Battlefield 3

Simon Riaux | 7 novembre 2011
Simon Riaux | 7 novembre 2011

 

 

Il est enfin là. Le blockbuster d'Electronic Arts censé ébranler la suprématie absolue de Call of Duty. Pour l'occasion nous vous rédigeons un test complet à quatre mains après avoir retourné le jeu dans tous les sens sur toutes les plates-formes.


Simon Riaux décortique la campagne solo sur PS3 :

Après avoir bavé de longs mois devant l'avalanche de trailers tous plus excitants et explosifs les uns que les autres, le joueur attend avec fébrilité l'expérience guerrière qui entend concurrencer directement le panzer Modern Warfare 3. Si ce qui avait été dévoilé jusqu'à présent de la campagne solo de Battlefield 3 laissait présager une action immersive et diablement réaliste, on découvrira rapidement que Dice entend imiter son concurrent plutôt que de sen démarquer frontalement.

Tremblement de terre en pleine fusillade, attaque impromptue d'un chasseur, annihilation d'une rue parisienne, abordage d'une rame de métro, la bataille que vous mènerez fera la part belle à l'action explosive et débridée, mais jamais avec le même bonheur que la concurrence. En effet, ces séquences manquent cruellement de rythme, voire simplement de mise en scène, à l'image des QTE soporifiques qui viendront interrompre votre progression, quand elles sont sensées la dynamiser. Un aspect du jeu qui fait office de greffe mal digérée, comme le scénario en général.

 

 

 

L'histoire, qui empreinte beaucoup à Black Ops, à laquelle vous prenez part s'articule autour de l'interrogatoire de Blackburn, marine de son état, et soupçonné d'être partiellement responsable d'une vague d'attentat meurtrier. Le joueur sera donc invité à revivre les moments clefs de la campagne à laquelle notre brave soldat a survécu, et découvrir son implication dans la chute d'un obscur leader Iranien, puis la traque d'armes nucléaires subtilisées par l'un de ses lieutenants. Pour un jeu vantant son réalisme, on s'étonnera du peu de mise en contexte de la situation, qui, si elle convoque les évènements majeurs de ces derniers mois, les traite sans finesse aucune, voir en idéalisant une armée américaine toute puissante, drapée dans les oripeaux du bien absolu.

Certes, le jeu est beau, parfois véritablement impressionnant, mais sur console l'aliasing est omniprésent, et l'on est jamais à l'abri de tomber sur une texture bien baveuse, on sent que la bête a été conçue pour faire chauffer les PC. Le rendu est globalement satisfaisante, mais il doit beaucoup plus au moteur physique et aux destructions quasi illimitées qu'il permet, à une gestion de la lumière exemplaire ainsi qu'à une animation de très bonne facture, qu'à des graphismes un chouïa irréguliers.

On pardonnerait facilement ces imperfections, mais elles sont amplifiées par une série de défauts invraisemblables. Pour une production qui affichait clairement son ambition de faire table rase de la concurrence, on s'étonne d'être en permanence conditionné par des scripts stupides, si vous ne suivez pas le leader, vous mourrez au bout de quelques secondes : éjecté de la zone de combat, fauché par un tireur invisible, ou pris en tenaille par une escouade aux respawns infinis. Vos frères d'armes étant lancés sur des rails dont ils ne dévient jamais, on pestera soit devant leur absolue inefficacité, soit devant leur puissance dévastatrice (il n'est pas rare de pouvoir se planquer en attendant que les copains aient fait TOUT le boulot). Enfin, qu'ils soient paresseux ou zélés, vos adversaires vous réserveront toujours la primeur du plomb, et l'on enrage de se faire sniper au premier mouvement, quand les collègues bondissent tels des cabris pour sulfater de méchants russes.

 

 

 

Cette campagne solo est-elle donc un absolu ratage ? Elle a beau contenir des défauts embarrassants et indiscutables, elle tout de même de beaux restes. Paradoxalement, ce sont les niveaux les plus dirigistes et réalistes qui redonnent le sourire. Ainsi une petite ballade en char d'assaut ne vous offrira peut-être quasiment aucune liberté, mais un sentiment d'immersion et de réalisme rarement atteint. Il en ira de même pour la séquence en chasseur, peut-être très passive, mais dont la crédibilité est réellement impressionnante, et s'avère beaucoup plus marquante que les tentatives du soft de céder aux sirènes du spectaculaire. Difficile de ne pas frémir lors d'un saut en parachute dantesque, qui vous mènera en pleine forêt, à quelques kilomètres de la cache d'un trafiquant d'arme.

Il convient également de rendre hommage au travail du son, littéralement bluffant, qui confère à la moindre action un cachet indéniable. Cette immersion va parfois jusqu'à racheter des phases entières de gameplay, à l'image d'une séquence de snipe nocturne, objectivement d'une triste banalité, mais où chaque son (balles qui fusent, pneus qui crissent, corps qui s'écroule), confère à la mission une intensité inédite.

Cette campagne laisse donc un véritable goût d'inachevé dans la bouche, tant il paraît évident que plutôt que de cultiver la différence, les petits gars de Dice ont préféré jouer la carte de l'affrontement direct avec Modern Warfare 3. Un exercice périlleux, tant il est évident que l'adversaire maîtrise son sujet. On pestera d'autant plus en constatant que dès lors que le soft se démarque, il engrange les bons points, et parvient à nous faire rêver d'une véritable campagne réaliste, où notre action serait limitée non pas par les exigences d'une mise en scène hollywoodienne mal digérée, mais par la volonté de générer une véritable suspension d'incrédulité.

 

L'avis de Raphaël Carlier sur la campagne (sur Xbox 360) :

La grosse déception du jeu : une campagne maladroite qui préfère s'inspirer de la concurrence au lieu de revendiquer son identité. Au final la portion solo se situe entre le dernier Medal of Honor et Black Ops avec des QTE ennuyeux à mourir et des scripts bien maladroits. Reste un constat sans appel : la technique est monstrueuse. Graphiquement c'est bien la claque attendue avec des effets de lumière et de particule à tomber, des textures plus fines et un aliasing moins prononcé que sur la console de Sony et un moteur physique qui offre un degré de destruction hors norme. Le tout accompagné d'une bande son détonante et d'animations bluffantes de réalisme. C'est déjà ça. En revanche prévoyez de la place sur le disque dur puisqu'il est nécessaire d'installer du contenu sur 360 pour profiter de graphismes de pointe.

 

 

 

 

Raphaël décortique le multijoueur sur console :

Battlefield 3 devant succéder à son illustre ancêtre c'est bien la partie multijoueur qui nous intéresse. Mais avant de nous plonger dans des joutes épiques un petit mot sur le mode coopératif qui s'inspire de la réussite Spec Ops de Modern Warfare 2 et 3. Si quelques passages sont excellents (la mission à bord d'un hélico) certaines missions sont tout bonnement ratées. La difficulté est souvent excessive, la durée trop longue et le manque de DICE en matière de scripts plombent l'ensemble. Il manque surtout la possibilité de jouer à deux sur une même console, il faudra se contenter du online.

Le multijoueur reprend donc tout ce qui fit le succès de la série BattlefieldBad Company 1 et 2inclus. Les amateurs de frags pourront se jeter sur le Match à Mort et Match à Mort par Équipe, mais ce serait passer totalement à côté du cœur du jeu. Car le gameplay de Battlefield 3 prône définitivement le jeu en équipe, avec ses quatre classes spécifiques. La classe Assaut vous met dans la peau d'un Medic chargé de soigner et réanimer ses coéquipiers, la classe Ingénieurvous met dans la peau d'un soldat apte à réparer les (nombreux) véhicules et s'avère être redoutable contre les chars. Reste la classe Soutien surarmée qui ravitaille les troupes et la classe Éclaireur qui vous envoie, équipé d'un fusil sniper, derrière les lignes ennemis pour marquer les cibles adverses et poser des balises de réapparition. De bons moyens de gagner des points pour débloquer de l'équipement et de l'armement les joueurs étant de vrais vétérans. Difficile pour les débutants de se faire une place au soleil !

 

 

 

Les meilleurs modes pour profiter du teamplay ? Ruée et Conquête. Le premier initié avec la série Bad Company oppose les défenseurs et les attaquants. Ces derniers doivent faire sauter différents objectifs. En cas de succès la ligne front se déplace ouvrant davantage le champ de bataille. Le mode Conquête qui fit les beaux jours de la série oppose deux camps chargés de contrôler le plus de points stratégiques possibles en annihilant l'adversaire. Les cartes sont immenses et il est possible de conduire des jeeps, des tanks, des hélicos et des avions de chasses !

Déjà impressionnant en solo, le jeu est aussi sublime en multijoueur. L'intérêt étant de proposer une immersion hallucinante sur un champ de bataille dynamique, ravagé par les explosions. Seul regret, le faible nombre de cartes. Seulement neuf décors différents, mais ça reste suffisant pour s'éclater de nombreuses heures. Battlefield 3 assume pleinement son identité et sa différence en multijoueur avec son concurrent direct.

 

L'avis de Simon sur le multijoueur :

Indiscutablement le coeur de Battlefield 3. Ce dernier a trop souvent été caractérisé de multi élitiste, où ne s'éclateraient que les joueurs organisés, pros de la coopération et autres accros du casque, mais les possibilités offertes par le jeu vont bien au-delà. La multiplicité de ses modes de jeu, les diverses options qui s'offrent aux combattants (à pied, au front, à distance, en char, en jeep, en avion ou hélicoptère) font que même si la notion d'escouade demeure importante, tout type de joueur peut trouver ici son bonheur. On se félicitera également que le jeu offre un système de progression qui oblige chacun à penser l'évolution de sa stratégie, et à se spécialiser dans certains domaines. L'ensemble en devient presque instantanément addictif, même s'il on aurait aimé avoir sous la main un mode d'emploi ou un tutoriel pensé pour nous familiariser rapidement avec les immenses possibilités offertes, plutôt que tout devoir découvrir par nous-même.

 

La version PC :

Ce n'est pas un scoop, Battlefield 3 sur PC est une autre expérience de jeu. Réussite technique du niveau d'un Crysis, Battlefield tourne parfaitement sur une configuration moyenne et affiche des graphismes hallucinants de finesse en 1080p (pour rappel les jeux consoles ne sont jamais en résolution Full HD). En multijoueur le potentiel du jeu explose puisque le nombre de participants passe de 24 joueurs sur consoles à 64 sur cette version... Les parties en modes Ruée et Conquête sont dantesques. Une réussite incontestable qui nous ferait presque oublier le lancement catastrophique sur Origin, la plate-forme online d'Electronic Arts.

 

Conclusion :

On pourrait tomber bêtement sur le râble de ce Battlefield en stigmatisant ses défauts. Si ces derniers sont indiscutables, force est d'admettre qu'une fois le pad ou le clavier en main, ils ne pèsent plus très lourd face aux fantastiques qualités du titre. Si la perspective d'un multijoueur aux possibilités quasi-infinies, d'une richesse inégalée, immédiatement addictif vous fait saliver, alors n'hésitez pas, la plus ébourriffante expérience guerrière qui soit vous tend les bras.

 

 

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