Batman, Resident Evil... 10 portages ratés sur PC qui ont tué des jeux vidéo

La Rédaction | 20 janvier 2022
La Rédaction | 20 janvier 2022

Si les portages PC peuvent souvent améliorer un jeu, ils rendent parfois l'expérience horrible, voire injouable. Retour sur 10 catastrophes industrielles.

Même si les consoles de jeux continuent de s'imposer auprès de nombreux types de gamers, le PC est loin d'avoir à rougir. Depuis le succès de Steam, des ludothèques en apparence sans fin s'ouvrent au plus grand nombre. Ce n'est donc pas un hasard si Xbox a directement connecté en une seule plateforme ses jeux pour consoles et PC, tandis que Sony a décidé de transposer certaines de ses exclusivités, afin que ces dernières atteignent de nouveaux adeptes.

Pour autant, les portages PC sont loin d'être chose aisée. Souvent confiées à des équipes externes, il arrive que ces versions soient mal optimisées. Problèmes au lancement, manque d'options de réglages, bugs en pagaille et emploi raté du clavier/souris, il s'agit bien souvent d'une roulette russe pour les joueurs, autant sur des jeux modestes que sur d'immenses AAA.

C'est pourquoi la rédaction d'Ecran Large a décidé de se remémorer de mauvais souvenirs en sélectionnant dix portages atroces, accidents industriels incompréhensibles qui ont terni la réputation de jeux au demeurant excellents. Il est l'heure de réveiller certains traumatismes !

 

Resident Evil 4 : Bug PC 2Rien de tel qu'une balade en dehors des limites du jeu

 

Batman : Arkham Knight

S'il appartient à une saga aussi géniale qu'importante, Batman : Arkham Knight a quelque peu déçu lors de sa sortie. Non pas que la dernière aventure du Chevalier Noir ne soit pas réussie, mais elle a peiné à retrouver le brio des deux premiers opus.

Mais tout cela est finalement bien peu comparé au lancement catastrophique du titre sur PC, qui a amené les joueurs à subir d'énormes crashs, ou des bugs brisant l'immersion de l'ensemble. Rocksteady a immédiatement confié que cette version n'a pas été de son ressort, et que Warner Bros. Games a eu l'idée bien nulle de confier ce portage au studio Iron Galaxy, toute petite structure alors tenue par une douzaine d'employés.

Résultat, en plus de nombreux glitchs, le AAA si attendu s'est révélé tout simplement injouable pour les configurations les plus modestes. Un souci d'optimisation inacceptable pour un jeu de cette trempe, qui a d'ailleurs valu une énorme vague de remboursements, et un renvoi temporaire de Steam. Aujourd'hui, Batman : Arkham Knight est à peu près jouable sur PC, mais ce raté lui reste encore collé à la peau, et symbolise à lui seul le je-m'en-foutisme de certains portages PC, y compris pour les gros titres du moment.

 

Batman : Arkham Knight : photoBatman, capable d'enquêter jusque dans les dessous de Gotham

 

Saints Row 2

Le champion catégorie poids lourd du portage raté, c'est clairement Saints Row 2, et là encore, son développeur Volition n'a rien à voir avec. À vrai dire, il est encore plus amusant aujourd'hui de savoir que cette infamie a été réalisée par CD Projekt Localisation Team, une branche de la société responsable de Cyberpunk 2077.

Ce qui fait de ce GTA-like un échec ahurissant sur PC, c'est l'approche de sa transposition. Pensé à l'origine pour la Xbox 360, Saints Row 2 a été développé avec une vitesse d'horloge du processeur bien précise, à savoir de 3,2 Ghz. Or, cette dernière a été conservée telle quelle pour les ordinateurs.

Ainsi, plus les joueurs PC s'éloignaient de cette vitesse précise, en étant soit plus lent ou plus rapide, et plus les performances du jeu devenaient horribles, accumulant ralentissements et de très nombreux glitchs. En bref, en ayant une machine supérieure au matériel d'une Xbox 360, on pouvait tout simplement se retrouver puni par Saints Row 2. Génial !

 

Saints Row 2 : photoActors Studio : je suis une flaque d'eau

 

Dark Souls 

Lors de sa sortie en 2011, Dark Souls a fait sensation, entraînant dans son univers mystérieux et violent les possesseurs de Xbox 360 et PlayStation 3, tout en provoquant la jalousie immodérée des joueurs PC. Écoutant les doléances des PCistes, et le cri de leurs portefeuilles, FromSoftware a porté le titre sur Windows dans une version sous-titrée "Prepare To Die".

Mais si on a pu imaginer une allusion au fait que l'on meurt beaucoup dans le jeu, personne ne se doutait que cela pouvait aussi s'appliquer à la qualité du portage. Une version mortelle dans tous les sens du terme : les contrôles du jeu, calqués sur la version Xbox 360, se sont révélés d'une non-réactivité complète, et le combo clavier-souris à la limite de l'injouable. Aggravant la situation, FromSoftware a fait le choix d'utiliser le DRM de Windows Live, un système de protection des données destiné à protéger les jeux du piratage, mais qui a entravé le bon fonctionnement du titre. Parmi les torrents de bugs et glitchs provoqués par le logiciel, il y a eu le légendaire 'invisible environment bug", qui fait disparaitre le sol. Pratique quand on se promène sur un pont large comme un bras.

Et cerise avariée sur le gâteau chocolat-moules-anchois : Dark Souls a été limité à 30 fps et à 720p, alors que les joueurs PC ont attendu de la full HD et une fluidité à toute épreuve. Les équipes de FromSoft ont fait rapidement leur mea culpa, en publiant de nombreux correctifs, qui n'ont eu que l'effet d'un sparadrap sur une jambe de bois. Heureusement, les modders ont pris la relève et ont fini par rendre le jeu jouable. Une honte.

 

Dark Souls : photoCette nappe blanche est censée être du brouillard, autant jouer les yeux fermés

 

Mega Man 

À sa sortie en 1987 sur la NES japonaise, Mega Man est devenu quasi instantanément l'icône de Capcom et l'une des plus belles vitrines technologiques de la console de salon de Nintendo. Il aura fallu deux ans d'attente pour le jeu débarque en Europe, et une année de plus pour une arrivée sur PC. 

Les mots manquent pour qualifier un tel portage. Impossible de savoir que l'on joue à une version officielle de Mega Man sans avoir la disquette entre les mains. Le soft est si laid et mal animé qu'il est difficile de croire qu'il a été réalisé par un véritable développeur, et non pas pas un ado qui s'ennuyait en cours avec un PC et Paint sous la main. Le titre a été clairement amputé de la majorité de son contenu, avec seulement trois boss inclus dans le jeu au lieu de six dans sa version NES. Quant aux musiques, elles ont été tout simplement effacées de cette version.

Cette version catastrophique s'explique par le fait qu'à l'époque, elle tournait sous DOS (l'ancêtre de Windows) et que les consoles étaient alors des machines de guerre en comparaison de la majorité des PC. Malgré cet état de fait, cela n'a pas empêché Capcom de récidiver deux ans plus tard, en portant Street Fighter 2 sur DOS dans une version qui donne un nouveau sens au terme "injouable". Essayez de faire un Hadoken uniquement au clavier et vous ouvrirez les portes de l'Enfer façon Hellraiser vidéoludique.  

 

Mega Man : PCMega Man version Paint 

 

Resident Evil 4 

Rien de tel que de multiplier les étapes de transition entre un jeu console et une itération PC pour se garantir un véritable fiasco. Resident Evil 4 en est la preuve. Développée par les tiers de SourceNext (déjà responsable du pitoyable portage PC de Resident Evil 2), la version Windows du jeu a été conçue à partir de la version PlayStation 2, elle-même adaptation de la version GameCube. Le jeu a payé les pots cassés de cette déperdition de qualité, telle la photocopie d'une photocopie.

Ce syndrome a eu pour conséquence de produire un jeu d'une laideur sans pareille, aux textures floues, et aux effets de lumière aussi baveux que la gueule d'un Licker. Mais la vraie mauvaise idée de ce portage reste l'absence de prise en charge des contrôles à la souris. Pour diriger Léon Kennedy dans cet enfer, il fallait se contenter de contrôle au clavier, ou passer par des logiciels plus ou moins légaux pour prendre en charge la souris en jeu.

Comme si cela n'était pas suffisant, RE4 a souffert d'une instabilité logicielle à rendre fou n'importe quel moine bouddhiste. Celle-ci provoquait la disparition de certains assets, rendant les poursuites hilarantes, et pouvant jeter Léon hors des limites graphiques du jeu. Mais surtout, elle provoquait des crashs intempestifs qui surgissaient au milieu des cinématiques. Le jeu affichait alors un splendide "game.exe a rencontré un problème et doit fermer" qui au passage corrompait les sauvegardes. Joie. 

Capcom a fini par revoir sa copie, et a produit un jeu enfin propre et jouable avec la Resident Evil 4 Ultimate HD Editioen 2014, soit sept ans après l'horrible première version PC, et neuf ans après la version GameCube. Mieux vaut tard que jamais.

 

Resident Evil 4 : bug PCLes aventures de Léon et de son jet-ski invisible

 

Assassin's Creed : Unity

Avec le temps, Ubisoft est un peu devenu le spécialiste des jeux décevants à leur lancement, surtout lorsque les joueurs n'ont eu que leurs yeux pour pleurer en constatant le downgrade graphique d'un énième open-world pourtant magnifique lors de sa présentation à l'E3. Mais c'est en 2014 que l'éditeur a particulièrement brillé par sa médiocrité. Aux côtés d'un Watch Dogs déjà bien vilain sur PC, Assassin's Creed : Unity a eu droit à un portage bien bâclé. Un peu comme pour Arkham Knight, l'idée peut paraître assez aberrante au vu de la popularité de la franchise. Pourtant, entre une distance d'affichage laborieuse, et un lag monstrueux dans les zones un tant soit peu peuplées, cet épisode s'est révélé particulièrement indécent.

La mauvaise foi de certains pourrait lier ce portage chaotique au contexte trouble de la Révolution française qu'il investit, mais cela n'excuse qu'à moitié le fait que les personnages puissent régulièrement perdre leur tête. Et on ne parle pas ici d'une décapitation en bonne et due forme, mais d'une disparition du crâne, pour seulement laisser la douce vision d'horreur d'yeux et de bouches flottant dans le vide.

Même avec les meilleures cartes graphiques du moment, Unity a pu tourner piètrement sur de nombreuses machines. Et si Ubisoft a depuis corrigé la plupart de ces problèmes avec des patchs, il n'empêche que ce genre de catastrophe continue de faire de l'éditeur l'une des sociétés de l'industrie les moins bien perçues lorsqu'il s'agit de portages.

 

Assassin's Creed: Unity : photoLes yeux sans visage

 

Bully - Canis canem edit

Grand Theft Auto dans une école privée pour ados en Nouvelle-Angleterre, telle est la substantifique moelle de Canis Canem Edit, alias Bully dans sa version américaine. Jeu emblématique de l'ère PlayStation 2, le jeu a été adapté sur Wii et Xbox 360 puis sur PC en octobre 2008, dans une édition renommée Bully : Scholarship Edition pour l'occasion. Malheureusement, cette version est l'archétype même du jeu génial totalement ruiné par une adaptation plus que médiocre. L'écart de qualité entre la version PS2 et PC est telle que le titre en est devenu méconnaissable. Malgré l'ajout de quelques missions supplémentaires, et de personnages inédits pour cette version Scholarship, rien n'a pu sauver ce naufrage.

Le jeu réalise le kamoulox de tout ce qu'il ne fallait pas faire pour un portage PC de l'époque : framerate bloqué à 30 fps, impossibilité de profiter de la HD, et une avalanche de bugs graphiques, allant de la disparition des éléments du HUD (barre de vie, carte, etc.) à la suppression pure et simple des textures environnantes. Et quitte à faire les choses à moitié, les contrôles étaient ingérables, avec un mapping des touches affolant (coincé en QWERTY même pour les claviers AZERTY, et sans prise en charge de la souris).

La plupart de ces problèmes seraient dus au fait que la version PS2 du jeu a été développée sur le moteur graphique Renderware (utilisé sur Grand Theft Auto 3). Mais pour les autres supports, les équipes de Rockstar ont utilisé le moteur 3D Gamebryo (moteur de Fallout 3), qu'elles ne maitrisaient absolument pas. Pourquoi un tel changement ? La légende ne le dit pas, mais sans doute était-ce pour faire des essais pour de futurs jeux. Essais qui ne mèneront nulle part.

 

Canis Canem Edit : photoAfficher le décor, c'est très surfait

 

Metal Gear Solid 2

Bien avant que Sony s'amuse à adapter God of War ou la saga Uncharted sur PC, quelques classiques de la PlayStation 2 sont passés à la casserole... et rarement pour le meilleur.

Dans le domaine, il faut néanmoins s'attarder sur Metal Gear Solid 2. Le classique d'Hideo Kojima a eu droit à un portage particulièrement chaotique, intitulé Substance. Quelle que soit la configuration sur laquelle le jeu a pu tourner, il était tout aussi possible d'avoir une expérience fluide ou un gros tas de problèmes. Crashs intempestifs, textures clignotantes, effets manquants ou encore gestion de l'audio dégueulasse, MGS 2 est l'exemple même du chef-d'œuvre bazardé n'importe comment sur un nouveau support. Et ce n'est pas ses quelques mini-missions inédites qui ont changé la donne.

Mais le meilleur, c'est le fait que les développeurs de ce portage ont oublié que certains moments précis du jeu dépendaient de la sensibilité de la pression des gâchettes de la DualShock. Une action totalement impossible au clavier-souris, et dont l'absence de considération a fini de rendre le titre injouable sur PC. Heureusement, les communautés de modders ont au final réparé le jeu. Mais le mal était fait.

 

Metal Gear Solid 2 : Sons of Liberty : photoYolo

 

NieR : Automata 

Le créateur de NieR : Automata a l'habitude de dire qu'il conçoit des"des jeux bizarres pour des gens bizarres". C'est pourquoi, au départ, les joueurs PC ont imaginé que le gameplay bancal de leur version était voulu et non pas le résultat d'un portage Windows totalement raté. Mais quand des joueurs des versions consoles ont commencé à mettre la main sur ce NieR : Automata, l'effet a été celui d'une bombe. Le jeu a fait l'objet d'un review bombing organisé (des vagues de mauvaises notes et d'appréciations négatives) sur Steam, destiné à faire réagir Square Enix quant à la qualité catastrophique de son jeu sur PC.

Entre des écrans blancs intempestifs, des crashs de jeu, des sauvegardes corrompues, et l'incompatibilité de certaines manettes sans que l'on comprenne pourquoi, le jeu avait clairement fait l'objet d'un portage à la va-vite. Pourtant le jeu est parvenu à se vendre à plus de 800 000 exemplaires PC dès sa première année d'exploitation en 2017.

Ce n'est qu'en 2018, quand le jeu a été déployé sur Xbox One qu'il est devenu jouable de manière correcte pour les joueurs PC. Mais pour en profiter, mieux valait éviter la version Steam, et plutôt le découvrir sur PC via le Xbox Game Pass... Plusieurs patchs ont été déployés par Square Enix pour recoller les morceaux, mais ce n'est que lors du dernier déploiement en juillet 2021 (!) que le titre est enfin devenu jouable sans saigner des yeux. Un véritable gâchis pour ce RPG polymorphe absolument exceptionnel sur console.

 

Nier Automata : bug PC 2Ce vide est voulu (c'est faux)

 

Spider-Man 2

Jusque-là, on a surtout évoqué des jeux consoles mal adaptés sur PC. Mais Spider-Man 2 est une tout autre bête. Si la plupart des gamers se souviennent d'un jeu d'action-aventure virevoltant proposant, bien avant le titre PS4 d'Insomniac Games, un swing en toile convaincant, les joueurs PC ont plutôt le souvenir... d'un mauvais point and click.

En effet, Spider-Man 2 appartient à cette belle époque où les éditeurs comme Activision pouvaient sortir plusieurs jeux totalement différents sous une même bannière. La version pour ordinateurs a donc été pensée pour être plus accessible aux enfants, permettant que les diverses interactions de l'homme-araignée avec son environnement se fassent d'un simple clic de la souris. On a connu gameplay plus palpitant...

 

Spider-Man 2 : photoCliquer une fois pour faire des trucs cools

 

Le véritable problème, c'est que ces choix de design discutables n'ont jamais été assumés par Activision, qui s'est volontairement montré ambigu quant à la nature de cette version. Autant dire que la chute n'en a été que plus terrible pour les acheteurs en 2004.

 

Tout savoir sur Batman : Arkham Knight

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commentaires
sagahnah
21/01/2022 à 01:19

En tout cas, Capcom a bien retenu la leçon depuis. Ses portages des derniers Resident Evil sont vraiment réussi (en tout cas pour le 7 et le remake du 2, je n"ai pas encore joué au 3 et a Village)

Cytral
20/01/2022 à 17:40

J'ai joué à Batman, RE4, Nier, MGS 2 et Dark Souls sur PC, et hormis MGS2 et Batman pour lesquels il a fallu attendre quelques temps avant que les nombreux bugs soient corrigés, les autres cela a très rapidement été patché quand même (du moins dans mes souvenirs). Le principal problème de Dark Souls était surtout que certains pad étaient inutilisables je me souviens avoir bidouillé pendant des heures pour faire fonctionner le mien.

Kyle Reese
20/01/2022 à 17:06

Je ne peux parler que de Batman : Arkham Knight auquel j'ai joué et que j'ai fini, mais quelques années après sa sortie. Du coup avec tous les patchs dispo et le jeu en plus d'être superbe, riche et passionnant, était nickel niveau fluidité et je crois n'avoir vu aucun bugs alors que mon pc commençait à dater un peu.