The Boys : Chère Becky - un nouveau comics sanglant, en attendant la saison 3 du phénomène Amazon

Arnold Petit | 15 avril 2021 - MAJ : 15/04/2021 10:31
Arnold Petit | 15 avril 2021 - MAJ : 15/04/2021 10:31

Hughie et les P'tits Gars de Billy Butcher sont de retour dans The Boys : Chère Becky, pour une histoire pleine d'amour et d'hémoglobine.

Alors que la série d'Amazon a démarré le tournage de sa troisième saison, The Boys : Chère Becky, le nouveau comics de Garth Ennis dans son univers de super-héros déviants et de salauds en manteaux noirs, est disponible en France depuis le 14 avril chez Panini Comics. Un ultime chapitre qui vient clore l'histoire de Hughie, d'Annie et des P'tits Gars, mais surtout de Becca, la femme de Billy Butcher, qui n'avait pas eu le droit à un traitement digne de ce nom selon le scénariste irlandais.

Et si vous voulez vous procurer The Boys : Chère Becky, c'est par ici : https://bit.ly/2PM8sqs

 

photoLes fantômes du passé

 

WE FOUND EACH OTHER

S'il est d'abord connu et reconnu pour son Punisher, son passage sur Hellblazer ou ce délice pernicieux qu'est Preacher, Garth Ennis a pu faire étalage de tout son style, sans aucune retenue, en particulier grâce à The Boys.

De 2006 à 2012, avec une violence extrême, une irrévérence crasse et un nihilisme radical, sans oublier une pincée d'histoires de guerre, le bonhomme avait alors pris un malin plaisir à détruire la figure du super-héros qu'il n'a jamais porté dans son coeur en adressant également une critique furieuse de cette société américaine qui le fascine et le rebute en même temps. Un comics éminemment controversé, dans lequel il a pu traiter tout un tas de thématiques et de sujets dans un déluge de tripes, de sexe et de satire, mais avec une intelligence certaine et une impressionnante richesse.

 

photoRendez-vous chez le dentiste

 

Remotivé par le succès de la série diffusée sur Amazon Prime Video, sur laquelle il travaille en tant que producteur exécutif, Garth Ennis est donc retourné dans l'univers qu'il avait créé avec l'artiste Darick Robertson il y a une dizaine d'années pour un dernier massacre. Une histoire sous forme de suite et de prequel, en compagnie de Russ Braun, encreur et remplaçant temporaire sur The Boys avec lequel le scénariste a également travaillé sur Jimmy's Bastards, une sorte de parodie de James Bond.

D'une part, The Boys : Chère Becky suit Hughie et Annie, dont la petite vie tranquille en Écosse et les plans de mariage vont être bouleversés après qu'ils aient reçu un vieux journal intime concernant le passé des P'tit Gars et des Sept. D'autre part, des flashbacks viennent ponctuer la lecture pour montrer les agissements de cette première équipe de chasseurs de super-héros, quand elle était encore menée par Greg Mallory et que Billy vivait encore le grand amour auprès de Becca.

 

photoIls sont si adorables à cet âge

 

FOR OLD TIMES' SAKE

Il suffit de parcourir les premières cases de The Boys : Chère Becky pour retrouver ce charme malsain qui émanait des pages de l’œuvre originale. Douze ans ont passé, Vought International est tombé et la plupart des super-héros ont disparu, mais rien n'a vraiment changé, comme le constatent un Hughie plus âgé et son amie Robbi autour d'une bière.

Garth Ennis, lui, reste effectivement bien le même sale gosse provocateur, politiquement incorrect, avec son humour noir et corrosif et un regard toujours aussi cynique sur le monde, évoquant au passage la crise du coronavirus ou le Brexit. Les planches de Russ Braun empruntent clairement au trait grossier de Darick Robertson, autant au niveau des dessins que du découpage, et une douce nostalgie se dégage en redécouvrant cet univers si singulier.

 

photoThor : Blood & Anger

 

L'histoire fait évidemment référence à différents éléments de la série de comics originale et plusieurs visages déjà croisés à l'époque font à nouveau leur apparition, mais The Boys : Chère Becky se raccroche surtout aux événements présentés dans les autres mini-séries de The Boys, Highland Laddie et Butcher, Baker, Candlestick Maker, respectivement réunies dans les tomes 13 et 17, Bienvenue chez le p'tit et Le Fils du boulanger.

Ce fameux journal intime qui a été envoyé à Hughie ravive de vieux traumatismes et menace son couple, mais permet surtout d’explorer le passé de Billy Butcher avec Becca et de creuser encore un peu plus la psychologie de celui qui deviendra le tyrannique leader des P’tit Gars. La mort de sa femme a toujours été une excuse pour toutes les atrocités qu'il a commises lors de sa croisade contre les super-héros et The Boys : Chère Becky prouve bien qu’elle était celle qui l'empêchait de céder aux pulsions meurtrières qu'il avait éveillées pendant la guerre des Malouines.

 

photoDéjà mort à l'intérieur

 

GOODBYE MY LOVER

Cependant, tout n'est pas exactement comme avant. Pas de petite copine déchiquetée ou de partie de jambes en l'air dans les bureaux de la CIA pour lancer l'intrigue cette fois. Les P’tits Gars de Greg Mallory mènent bien une sombre enquête sur des super-héros aussi ridicules qu’inquiétants et un comics ne serait pas estampillé The Boys s'il ne contenait pas son lot de violence graphique. Toutefois, plutôt que de répandre du foutre et de la cervelle sur les murs, l’histoire se focalise d’abord sur ses personnages, et elle le fait bien.

Pendant que Hughie et Annie forment un couple tendre et pathétique, les passages du journal dévoilent aussi les prémisses de ce qui deviendra The Boys, avec cette relation déjà pleine d’affection et de bienveillance entre le Français et la Fille ou la méfiance de La Crème et Mallory vis-à-vis de Billy.

 

photoBrazzers

 

Derrière les parodies bien senties, qui sont là pour capter l'attention du lecteur et lui faire décrocher un sourire, le scénario s’attarde surtout sur les aspects extrêmes de l'humanité, les plus abjects, mais aussi les plus beaux, Billy Butcher condensant à lui seul cette dualité. Et Russ Braun effectue un travail admirable pour représenter les expressions de chacun, mais surtout le regard du charismatique Britannique, tendre lorsqu'il est avec sa Becky, assassin quand il parle des super-héros. Une ambivalence qui constituait le coeur des comics originaux, et que l'on retrouve ici dans toute sa noire splendeur.

Garth Ennis adapte également son discours à son époque. Alors qu’il se servait de The Boys pour cogner sur l'industrie des comics et les dérives du pouvoir américain après les attentats du 11 septembre, l’auteur s’attaque désormais aux conglomérats du divertissement et aux États-Unis de Donald Trump, à l’instar de la série, avec quand même un peu de moins de réussite et de justesse.

 

photoBonheur éphémère

 

Le scénario est aussi drôle qu’efficace, notamment grâce à quelques révélations de poids, qui permettent de ne pas s'apesantir sur la nature d'épilogue tardif de ce volume, forcément condamné à une ambition un peu moindre que les volumes précédents.

En apportant un autre point de vue concernant certains personnages, The Boys : Chère Becky vient compléter ce que Garth Ennis et Darick Robertson ont accompli et permet au scénariste de dire adieu à ses personnages avec maturité et mélancolie. Un petit plaisir qui devrait ravir tous les fans du style du scénariste irlandais et de l'univers de The Boys.

Ceci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. Mais c'est quoi un partenariat Ecran Large ?

 

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Flo
18/05/2021 à 15:28

"Chère Becky » – et pas « Becca », pfff...
Assez jouissif de penser à tout ceux ceux qui sont fans de la série tv, et dont certains Dé – tes – te- raient le comic d’origine. Tellement c’est outrancier, tellement ils devraient se prendre 12 associations aux fesses avec tout ce que Garth Ennis y a mis dedans, de manière décomplexée…
Mais aussi… Pas calibrée pour « faire Cool », ou bien pour enchaîner les twists scénaristiques un peu tape à l’oeil. Mais pour poser les questions qui fâchent, ça oui.
Grotesque, cynique, avec deux antihéros totalement opposés, l’un trop plein d’innocence, et l’autre de haine monstrueuse (c’est un peu comme si on filait la direction des X-Men au Wolverine sanglant)… Et pourtant, rempli aussi de sentimentalisme le plus « pur » qui soit.
Et bonne nouvelle, « Chère Becky » idem. Ennis évite l’œuvre de commande qui surferait sur la vague du succès du show télé (maintenant, son Hughie y a juste un peu la même coupe de cheveux que Jack Quaid… et basta !).
Il n’écrit pas non plus un simple Prequel qui expliciterait tout ce qu’on a déjà compris…
Non, il écrit une aventure passée auto-contenue, d’une part.
Montre aussi un chouia ce qu’il est advenu des survivants, tout en se moquant encore des exagération super-héroiques, de leur business (trouvez les sosies ! ;-) ), de l’état du monde actuel (conscientisation et pandémie incluse).
Et prend plaisir surtout à retrouver les deux couples qu’il a le plus aimé écrire dans sa carrière de scénariste (c’est dit dans la préface du précédemment Tome)..
Et nous à les retrouver dans leur quotidien respectif, comme de vieux amis attachants.
Vérole ! ^_^

Rorov94M
15/04/2021 à 17:21

En tout cas,on est LARGEMENT en dessous de la violence crasse de CROSSED(qui ne sera jamais adapté dieu merci!)