Umbrella Academy : les héros les plus tarés de la bande-dessinée américaine reviennent avec Hotel Oblivion

La Rédaction | 25 septembre 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
La Rédaction | 25 septembre 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Près d’une décennie après la publication de deux runs remuants, Umbrella Academy est de retour, à l’occasion d’une aventure plus barrée, explosive et folle que tout ce qui a précédé avec son troisième tome : Umbrella Academy - 3. Hotel Oblivion.

 

LEAVE THE KIDS ALONE

Si Gerard Way et Gabriel Bá ont marqué le petit monde des comics super-héroïques de 2007 à 2009, les deux premières épopées des membres de l’Academy les ont manifestement laissés aussi exténués et éparpillés que leur héros. Pensé comme un hommage dément à plusieurs grands classiques de la bande dessinée américaine (les X-Men en tête) Umbrella Academy a rapidement volé de ses propres ailes pour devenir un phénomène autonome.

 

photoDispo dès le 25 septembre, chez Delcourt

 

Avec ses personnages ouvertement névrotiques, son découpage cinématographique en diable, mais surtout un scénario faisant la part belle aux émotions de ses protagonistes, la série de bandes dessinées renouvelait à la fois le stéréotype narratif de l’alliance de super-héros, tout en retrouvant la fraîcheur stimulante d’un genre souvent étouffé par son héritage et des années d’aventures préalables. L'univers déployé ici ne débarquait pas sans clins d'oeil, mais donnait un sentiment de nouveauté, de générosité, devenu bien trop rare.

Électrisantes et explosives, les deux premières aventures, rassemblées sous les titres La Suite apocalyptique et Dallas témoignaient certes de la passion de leurs auteurs, mais aussi de la difficulté à renouveler un genre dont on ne souhaite pas maîtriser ou respecter les codes. En effet, pour brillantes que soient ces deux premières séries, on notait, derrière leur amour pour l’anarchie et l’enchaînement de séquences dantesques, quelques petites difficultés à assurer une cohérence globale.

Le fondateur de My Chemical Romance greffait à son imaginaire une fièvre rock appréciable, mais on le sentait toujours plus excité par les éclats (de violence, d’émotion) que leur construction préalable. Bonne nouvelle, le temps a passé, et cette troisième épopée d’Umbrella Academy corrige en grande partie ces légers errements.

 

photoEntre La Famille Tenenbaum et Shining

 

SUPER OBLIVION

Les lecteurs convaincus par les deux premiers tomes préalablement publiés par Delcourt et les spectateurs de la série auraient tort de louper Hotel Oblivion, en cela que cette nouvelle fournée est la plus aboutie à ce jour. Elle constitue surtout un récit proprement inédit, Netflix n’ayant usé que des 2 premiers runs pour bâtir la première saison de son show : Umbrella Academy. L’aventure qui nous parvient est donc inédite à tous les égards, et comme ses auteurs, porte la marque du temps passé.

Il ne reste pour ainsi dire plus rien de l’Academy, dont les membres sont dispersés, au gré de leurs malheurs, ratages et échecs. Chaque personnage a gagné en maturité et en assurance, dépassant son statut de vignette à caractère pour devenir des protagonistes sensibles et épais, dont chacun serait capable de supporter l’intrigue à lui seul. Et avec la dislocation du groupe vient une multiplication des lieux particulièrement plaisante.

 

photoUn style et un découpage toujours plus affirmés

 

De l’Hotel Oblivion du titre, en passant par un désert rapidement irrigué de sang à un Tokyo fantasmatique, Gabriel Bá s’est surpassé. Les planches du dessinateur brésilien ont toujours brillé par leur art de la composition et de la perspective, mêlant la rigueur de la construction des comics classiques à la créativité d’un trait totalement décomplexé. Cet art, comme le sens de la narration de Way, trouve ici une vitesse de croisière et un nouveau niveau d’excellence.

Concernant l’intrigue, si elle semble initialement tout aussi éclatée que les tomes précédents, elle s’avère ici plus finement construite, grâce notamment à un soin dans l’agencement des références beaucoup plus maîtrisé. On pense ainsi à l’évolution de l’Hôtel Oblivion, mélange de Wes Anderson et de Kubrick, qui s’amuserait à alterner entre maison de poupée pour geeks et cauchemars de cinéphile. Enfin, ce run particulièrement jubilatoire a le bon goût de s’achever sur un acte aussi spectaculaire qu’euphorisant, et un cliffhanger qui laissera les fans à l’agonie, déjà en manque.

 

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