Preview Elden Ring : FromSoftware à deux doigts du chef-d'oeuvre absolu ?

Avec Elden Ring, FromSoftware fait sa mutation en transformant la formule Souls en monde ouvert. Après une nouvelle session manette en main, nos impressions.

À quelques semaines de la sortie d'Elden Ring, nous avons pu mettre la main sur une version quasi définitive du titre de FromSoftware. Alors que certains esthètes de la formule SoulsBorne estiment déjà que le jeu sera le Graal longtemps attendu, et que d'autres crient déjà au scandale d'un soi-disant culte de la difficulté, le titre de FromSoft déchaine déjà les passions. 

Hidetaka Miyazaki présente son dernier titre comme l'aboutissement de plus d'une décennie à penser et repenser ce que doit être l'action-RPG. Son dernier titre bouscule les codes des précédents Dark Souls, en ouvrant la structure même de ces jeux pour offrir aux joueurs un monde ouvert inédit dans l'histoire du studio.

Après une approche sur une version bêta, il ne faisait aucun doute que le titre allait être le plus ambitieux jamais réalisé par FS. Cette expérience avait mis en lumière le souhait d'ouverture à un plus grand public. Cette nouvelle plongée dans les terres d'Elden Ring a permis d'aller bien plus loin dans l'exploration de ce dangereux et fascinant royaume. Le soft a-t-il vraiment les épaules assez solides pour devenir le meilleur des SoulsBorne ? Preview garantie sans spoilers.

Les bras m'en tombent

Elden of the wild

Premier constat qui saute aux yeux dans cette version presque complète, le titre a subi un upgrade graphique indéniable. Les textures sont plus fines, la distance d'affichage plus lointaine, et les animations sont bien plus soignées, tant en ce qui concerne l'avatar du joueur que des forces ennemies. L'IA a reçu une belle amélioration, ce qui rend les ennemis toujours plus crédibles et dangereux. Un ensemble de micro-détails a été ajouté afin que le monde ouvert d'Elden Ring regorge plus que jamais de vie. 

Outre le fait que des créatures belliqueuses errent sur ces landes, et que des soldats font leur ronde et vivent leurs vies (leurs morts ?), les paysages d'extérieur vivent grâce à une faune sauvage fournie, au vent dans les arbres, et à la présence d'une flore dense. Non seulement le monde est plus vivant que jamais, mais il est bien plus vaste que ce qu'on pouvait imaginer. 

Aller partout où le regard nous guide

Les landes de Limgraves (Nécrolimbes dans la VF) parcourues dans la bêta ne représentent qu'une infime partie de l'expérience que propose le titre. La carte est tout bonnement immense, et ces territoires réservent des tonnes de surprises et rencontres, pour la plupart dangereuses, mais pas seulement. À ce titre, soulignons que le bestiaire est d'une richesse folle, chaque lande possédant ses propres créatures au design dérangeant.

La level-design élaboré en grande partie sur la verticalité, grande spécialité de FromSoftware, est ici appliqué à un monde tout entier. Canyons escarpés, grandes plaines verdoyantes aux vestiges d'une architecture cyclopéenne, et rivages balayés par la mer, tous ces paysages invitent à l'exploration et à la découverte. Les développeurs n'ont pas cédé aux sirènes de l'Ubisoftisation du monde, mais ont privilégié le fait que ce soit au joueur de tout découvrir. Inutile donc de s'attendre à une carte chargée d'icônes, et c'est tant mieux. 

"Un jour tout ceci sera à toi"

La sensation de grandeur qui submergeait parfois les joueurs des Souls lorsqu'au sommet d'une tour, ils pouvaient enfin observer la grandeur du monde à parcourir, avec des plaines et des villages en contrebas, est ici quasi-permanente. La distance d'affichage y est pour beaucoup, et le travail de titan accompli sur la conception de ces terres est incroyable. Partout où le regard se pose, l'impression d'avoir quelque chose de nouveau à découvrir vient à l'esprit. 

Que ceux qui craignaient que le savoir-faire des artistes de FromSoftware soit dilué dans cet open-world se rassurent. Elden Ring réserve de grandes heures d'exploration dans des citadelles issues de la plus pure tradition des Souls et BloodBorne. Le château Stormveil (Voilorage), situé par delà le terrible Margit, est un trésor d'inventivité et de level design, bourré de pièges mortels qui nécessitent une attention de tous les instants. 

Stormveil (Voilorage), le château-donjon 

Plus versatile, pas plus facile

Pour la première fois dans les Souls (Sekiro mis à part) l'avatar peut sauter, et les développeurs ont joué avec cette capacité pour réserver quelques passages de plateformes particulièrement stressants, mais aussi pour varier les approches de combats. Cette capacité peut sembler banale, mais pousse à repenser l'approche de certains affrontements, surtout avec des personnages portés sur la rapidité et la furtivité. 

Pour s'adapter à ce monde ouvert qui propose des situations bien plus variées que ses aînés, il était évident que les avatars des SoulsBorne devaient changer. FromSoft n'a pas pour autant sacrifié sa façon de concevoir son approche du monde par l'avatar. La version définitive d'Elden Ring proposera 10 classes de départ pour les personnages jouables (seules 2 classes de la bêta sont toujours là) qui sont autant d'archétypes d'avatar, et donc de modalités d'approches différentes pour parcourir le monde et faire face à ses dangers.

2 secondes avant l'impact

Vagabond, Hero, Warrior... Que les envies se tournent vers un adepte de la furtivité, un chevalier en armure, ou encore un moine guerrier, les classes de départ offrent des bases de travail simples et efficaces qui permettront aux joueurs de concevoir l'avatar idéal correspondant à leur manière de penser et d'appréhender le jeu. Mention spéciale au Prisoner, dont le design rappelle l'homme au masque de fer, et Griffith de Berserk, emprisonné avec son casque de Faucon (connaissant l'amour de Miyazaki pour le travail de feu Miura, cela n'a rien d'une coïncidence).

Et c'est là un point important : les archétypes sont des bases de travail, des tables rases livrées aux expérimentations des gamers. Jamais les studios FromSoftware n'avaient offert tant de possibilités d'évolution aux joueurs. Les classes sont versatiles, et il est assez simple de débuter comme mage, puis d'embrasser la voie des chevaliers, ou à contrario, d'être soldat en armure, puis de choisir de devenir un assassin furtif maniant des doubles lames. 

Il y en aura pour tous les goûts

Le but du studio est de permettre à chaque joueur de vivre une aventure unique, et d'adapter son besoin d'exigence à sa connaissance du jeu, et des SoulsBorne en général. Elden Ring reste une production FromSoftware et oui, le jeu est exigeant, très exigeant même. Mais le studio, pour s'ouvrir à un nouveau public a mis de nombreuses armes à disposition des nouveaux joueurs.

Les armes peuvent être équipées de techniques particulières, inspirées des Weapon Arts de Dark Souls 3, qui peuvent renverser le cours d'un affrontement. Des esprits peuvent être invoqués, venant seconder le joueur solitaire sur le champ de bataille ou contre un boss, et il est possible de tirer parti de l'environnement (de sa verticalité en particulier) pour prendre le dessus sur un ennemi par une attaque furtive (et on dit merci Sekiro).

Tout cela ne vient pas rendre le jeu plus facile, mais permettra aux novices de s'appuyer sur ces ressorts pour progresser plus facilement, alors que les vieux roublards des SoulsBorne iront se frotter aux forces ennemies uniquement armés de leur épée à deux mains afin de découvrir les secrets du lore d'Elden Ring. 

Les portails ne mènent pas toujours là où on le souhaite...

We're the knights of the round table 

La découverte d'une version quasi définitive du titre de FromSoftware a également été l'occasion de découvrir plus avant le lore du jeu. Et celui-ci est d'une richesse folle. Si l'influence de George R.R. Martin semblait mineure jusqu'à présent, de nombreux éléments montrent que ce dernier a laissé un héritage important.

De nombreux clins d'oeil au mythe arthurien parsèment le jeu, de la description de certains objets jusqu'à une forteresse/hub (une tradition de FromSoft) baptisée The Roundtable Hold, dont la table centrale criblée d'épées restera dans la légende à n'en pas douter. 

La galerie de personnages semble bien plus variée que ce que FromSoftware a eu l'habitude de produire. Les protagonistes aux interventions cryptiques sont toujours de la partie, mais certains sont bien plus ouverts que ce à quoi sont habitués les routards des SoulsBorne. FromSoft a réservé des surprises aux connaisseurs des jeux de la saga, avec des allusions à certains événements ou éléments issus d'autres titres du studio. 

Valérie Damidot est passée par là

En s'appuyant sur le mythe des chevaliers de la Table Ronde (entre autres, le lore va bien plus loin que cela), sur des personnages plus loquaces et sur des indications plus limpides concernant le scénario, les équipes d'Hidetaka Miyazaki ont clairement souhaité rendre leur soft plus accueillant pour les nouveaux venus. Les habitués seront heureux d'apprendre que l'écriture du studio n'a pas perdu en qualité et que certains dialogues restent immédiatement ancrés dans les mémoires. La mystérieuse Snow Witch fera chavirer des coeurs...

L'univers du jeu, comme toujours chez FromSoftware, s'enrichit au fil de la progression du joueur. À ce titre, certaines zones du jeu sont tout bonnement incroyables de richesses tant visuelles que narratives. Au détour d'un simple coffre qui s'avéra piégé, nous avons été catapultés à l'autre bout de la map du jeu, et avons découvert des marais empoisonnés, puis la cité des mages où perdurent les esprits de sorciers par delà la mort. 

Sauter ou ne pas sauter ?

Deux zones imprégnées de mystère, dont l'histoire se dévoile par touche, et montre le savoir-faire du studio en matière de narration environnementale. Chaque pierre, chaque mur, chaque bâtisse et chaque monstre affronté dévoile un morceau d'une histoire globale dantesque et tragique. 

Avec Elden Ring, FromSoftware est bien parti pour être la somme parfaite de plus de dix ans d'expérience en matière d'action-RPG. Le scénario conserve encore de nombreuses zones d'ombres, et les fameux Legacy Dungeons, promis comme proposant un challenge très relevé, restent encore à découvrir. De même, les possibilités d'évolution des avatars à haut niveau sont encore inconnues. 

Des rencontres toujours aussi mystérieuses

Ceci dit, la version quasi définitive qu'il nous a été donné de parcourir nous a convaincus de l'immense potentiel d'Elden Ring. Ambitieux, bénéficiant d'une direction artistique splendide, plus accessible et pourtant sans concession, le titre semble être au-delà des attentes des joueurs.  

Il faudra s'armer encore d'un peu de patience pour pouvoir mettre les mains sur la bête, attendue pour le 25 février 2022 sur PC, Xbox One et Series, et PS4/PS5.