Test Marvel's Spider-Man 2 : 100% fan service mais est-ce suffisant ?

L’araignée n’aime pas la nouveauté

On peut faire le même reproche à plusieurs grosses franchises à succès de la PlayStation : elles ne prennent aucun risque. Considérons, par exemple, les suites récentes d’Horizon ou de God of War. Peu importe ce que l’on pense de la qualité de ces jeux, on ne peut pas dire qu’ils révolutionnent l’eau chaude ni ne s’éloignent du modèle de leur premier opus. 

C’est désormais connu que la plupart des blockbusters vidéoludiques jouent la prudence et se conforment à des standards parfois efficaces, mais souvent pénibles. Et PlayStation ne déroge pas à la règle, bien au contraire. La compagnie semble avoir très à cœur l’expression "on ne change pas une équipe qui gagne". Car à part quelques timides ajouts, leurs franchises ne réinventent que trop peu leurs mécaniques ou leur game design. Et c’est ce qui nous frappe le plus en premier lieu dans Spider-Man 2.

Après c’est vrai que c’est une équipe qui gagne à chaque fois

Le titre d’Insomniac vise plus grand, certes, mais ne frappe pas forcément plus fort. On a une carte plus vaste, un deuxième personnage principal avec lequel alterner et quelques nouveautés de-ci de-là. Mais est-ce que le jeu change fondamentalement ? Non, absolument pas. Dès les premières minutes de la campagne, on a le sentiment d’être l’exacte continuité du titre PS4 et de son spin-off. Les sensations sont les mêmes et la majorité du gameplay est identique.

Cela n’est pas un défaut dans la pratique. Le Spider-Man de 2018 est très bon et cette cohérence entre les deux titres ne joue a priori pas en sa défaveur. Elle devrait même fluidifier l’expérience de ceux qui découvriront la licence en les enchaînant à l’avenir. Mais cette approche soulève toutefois quelques questions de taille. Que peut-on attendre d’un jeu qui ne cherche pas à être meilleur ou différent ? Comment prendre du plaisir sur un gameplay que l’on ne découvre plus et qui nous surprend très peu ?

Seules les mécaniques du symbiote changent un peu notre routine au fur et à mesure du jeu

Spider meh ?

Pour être honnête, on a été très dubitatifs sur les premières heures de Spider-Man 2, tant le jeu ne s’écarte jamais de la voie tracée par son prédécesseur. Et malheureusement, même ses rares nouvelles mécaniques sont assez ratées (on lâche vite les delta-toiles au profit du déplacement classique, et le système de parade est une horreur). La carte agrandie ne change pas grand-chose à la sensation de liberté que l’on avait sur le premier jeu et la deuxième perspective de Miles Morales est un essai manqué.  

Avoir deux Spider-Man aurait pu être une belle occasion de diversifier le gameplay, mais une fois encore, Insomniac a (trop) joué la prudence. Bien que doté de quelques pouvoirs distincts, le personnage se bat et se déplace d’une manière exactement similaire à Peter Parker, ne parvenant pas à nous donner une expérience de jeu plus variée, qui aurait apporté tant de fraîcheur au jeu ! De facto, hormis quand on y est contraint par les quêtes secondaires, on ne pense jamais à alterner soi-même entre les deux Spider-Man, tant ils sont identiques sur le papier. Dommage.

Les combats de boss sont souvent un peu trop longs et pénibles

Du point de vue narratif, c’est un peu la même chose. Spider-Man 2 suit une structure en deux actes (un méchant principal par acte) qui avait fait ses preuves dans le titre précédent. On ne sera donc une fois de plus pas dépaysé puisque la gestion des bases d’ennemis et l’évolution de New York sont totalement recopiées sur le premier jeu – à tel point qu’on pourrait presque y soupçonner, au-delà de la prudence, une vilaine paresse dans l’élaboration du game design.

La quête principale bénéficie toutefois d’une exécution très solide et d’une mise en scène à la hauteur. Le jeu est souvent spectaculaire et on s’y attendait, mais ça reste un très bon point. La narration ne parviendra néanmoins jamais à atteindre les sommets du jeu précédent (ses dénouements dramatiques sont moins saisissants et quelques invraisemblances grossières l’affaiblissent), mais rien de grave. Car si Spider-Man 2 assure si bien l’installation de sa mythologie et ses intrigues pulps, qu’on lui pardonne facilement tout le reste. 

Le retour de Mister Negative est très réussi

LE FAN SERVICE QUI SAUVE (PRESQUE) TOUT

Si on a bien cru à un moment qu’on allait finir par s’ennuyer dans Spider-Man 2, Insomniac a finalement réussi à nous convaincre avec une méthode qui ne marche pas toujours. Le studio fait preuve d’une telle dévotion à honorer le matériel des comics, à lui donner vie avec ardeur et à s’amuser avec son potentiel, qu’on ne peut pas y être indifférent tout du long. Une fois la pilule du "jeu jumeau" avalée, le charme opère.

Et pour peu qu’on ait un peu d’affection pour l’univers de Spider-Man (ce qui est mon cas), l’émerveillement que procure le jeu ne cesse de monter en puissance. Les antagonistes de l’homme-araignée (les méchants de comics les plus passionnants qui soient) sont encore une fois très réussies. Quitte à ne peut-être jamais en voir une adaptation correcte au cinéma, on sera soulagé de voir un Kraven parfait dans son rôle de fou furieux de la chasse et de vieux lion mourant, mais redoutable. Et pour ce qui est de Venom ? 

Ce Scream là fait vraiment peur, pour le coup

Quitte à tout miser sur du fan-service (au détriment du reste), Insomniac n’y est pas allé de main morte. Une fois Venom arrivé, c’est le festival. La dimension "film d’horreur" de l’alien est totalement maîtrisée, et elle devient vite l’un des plus gros points forts de la campagne. Tout adorateur du monstre spatial se pâmera devant l’ambiance déliquescente du dernier tiers du jeu. Sans parler de la foire aux symbiotes (Scream, Carnage, Antivenom !) qui est un incroyable sans-faute, tant dans la façon dont ils sont intégrés à l’histoire que dans leurs apparences. 

Il faut aussi signaler la très honorable qualité du contenu secondaire du jeu qui complète organiquement la quête principale. Certaines quêtes permettent aux deux Spider-Man d’aider les citoyens new-yorkais à une échelle plus modeste. Un aspect crucial du personnage de Spidey, qui n’a heureusement pas été ignoré. On pense à la très touchante mission d’Howard et de ses pigeons ou celle du musée du Jazz. Enfin, on vous recommandera de ne surtout pas passer à côté de la quête de la Flamme qui est peut-être la meilleure surprise du jeu, tant elle est aussi richement écrite que surprenante. En somme, Insomniac a beau ne pas trop se fouler, le studio sait exactement ce qu’il fait. Et le fait bien. 

Test réalisé sur PS5. Marvel’s Spider-Man 2 est exclusivement disponible sur PS5