Légende Vivante, Réincarné dans un autre monde, Le huitième fils : l'isekai en grande pompe chez Delcourt

Flavien Appavou | 15 juillet 2021 - MAJ : 01/09/2021 17:44
Flavien Appavou | 15 juillet 2021 - MAJ : 01/09/2021 17:44

Delcourt Tonkam décide de faire la part belle à un genre du manga : l'Isekai. Ce phénomène popularisé par Sword Art Online est devenu tellement énorme que des titres par centaines ont fait surface chez les éditeurs. A tel point que Delcourt Tonkam sort une collection consacrée à ces mangas. Mais c'est quoi un Isekai ? Zoom sur le sujet avec trois de leurs titres. 

 

KEZAKO ISEKAI

Partons déjà de la définition d'Isekai. Cela veut dire "autre monde" en japonais. Comme dit dans l'intro, ce phénomène fut vraiment mis en avant par Sword Art Online, mais aussi par Log Horizon et maintenant par The Rising of the Shield Hero et Moi, quand je me réincarne en slime ou encore Re:Zero, parmi tant d'autres. Tous ces titres ont très bien marché aussi bien en manga qu'en animé chez les différents éditeurs. D'ailleurs ils continuent toujours leur publication, tranquillement. 

L'Isekai se caractérise sous plusieurs points, commençons par les personnages qui se retrouvent dans cet "autre monde" évoqué plus haut. Ce sont souvent des personnes lambdas qui ont eu une vie plutôt banale et qui se retrouvent soit : invoqués, projetés ou bien tout simplement réincarnés dans un nouvel environnement. Et qui dit autre univers, dit très souvent celui de la fantasy où la magie existe. Les races communes des univers de fantasy sont aussi mises en avant ainsi que le classes et fonctions des personnes qui les peuplent. Mais il existe des Isekai inversés, où une personne de l'univers de la fantasy se retrouve dans le monde des humains. En prenant par exemple 50 nuances de gras. 

Planche 4, PonjeaMais qu'est-ce que je fais là ?

© by PONJEA / Square Enix

Avec un protagoniste qui débarque dans un environnement dont il n'a pas les codes, on retrouve aussi souvent l'ultra cheat (pour reprendre les termes de jeux vidéo). Quand le protagoniste arrive dans ce nouvel univers, il est souvent surpuissant, détrônant les autres dans la magie ou dans ses capacités. Et apprend petit à petit à utiliser ses pouvoirs. Parfois a contrario, il arrive avec zéro pouvoir et se voit contraint d'en créer pour lui-même, lesquels deviennent très vite cheaté : The Rising of The Shield Hero en est un bon exemple. 

Avant-dernier point, qui dit isekai, dit aussi nouvelle vie. Vu que le personnage arrive dans un nouvel univers qui lui est étranger, il recommence très souvent à zéro. Il peut garder les souvenirs de sa précédente vie pour continuer son apprentissage, mais il doit surtout apprendre ou utiliser ses connaissances (souvent en jeu vidéo) pour démarrer une nouvelle vie. Et dans le cas contraire, lorsqu'un protagoniste se trouve dans le monde des humains, celui-ci découvre un nouveau modèle social, au sein duquel il est fréquemment moins établi hiérarchiquement.  

Planche 2, Hiroki KusumotoAutre particularité de l'Isekai

© by KUSUMOTO Hiroki / Kadokawa Shoten

Et enfin dernier point, dans un Isekai, le héros se retrouve fréquemment avec une jolie fille... voire un harem. Ce n'est pas systématique, mais c'est limite une fois sur deux. Par contre, elles ne sont absolument pas ingénues, elles accompagnent le héros dans son accomplissement et sont totalement indépendantes, fortes et compétentes. C'est la naissance d'un duo ou d'un trio ou d'un quartett ou... C'est une des spécificités dans le cahier des charges du genre. 

En prenant en compte cette longue définition venons à la démonstration avec les trois titres Isekai de Delcourt Tonkam, qui exposent toutes les  catégories citées plus haut, avec Légende VivanteLe Huitième fils et Réincarné dans un autre monde.

Couverture Tome 1, PonjeaSalut, je suis dans un autre monde

© by PONJEA / Square Enix

Réincarné dans un autre monde 

Ce titre est un parfait exemple d'un Isekai, car il coche presque toutes les cases citées précédemment (manque juste la fille dans le premier tome). Yûji Sano, employé dans une société qui le maltraite, reçoit un message annonçant qu'il est invoqué dans un nouveau monde, sans raison. Et pouf, le voici à côté d'un slime. En approchant d'une maison, il tombe sur un grimoire qui lui confie un nouveau pouvoir : celui d’érudit. Très vite, il devient surpuissant, mais ne comprends pas que ce n'est pas la norme de ce monde. 

Via le côté humoristique de ce manga, on comprend très vite les enjeux de cet Isekai. Yuji est totalement désorienté dans cet environnement inconnu, sans codes et sans repère, ayant comme seul ami (pour le moment) des slimes mignons et joyeux. Ses pouvoirs sont tellement énormes que les gags deviennent récurrents, ce qui permet au lecteur d'avoir un autre regard sur des histoires qu'il a peut-être déjà lues. 

Planche 1, PonjeaCes têtes !

© by PONJEA / Square Enix

Réincarné dans un autre monde est à la base un roman populaire chez Square Enix. Il est mis en image par le prodigieux Ponjea qui excelle dans les mises en situations marrantes et les expressions aberrantes. On ne peut pas s'empêcher de pouffer de rire quand on voit la composition des cases et les expressions totalement farfelues du personnage principal, mais surtout des autres protagonistes témoins des surprenants pouvoirs du héros. L'œuvre originale est écrite par Shinko Shoto et le chara design est signé par Huka Kazabana.

Pour les néophytes qui ne connaissent absolument pas l'Isekai, c'est aussi un bon manga qui permet de comprendre très rapidement les enjeux et les aboutissements de ce genre. Très simple à lire et truffé de gags, il montre qu'un Isekai est avant tout un genre de manga où le personnage apprend à s'adapter dans un environnement qui n'est pas le sien, pour le pire et pour le meilleur. 

 

Couverture tome 1, Hiroki KusumotoAutre isekai

© by KUSUMOTO Hiroki / Kadokawa Shoten

Le Huitième Fils 

Ce manga rentre un peu plus dans les détails et enjeux politique d'un Isekai. Le Huitième fils écrit et dessiné par Hiroki Kusumoto est tiré du roman de Y.A et au chara design, on trouve Fuzichoco. On suit les aventures de Shingo qui s'endort tranquillement et qui se réveille dans le corps d'un enfant de six ans appelé Wendelin Von Benno Baumeister. Nom compliqué pour situation compliquée, car il est le dernier né d'un noble... sans le sou. Et en tant que dernier fils, il n'a pas droit à grand-chose. Par contre, il est très doué pour la magie (cheat card activée !)

Du coup, ici malgré la carte de la triche activée un peu vite, on s'interroge plus sur l'environnement politique où se retrouve notre héros. Comme dit précédemment, dans les univers de fantasy, tout est hiérarchisé : les classes, les fonctions et très souvent les richesses. Être noble, mais pauvre, c'est quand même commencer du bas de l'échelle. Alors qu'être fort, riche et en plus avoir des hautes fonctions c'est tout de suite plus facile.  

 

Planche 1, Hiroki KusumotoL'équipe type

© by KUSUMOTO Hiroki / Kadokawa Shoten

On assiste donc à la montée en puissance de ce héros qui malgré sa carte maitresse, se voit confronté à la rudesse sociale du monde où il se trouve. En étant assisté de ses compagnons, qui sont aussi des laissés pour compte tout en étant très brillants dans leur domaine, le héros démonte petit à petit les clichés sociétaux. Manquant parfois un peu de finesse dans son découpage et son écriture, ce manga porte un intérêt tout spécialement aux personnalités de ses héros et non sur leurs capacités. Encore une fois, c'est l'aspect social et politique qui est mis en avant. 

Du coup, c'est encore un autre aspect de l'Isekai qui est montré par Le Huitième Fils. À travers la réincarnation du héros dans ce nouvel univers, le lecteur découvre une politique dure et abrupte des mondes de fantasy, laquelle n'est pas gratuite, et se veut bien souvent un miroir ou un écho déformé de notre monde et de son fonctionnement. 

Couverture tome 1, Ezogingitune, Chaco AbenoLe dernier du trio

© by ABENO Chako / Square Enix

Légende Vivante

Avec les deux précédentes œuvres, on cochait absolument toutes les cases de la définition d'entrée du dossier. Et en finissant volontairement par Légende Vivanteécrit par Ezogingitune et dessiné par Chaco Abeno, adapté du roman du même nom, nous voulions montrer encore un pan de l'Isekai, plus subtil. Pourquoi ? Commençons par l'histoire. 

On suit les aventures de Luck qui se bat contre des hordes de démons avec ses deux compagnons. Sauf que celles-ci ne se tarissent jamais. Il décide de se sacrifier en affrontant tout seul ses adversaires et en lâchant ses pouvoirs au maximum, laissant ses compères s'enfuir. Il se bat pendant une dizaine d'années en se renforçant magiquement et en absorbant les pouvoirs des créatures qu'il abat. Une fois qu'il a fini de zigouiller ses nombreux adversaires ainsi que le roi des démons, il revient dans son village natal. Sauf que ce n'est plus un village, mais une ville, que dix ans se sont passé et qu'en plus il a rajeuni. 

Planche 2, Ezogingitune, Chaco AbenoLe dernier affrontement

© by ABENO Chako / Square Enix

A première vue, on s'éloigne ici de la définition de l'isekai. Mais encore faut-il attentivement lire entre les lignes : c'est  dans un monde inconnu pour lui que se retrouve Luck, il a rajeuni, du coup il peut recommencer à zéro sa vie et en plus... il est totalement cheaté. Donc on est dans une Inception d'Isekai. Donc ça fonctionne. 

Et oui, Légende Vivante illustre le principe selon lequel il est possible de découvrir un nouveau monde au sein de celui que nous avons toujours habité. Si ce début peut sembler perturbant, il n'en et rien et petit à petit le lecteur s'y fait. Oui, Luck revit une nouvelle existence, qui lui permet de faire table rase du passé. Du coup dans la composition des cases et dans le découpage, tout se réordonne pour donner une impression de nouveauté et de découverte. Ce qui fonctionne plutôt pas mal. 

Planche 2, Chaco Abeno, EzogingituneMais c'est moi Luck !

© by ABENO Chako / Square Enix

Avec ces trois titres : Réincarné dans un autre monde, Le Huitième Fils et Légende Vivante, tous sortis presque simultanément, Delcourt Tonkam veut montrer toutes les nuances de ce genre d'histoire. Car même si le marché du manga est très fortement abondé d'Isekai ces derniers temps, il est bon de voir que le genre est encore capable de surprendre et de se réinventer constamment. Il existe une multiplicité d'histoires, d'auteurs qui écrivent des lights novels ou directement des mangas. L'imagination ne se tarit absolument pas. C'est un nouveau monde à explorer et c'est en ça que le manga Isekai n'est pas prêt de s'arrêter de si-tôt.

Ceci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. Mais c'est quoi un partenariat Ecran Large ?



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commentaires
Chibimig
17/07/2021 à 22:42

Bonjour,
Il y en aurais tellement d'autre car le genre n'est pas si récent. Un qui m'avais bien plus également est Zero no tsukaima de 2006. J'ai du en voir d'autre bien plus vieux que celui-ci. Un genre bien apreciable qui ouvre tellement de situation incongrue ...
Bonne lecture à tous.