Les Trois Mousquetaires : pourquoi l’adaptation WTF façon Resident Evil est si cool

Clément Costa | 19 mars 2023
Clément Costa | 19 mars 2023

Potentielle pire adaptation d’Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires de Paul W. S. Anderson est un naufrage industriel aussi cool que navrant.

Maintes fois adapté au cinéma, Les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas ne cesse d’inspirer les nouvelles générations de cinéastes. La sortie imminente du diptyque Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan et Milady réalisé par Martin Bourboulon prouve une fois de plus l’intérêt inlassable du cinéma français pour cette fresque spectaculaire.

Admettons cependant que s’il y a bien une relecture qui s’est particulièrement illustrée ces dernières années, c’est celle de Paul W. S. Anderson. Pour le meilleur comme pour le pire, et surtout pour le pire. Aberration cinématographique, ce film WTF qui mêlait mousquetaires et clockpunk reste un exemple fascinant de naufrage hollywoodien comme on les aime. À tel point qu’on ne peut s’empêcher de développer une certaine affection malsaine envers cet étrange objet.

 

Les Trois Mousquetaires : photoVaincre ou mourir

 

DUMAS AFTERLIFE

Les Trois Mousquetaires fait office de petite pause récréative en 2011 pour Paul W. S. Anderson qui sort tout juste de Resident Evil : Afterlife et prépare déjà la suite Retribution. Le réalisateur se lance ainsi le défi d’adapter librement un classique littéraire. Officiellement, le marketing tente de vendre une relecture clockpunk du récit, une sorte de rencontre spectaculaire entre Alexandre Dumas et Jules Vernes. En réalité, on aura droit à un véritable festival de mauvais goût qui parviendra à être toujours divertissant à ses dépens.

Dès la séquence d’ouverture, toutes les promesses des producteurs s’effondrent. Les spectateurs constatent impuissants l’ampleur des dégâts. Entre le montage épileptique, les ralentis outranciers à faire pâlir Zack Snyder, les punchlines improbables ou encore les costumes ridicules, tout indique que Paul W. S. Anderson est aux commandes. Jusqu’à l’apparition hallucinante de Milla Jovovich qui enchaîne les cascades à la Resident Evil pour échapper à des pièges mécaniques absurdes.

 

Les Trois Mousquetaires : photoPirates : Maverick

 

L’espoir d’assister à un blockbuster de qualité s’évapore dès les premières minutes. C’est à ce moment-là que Les Trois Mousquetaires commence à révéler son véritable potentiel : celui d’un naufrage artistique fascinant. On enchaînera alors les moments insensés à un rythme particulièrement intensif. Difficile de ne pas mentionner la longue séquence de combat aérien entre deux bateaux volants. Le tout ayant pour point culminant un crash au sommet d’une version numérique hideuse de Notre-Dame.

Alors certes, on peut reprocher au film sa mise en scène, son esthétique, son découpage, ses dialogues… concrètement, on peut lui reprocher de rater à peu près tout ce qui fait un long-métrage décemment exécuté. Mais il est impossible de lui enlever sa capacité hallucinante à toujours surprendre ses spectateurs grâce à une bêtise naïve qui finit par être contagieuse. À l’ère des blockbusters ultra-codifiés, les désastres industriels de ce genre sont trop délicieusement scandaleux pour ne pas être appréciés.

 

Les Trois Mousquetaires : photoLes 4 (pas franchement) fantastiques

 

UN POUR TOUS, TOUS POUR RIEN

Ce qui achève de faire du film un pur plaisir régressif, c’est la foi aveugle que Paul W. S. Anderson semble avoir dans son projet. Le réalisateur est persuadé de nous offrir un spectacle épique et généreux. C’est particulièrement évident dans ses tentatives d’iconiser les séquences d’action et les héros. Le sérieux affiché lors des tentatives de séquences dramatiques vient renforcer cette impression de farce involontaire.

À vrai dire, le cinéaste était tellement convaincu du succès à venir qu’il se permet même de promettre une suite lors de la séquence finale. Malheureusement pour tous les adeptes du mauvais goût, Les Trois Mousquetaires a été un bide total au box-office. Pour son budget de 75 millions de dollars, le film n’a récolté que 132 millions de box-office mondial. Pire encore, son total national a tout juste dépassé les 20 millions de dollars. Une catastrophe totale pour Anderson dont le précédent film avait récolté plus de 300 millions dollars pour un budget de 60 millions.

 

Les Trois Mousquetaires : photoVous avez dit méchants ? 

 

Ce décalage entre ambitions et résultat final se retrouve également du côté du casting. Absolument personne ne joue sur le même registre. Méchant de pacotille, Orlando Bloom en fait des caisses. Seul acteur qui semble conscient du désastre, Mads Mikkelsen opte pour une performance cartoonesque hallucinante. Luke Evans tente d’apporter de la gravité et de la profondeur, cependant le futur héros de Dracula Untold confirme surtout son manque de flair légendaire.

Impossible de ne pas souligner la performance catastrophique de Milla Jovovich qui transforme Milady en une version costumée d’Alice Abernathy. Enfin, on aurait presque de la peine pour Christoph Waltz qui commençait à s’enfermer dans des rôles médiocres de cabotins machiavéliques après Inglourious Basterds.

 

Les Trois Mousquetaires : photoDumas Cinematic Universe

 

Dernière preuve de ce décalage fascinant, l’humour du film tombe systématiquement à plat. On pourrait se dire que par hasard au moins une blague décrochera ne serait-ce qu’un sourire, mais ça n’est jamais le cas. Un tel manque d’efficacité force le respect. À l’image de ce gag récurrent consistant à moquer le sens de la mode douteux du roi de France. Là encore, la bêtise infinie du film repousse l’imagination. À tel point qu’on ne peut que baisser les bras et admettre qu’on finit par prendre un sacré plaisir malsain devant Les Trois Mousquetaires.

On finit d'ailleurs par se poser la question qui fâche. Et si c’était la démonstration ultime du talent de Paul W. S. Anderson pour le divertissement régressif ? Le film qui condense involontairement tout ce qui fait l’univers du réalisateur, pour le meilleur comme pour le pire.

Tout savoir sur Les Trois Mousquetaires

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commentaires
andarioch1
21/03/2023 à 11:32

C'est tellement crétin ET délirant que s'en est jouissif.
Ce qui reste infiniment mieux que tout les blockbusters qui sont juste tellement crétins qu'ils sont juste très très c...
Perso, je n'ai pas boudé mon plaisir

Geoffrey Crété - Rédaction
20/03/2023 à 12:57

@Bishop

L'article explique le concept de l'article. Si ça ne vous amuse pas / plaît pas / intéresse pas / vous donne envie de venir dire que c'était un article encore plus nul que le film : pas grave, c'est la vie.

Bishop
20/03/2023 à 12:44

@Geoffrey Crété

De rien

Plus sérieusement, j'aimerais qu'on m'explique le concept global de l'article.
On nous explique par le menu que tout (scénario, mise en scène, jeu d'acteur, phases d'action, j'en passe) est mauvais.

Et la "conclusion", c'est que le film est cool, que la somme de ses défauts en fait un truc potable, alors que ca fait quand même saigner les yeux ce bouzin

Geoffrey Crété - Rédaction
20/03/2023 à 12:14

@Bishop

Merci

Bishop
20/03/2023 à 12:05

Quel est l'intérêt de réhabiliter cette daube ?

En fait Ecranlarge, c'est Nanarland, mais au 1er degré

Sanchooz
20/03/2023 à 07:27

Ce film est une pure pépite. C'est l'adaptation du roman que Dumas aurait écrit s'il avait eu sous la main un seau de stéroïdes.

Leduk
20/03/2023 à 06:36

Ça m'a donné envie

Brosdabid
19/03/2023 à 18:44

Je sais pas ce qu ils ont toujours à nous pondre une nouvelle re lecture de ce roman, et c est pas fini, je ne vois pas un triomphe à venir à nous rabâcher toujours la même histoire

bipbip
19/03/2023 à 18:16

Franchement, rien que la bande annonce de la prochaine adaptation française m'a plus plu en 2 minutes que ce film dans son ensemble. Rarement vu un film aussi mauvais. Y a aucun plaisir à voir à ce point pervertir une œuvre. Et cet acteur qui joue tellement mal et avec tellement peu de charisme d'Artagnan.

KLM
19/03/2023 à 18:04

@Chris11

Non mais faut arrêter de penser que ton avis = la seule manière de penser. T'as le droit de pas penser la même chose sur ce film, ça ne veut pas dire qu'il faut qu'on "arrêter" quoi que ce soit

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