Cannes 2010 : Le Palmarès

Laurent Pécha | 23 mai 2010
Laurent Pécha | 23 mai 2010

Il était depuis quelques jours le favori des critiques (hors Ecran Large et sa solide moyenne de 1/5) et le jury de Tim Burton s'est joint au plébiscite. C'est donc Oncle Boonmee celui qui se souvient de ses vies antérieures de Apichatpong Weerasethakul qui remporte la fameuse et tant convoitée Palme d'Or. Une œuvre difficile d'accès, singulière mais qui par son côté fantastique et délirant avait effectivement tout pour plaire à Tim Burton.  Si le film de Weerasethakul ne nous pas du tout séduit, il faut reconnaître qu'il s'agit bien là d'une vraie tentative de faire du cinéma avec un grand C et que c'est bien seulement à Cannes que de telles tentatives ont la possibilité d'être mises sous les feux des projecteurs. Car, à n'en pas douter, la rencontre avec le public risque fort d'être des plus confidentielles et faire de cette 63ème Palme d'Or l'une des moins fréquentées en salles. Pas de doute possible avec un tel prix, Cannes se coupe encore plus, si besoin, du grand public et ressemble de plus en plus à un démiurge enfermé dans sa tour d'ivoire. 

Le cinéma français est quant à lui, l'autre grand vainqueur de ce palmarès puisque Xavier Beauvois, Mathieu Amalric et Juliette Binoche ont tous les trois été récompensés et à juste titre. Beauvois repart avec le Grand Prix, sorte de médaille d'argent, pour son très beau Des hommes et des dieux qui évoque depiis l'intérieur l'histoire vraie de l'enlèvement puis l'exécution de 7 moines trappistes de Tibhirine au printemps 1996. Quant à Mathieu Amalric, il est récompensé d'un gonflé mais finalement mérité Prix de la mise en scène pour Tournée. Un retour aux sources pour celui qui avait embrassé la carrière d'acteur par la « faute » d'Arnaud Desplechin comme il l'a fort joliment rappelé lors de son discours de remerciements.  

Et Juliette Binoche, celle qui figurait sur l'affiche officielle de ce 63ème festival de Cannes, comme un bon pressentiment, a remporté l'un des rares prix qui manquait à son palmarès (César, Oscar,...). Dans Copie conforme d'Abbas Kiarostami, la comédienne est tout simplement magnifique et ce prix d'interprétation féminine est difficilement critiquable si ce n'est que l'actrice du Mike Leigh, Another year (le grand oublié du palmarès), Lesley Manville aurait mérité d'être également récompensée.  

Un prix ex-æquo n'aurait pas été usurpé d'autant plus que Tim Burton et son jury l'ont bien fait à la surprise générale pour le prix d'interprétation masculine. Que Javier Bardem remporte ce prix pour sa performance remarquable dans le Biutiful de Alejandro González Iñárritu est somme toute logique. Par contre que Elio Germano se joigne à lui pour le bien moyen La Nostra vita, était plus difficile à prédire tant le film ne restera pas dans les mémoires. Cela nous aura toutefois permis d'avoir un discours politique engagé du comédien mettant en évidence les carences et errements de son gouvernement.

Pour conclure ce palmarès, relativement classique (il faut dire que sur les 19 films, à peine la moitié pouvait prétendre à des prix), on notera l'éclairage sur un cinéma peu présent en compétition (l'Afrique noire) avec le prix du jury accordé au film tchadien, Un homme qui crie. Quant au prix du scénario, pas forcement celui qui lui sied le mieux, il vient récompenser le très touchant, Poésie de Lee Chang-dong. 

Voilà, on ne va pas vous mentir que ce palmarès ne nous séduit pas puisque nos deux chouchous, Fair Game et Another year, de manière prévisible (du moins pour le premier nommé) ont été complètement oubliés. Pas grave, on continuera à les défendre au moment de leur sortie. Et nul doute que ces deux là sauront trouver bien plus facilement les faveurs du public que les principaux vainqueurs de ce soir. La roue tourne toujours...

 

 

Palme d'Or : Oncle Boonmee celui qui se souvient de ses vies antérieures de Apichatpong Weerasethakul

Grand Prix : Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois

Prix de la mise en scène : Tournée de Mathieu Amalric

Prix spécial du jury : Un homme qui crie de Mahamat-Saleh Haroun

Prix du scénario : Poésie de Lee Chang-dong

Prix d'interprétation masculine : Javier Bardem pour Biutiful et Elio Germano pour La Nostra vita

Prix d'interprétation féminine : Juliette Binoche pour Copie conforme

Caméra d'or : Año bisiesto de Michael Rowe

Palme du court-métrage : Chienne d'histoire de Serge Avedikian 

 

 


 

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