Sundance 2011 - Jour 3

Sandy Gillet | 23 janvier 2011
Sandy Gillet | 23 janvier 2011

Troisième journée déjà fatale pour Stef qui semble avoir du mal à gérer son « jetlag » et l'air  très frais de la montagne. Lui, par contre, il vous dira que c'est de ma faute puisque la nuit dernière, il a du sans cesse se battre pour se préserver un petit quart de couette. Résultat  : après le premier film de la matinée, l'irlandais et génial The Guard*, avec le non moins génial Brendan Gleeson qui sortira chez nous dans les prochains mois sous la bannière SND, mon estimé collègue décide de rentrer piquer un roupillon bravant le froid et le trajet en bus.

Quant à votre humble serviteur, j'enchaîne sur ce que j'ai vu de mieux « so far » comme on dit ici, à savoir un documentaire sur Roger Corman intitulé Corman's world : exploits of a hollywood rebel*. Réalisé par une débutante dans la chose, Alex Stapleton, le film retrace avec beaucoup d'à-propos, de passion et d'humour, la carrière d'un homme qui aura marqué plusieurs générations « bisseuses » de son empreinte dorénavant indélébile. Les connaisseurs du bonhomme et de sa filmo n'apprendront certes pas grand-chose, mais il était temps qu'un film digne de ce nom soit consacré au dernier « mogul » d'Hollywood.

 

Petite aparté. Le Festival de Sundance est réputé pour proposer chaque année le gratin du documentaire mondial. Au vue des sélections pléthoriques et alléchantes (on a repéré entre autre The Greatest movie ever sold réalisé Morgan Spurlock qui nous avait ravit avec Super Size me et un Reagan polémique produit par HBO et  précédé d'un buzz assourdissant), on peut sans se tromper dire que celle-ci n'est point usurpée.

Je retrouve Stef sous la tente de presse qui tente un retour fébrile en s'immisçant dans la file d'attente de Happy Happy, comédie de nationalité norvégienne gentillette selon le petit texto que je reçois par la suite. Je préfère embrayer de mon côté par On the ice*, un drame ascendant thriller se déroulant dans la petite ville gêlée de Barrow en Alaska. Il s'agit là d'un premier film plutôt bien amené jouant à merveille de ses décors naturels somptueux et de « l'exotisme » d'une population peu montrée au cinéma.

 

Au sortir de cette troisième séance, à noter que toutes les projections de presse se déroulent dans le même cinéma nous évitant donc les trajets en bus forcément chronophages, mon cameraman s'éclipse définitivement bravant cette fois-ci une belle tempête de neige comme seule la montagne en a le secret. Pas fou, je reste au chaud pour un très bon quatrième film. Tyrannosaur* que cela s'appelle. Film qui nous vient d'Angleterre réalisé par Paddy Considine dont c'est là encore le premier long. On y retrouve le formidable acteur Peter Mullan qui joue ici une sorte de paumé au grand cœur qui passe ses journées entre veiller son ami au seuil de la mort, chercher la bagarre, se bourrer la gueule au pub du coin et s'engueuler avec son voisin propriétaire d'un pit-bull pour le moins bruyant. Il va finir par tomber sur une femme qui va l'amener à reconsidérer sa vie pour le moins erratique. Le casting est au diapason du jeu extraordinaire de Mullan, à commencer par la bouleversante Olivia Colman jusqu'ici habituée aux séries TV britanniques et que l'on verra bientôt dans le biopic consacré à Margareth Thatcher. Joué par Meryl Streep (The Iron lady) et réalisé par Phyllida Lloyd, à qui l'on doit Mamma Mia.

 

Sinon comme promis hier un petit tour d'horizon des sélections et de l'organisation du Festival s'impose. On notera qu'il y a 11 sélections différentes à Sundance. Quatre offrent une compétition avec au bout des prix. La plus prisée ici est bien entendue la « US Dramatic » d'où émergera parmi les 16 films engagés, le grand prix du Jury succédant ainsi à Winter's bone prévu le 2 mars prochain chez nous. Nous en avons vu deux pour l'instant (Pariah et On the ice). On ose croire que le meilleur reste à venir. Les trois autres sélections sanctionnées par des prix sont le « World dramatic » d'où émerge déjà The Guard et Tyrannosaur et les documentaires scindés en US et World là aussi.

Au-delà on trouve les films en première mondiale regroupés sous la bannière « Premieres » justement et « Documentary Premieres ». Le Red State de Kevin Smith et le documentaire Reagan précédemment mentionné y sont logés.

Sinon il y a moultes sélections qui font la part belle à l'essence même de Sundance à savoir ce cinéma indépendant que les organisateurs et public chérissent. Par exemple, dans celle labellisée « NEXT », on trouve certainement les films les plus garants de cette philosophie voulue dès le début par Redford et prônée par une génération de cinéastes dans les années 80 qui ont fait de ce Festival un rendez-vous mondial incontournable, mais qui aujourd'hui est rattrapé par un système dont le seul but est d'attirer les meilleurs éléments à Hollywood pour mieux les contrôler. On vous en dira plus à la fin du Festival une fois que nous en aurons vu quelques films.

 

Enfin la sélection qui a attiré immédiatement notre attention à notre arrivée est la bien nommée « Park City at Midnight » où l'on trouve un florilège de films dérangés du ciboulot qui ne verront certainement jamais le jour dans nos vertes contrées ou sinon à Gérardmer... l'année prochaine. On y a déjà vu le documentaire sur Corman précédemment cité et on ne ratera pas les quelques perles dont un Hobo with shotgun qui parlera aux plus attentifs puisque annoncé via la « fake » bande-annonce au sein de la version complète de Grindhouse. Le rôle titre est tenu par un Rutger Hauer que l'on sent être revenu aux sources du mal façon Hitcher pour puiser l'inspiration de son personnage. Miam, miam !

La coupe est pleine n'en jetez plus. Je rejoins mon acolyte qui dort du sommeil du juste... Je le rejoins bientôt en ayant la sensation que le Festival a déjà atteint sa vitesse de croisière.

 

Allez labizz et à demain pour Red State !

 

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