M. Night Shyamalan explique comment il en est venu à réaliser des micro-budgets

Christophe Foltzer | 30 mai 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 30 mai 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

M. Night Shyamalan est un cas d'étude passionnant. Chouchou du public et de la critique, adoubé par les plus grands, pétage de plomb mégalomane, traversée du désert et rédemption, à lui seul il pourrait remplir un film.

Il y a une quinzaine d'années, M. Night Shyamalan était le roi du monde. Il surprenait à chaque film avec ses fameux twists et le public en redemandait. Et puis, il y a eu le moment où Shyamalan a commencé à se prendre pour autre chose qu'il n'était en réalité. Il a probablement cru cette presse qui le qualifiait de visionnaire, de génie, et il a commencé à péter les plombs. Tout ça s'est terminé de bien triste manière à coup de The Last Airbender et After Earth. Depuis, on ne misait plus grand chose sur lui.

 

Photo James McAvoy

 

Et puis est arrivé The Visit. Un film minuscule, tendu, nerveux, hyper-efficace et on a pressenti que quelque chose se passait. Puis, ce fut le tour de Split et là on en était sûr, Shyamalan était de retour. Un peu changé certes, mais avec une patate qu'on ne lui connaissait pas. Et cela n'est pas prêt de s'arrêter puisqu'il va bientôt commencer son prochain film Glass, peut-être le film le plus attendu du moment. Mais comment passe-t-on de centaines de millions de dollars de budget à un film de 5 millions, qu'on a financé soi-même ? Le réalisateur s'est expliqué au micro de Deadline :

"Je sentais que je devais me mettre en situation de danger. Je voulais pouvoir me dire que je n'avais aucun filet de sécurité. J'avais l'histoire de The Visit dans mon journal à idées. Je la gardais au chaud comme mon arme secrète et j'attendais le bon moment de le faire parce que je savais que je n'aurai pas beaucoup de moyens pour ça.

 

film

 

Quand vous mettez tout de votre poche, que vous avez quitté le système des studios et que vous avez des ressources très limitées, vos idées viennent de ces contraintes. Votre énergie va exactement là où elle doit aller. Disons que vous faites un blockbuster. Vous avez besoin d'un décor alors vous construisez un plateau géant quand la bonne réponse est plutôt : 'Ne construis pas le décor. Passe trois semaines de plus en repérages mais ne le construis pas.' Mais vous ne choisirez jamais cette option parce que vous avez l'argent pour la construction. Vous n'avez pas le flingue sur la tempe alors que lorsque c'est le cas, cela vous oblige à trouver une meilleure solution."

 

film

 

C'est assez attendrissant de voir Shyamalan redécouvrir la vie comme ça et se racheter une virginité mais c'est une technique qui a fait ses preuves et qu'il devrait à nouveau appliquer sur Glass :

"Je vais faire le film dans le même état d'esprit que les deux précédents. Je vais financer le budget et nous nous en tiendrons à cette somme. Si on n'a pas les moyens, nous n'utiliserons pas telle personne ou telle autre ou alors je devrais réécrire la scène. M'imposer ces limites a une raison : arriver avec un film qui soit animé par les idées et non par l'argent."

On lui souhaite donc bien du plaisir et bien du courage. Glass sortira début 2019.

 

Photo Bruce Willis

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commentaires
Zanta
30/05/2017 à 21:03

Cool que Bruce Willis et Samuel L. Jackson acceptent de revenir pour un salaire inférieur à leurs exigences habituelles.
Bon, en même temps, le premier a fait 3 bons films en 15 ans - Looper, et les efforts collectifs Moonrise Kindgom et Sin City - et le second est connu pour accepter des projets cool qui paient moins.

Dawn
30/05/2017 à 19:19

C'est tellement bon de retrouver Night et sa patte unique. Après After Earth l'incompatibilité du réalisateur avec les grosses productions est devenue évidente. Contrairement à Kibuk, je ne pense pas qu'il s'agissait d'une perte d'inspiration. A ce niveau dans la profession, l'inspiration est secondaire. Je pense plutôt qu'il cherchait à toucher d'autres contrées, évoluer dans son art. Mais Shyamalan écrit des histoires humaines (difficilement compatible avec la grosse machine) et son essence l'a rappelé à l'ordre. Tant mieux pour nous ! #NightTeamFromDay1

KibuK
30/05/2017 à 11:23

@ karliti
Sauf que contrairement a Shyamalan, pour Carpenter, le fait d'avoir du budget n'a pas forcément eu un effet négatif sur l'aspect artistique des films (the Thing, Starman).
Alors que pour Carpenter bide ne veut pas dire mauvais film, pour Shyamalan le désamour du public venait essentiellement de la perte d'inspiration du réalisateur du fait de son gros budget.

maxleresistant
30/05/2017 à 11:02

"M'imposer ces limites a une raison : arriver avec un film qui soit animé par les idées et non par l'argent."

C'est beau

Karlito
30/05/2017 à 09:32

Cela me rapelle un peu John Carpenter au top dans les années 80, mais qui s'est payé bide commercial sur bide commercial (The thing, Starman, Big trouble in little China), puis il passe à de petits budgets et réalisent deux bijoux (Prince of Darkness et le nerveux et engagé They live). Un un entretien, il disait d'ailleurs qu'il avait eu besoin de revenir à l'essentiel, filmer des idées avec le peu de moyen disponible...