mon goût.
J'ai apprécié cette série comique, decallée par rapport à notre réalité médiatique. L'aspect caricatural des évenements a été plutôt bien pesé àmon goût : ce n'est pas lourd ni insuffisant. Les acteurs sont très bon et c'est ce qui permet naturellement de tenir les épisodes d'affilé.
Personnellement, j'ai envie de connaître la suite, de comprendre aussi la raison de la situation de la femme du général.
Cette série, sans pour autant mériter un palmarès certe, mérite de montrer au public une suite logique, au moins dans une dernière saison.

ADAWONG
04/06/2020 à 11:23

Vue en VO et excellente, je dirais que cest plutôt la traduction qui craint comme bien souvent. C'est sur que si vous vous basez sur la VF pour dire que l'humour n'y est pas et que les vannes sont nulles on est pas sauvés!

Czero
04/06/2020 à 09:45

Si c'est une série comique mais que ce n'est pas drôle, faut pas chercher plus loin : c'est raté.
Tout comme Upload, qui lui est malaisant.

Satan LaBite
04/06/2020 à 09:22

Comme le dit l'adage, s'il y a Steve Carell dedans, ça peut pas être mauvais.

Plus
votre commentaire