The Matrix Awakens : la claque next-gen de l'année est une démo (et ça doit réveiller l'industrie)

Annoncé en grande pompe aux Game Awards, The Matrix Awakens est sorti sur Xbox Series et PS5. Et le résultat est tout bonnement incroyable !

Durant les Game Awards, le nouveau volet de la saga Matrix, intitulé Resurrections, a rappelé la force de son univers virtuel avec la bande-annonce de The Matrix Awakens, une démo technique d'ores et déjà disponible sur Xbox Series X/S et PS5, et censée accompagnée la sortie du nouvel opus au cinéma.

La particularité de cette proposition marketing excitante, c'est qu'elle a été réalisée grâce à l'Unreal Engine 5, la nouvelle version du moteur graphique d'Epic Games, encore à l'état de bêta. Si certains blockbusters vidéoludiques commencent à travailler avec cet upgrade, elle semble malgré tout encore trop absente, alors même que la création d'Epic s'impose comme le standard technologique de la génération qu'elle accompagne.

Or, en plus d'être totalement en accord avec l'univers de Matrix, et son monde virtuel presque plus réel que le réel, les prouesses de l'Unreal Engine 5 sont parfaitement exploitées par la petite équipe de The Coalition, le studio créé par Microsoft. Au terme d'une introduction bluffante, où les développeurs se sont amusés à reproduire en temps réel la séquence du réveil de Neo issue du premier film (pour un résultat indétectable, comme on peut le voir ci-dessous), on voit ensuite Keanu Reeves et Carrie-Anne Moss questionner la notion de réalité, tandis que leurs avatars numériques nous entraînent dans la Matrice.

The Matrix Movie VS The Matrix Awakens(In-game PS5 shot)#TheMatrixAwakens #PS5 #UnrealEngine5 pic.twitter.com/QoYq1zWIN5

— Rohit Upadhyay (@yoyorohit07) December 10, 2021

Non seulement The Matrix Awakens démontre le potentiel dans l'évolution du rendu des visages numériques, mais il s'impose en quelques minutes comme la claque technique de l'année. Nous plongeant au cœur d'une course-poursuite avec des agents, cette séquence d'action impressionne par ses textures, son niveau de détails (les reflets sur les capots de voitures) et sa physique sublimée par les carambolages à la chaîne que le joueur provoque. Certes, le gameplay répond ici au minimum syndical du rail-shooter, mais qu'importe, puisque le futur s'écrit sous nos yeux ébahis.

Mais ce n'est pas tout, puisque la démo nous lâche ensuite dans le monde ouvert qu'elle est parvenue à façonner. S'étalant sur une surface de 15 km², l'ensemble est habité par 35 000 piétons, 7 000 immeubles et 38 146 voitures qu'il est possible de conduire. Une prouesse dans laquelle on ne peut qu'aimer se perdre, surtout qu'il est possible de changer diverses options, ou d'observer le fonctionnement de certaines features de l'UE 5.

Mieux que la poursuite de Matrix Reloaded ?

À ce titre, il est d'ailleurs important de parler de Nanite, une technologie qui permet la géométrie virtualisée des micro-polygones. En bref, il est maintenant possible pour les créateurs d'implémenter dans Unreal Engine les créations les plus complexes, dont le logiciel saura sublimer le détail géométrique en s'adaptant à la position du joueur et de la caméra.

Après des heures à ausculter les détails fous de cette matrice, il va sans dire que The Matrix Awakens dépasse clairement son simple statut de démo gratuite, au point de s'imposer comme l'une des expériences vidéoludiques les plus importantes de 2021. En réalité, cette assertion reflète la tristesse d'une année de jeu vidéo qui a peiné à nous emporter dans la next-gen. Certes, la Covid n'a sur ce point pas aidé, mais il est tout de même indéniable que l'industrie n'a pas encore su trouver le titre justifiant à lui seul l'achat d'une Xbox Series X ou d'une PS5.

Carrie Fisher et Peter Cushing

D'aucuns diraient que les graphismes ne font pas tout (et c'est vrai), mais l'essor technologique du dixième art est toujours intrinsèquement lié aux possibilités du gameplay et du récit. The Matrix Awakens profite d'ailleurs de son impressionnant résultat pour s'offrir un propos ouvertement meta sur le multimédia, et même sa dimension d'objet marketing.

Et en voyant ce Keanu Reeves parfaitement modélisé en 3D, on ne peut s'empêcher de penser à Cyberpunk 2077. Si Matrix est devenu l'une des références majeures du sous-genre de la science-fiction qui donne son titre au jeu de CD Projekt, le studio derrière The Witcher 3 a clairement cherché à jouer de cet héritage en allant implémenter son acteur principal dans son univers. Pourtant, Cyberpunk 2077 a manqué sa cible, la faute à un monde ouvert perclus de défauts de conception, et dont l'ambition a été souillée par une technologie vieillissante.

Difficile de revenir sur Watch Dogs Legion après ça...

Coincé dans une cross-gen qui ne fait que trop durer, le jeu vidéo souffre d'une stagnation, qui empêche les AAA du futur de nous faire rêver. Là où la transition entre God of War 2 sur PS2 et God of War 3 sur PS3 était pleinement perceptible, difficile de se montrer aussi emballé face à God of War : Ragnarök, qui s'assume comme un ersatz de l'opus de 2018.

Au moins, on pourra espérer que The Matrix Awakens réveille quelque peu une industrie bien trop reposée sur ses lauriers. De la même façon, on espère que les nouvelles aventures de Néo et Trinity au cinéma sauront bouleverser le champ du blockbuster contemporain, comme la première trilogie en son temps. Il n'y a pas à dire, l'univers des Wachowski est toujours aussi visionnaire...