Entre Dracula et Nosferatu, deux films de vampire culte brusquement annulés à Hollywood

Les beaux jours surviennent et de Karyn Kusama à Robert Eggers, il semblerait que les vampires s'en retournent à la crypte.

Qu’il s’agisse du réchauffement climatique précipitant un peu plus chaque année le retour d’un soleil cuisant, une malédiction quelconque, ou peut-être le teaser contestable du remake sériel d’Entretien avec un Vampire, il semblerait que des forces supérieures renvoient à la tombe plusieurs projets vampiriques récemment annoncés.

Karyn Kusama, formidable cinéaste à qui l'on doit le cruellement incompris Jennifer’s Body, et Robert Eggers, poète à l’élégance animale, ont de fait un point commun (par delà leur talent indéniable, mais cela tombe sous le sens) : leurs deux métrages respectifs, Mina Harker et Nosferatu, ont été brusquement annulés à quelques semaines des tournages. 

Il semblerait bien que Mina puisse reposer son script

Le premier film devait être une version plus moderne du roman de Bram Stoker et devait surtout être narré selon le point de vue de son unique protagoniste féminin, Mina, que la comédienne Jasmine Cephas Jones (Hamilton, Blindspotting) devait interpréter. Si dans le livre original, Mina tombe sous le maléfice du comte transylvanien avant de s’en libérer à la mort de celui-ci, le récit de Kusama devait prendre place bien loin des humides contrées londoniennes, et se dérouler dans le giron californien d’une Los Angeles contemporaine.

La cinéaste ayant souhaité garder le secret au regard de son intrigue, il est ainsi difficile de savoir si le métrage devait être une réadaptation moderne contée du point de vue de la jeune femme, ou s’il devait suivre les pérégrinations de cette dernière après qu’elle n’a finalement jamais été délivrée de la malédiction de Dracula. Aucune de ces interrogations ne sera toutefois résolue, la production ayant été définitivement mise à l’arrêt suite à une série de désaccords créatifs entre la cinéaste et Miramax, l’une des deux sociétés de production derrière le film. Autant dire qu'on peut largement regretter cette version assez originale des aventures autour du célèbre vampire.

Quels différends créatifs y a-t-il à avoir avec la réalisatrice d'un film tel que Jennifer's Body ?

Et si assassiner un premier vampire avant même qu’il ne quitte le cercueil n’était pas suffisant, le remake tant fantasmé par son réalisateur Robert Eggers, Nosferatu, a lui aussi reçu un vilain pieu dans le coeur.

Alors que le très attendu The Northman s’apprête à investir les salles obscures de sa violence singulière, Robert Eggers comptait enchaîner les mythes en réadaptant le légendaire métrage de Murnau, réalisé en 1922. Toutefois, suite au départ d’Harry Styles du projet, lequel aura évoqué un souci d’agenda (l’excuse favorite à Hollywood pour justifier ruptures, abandons de projets, annulation de venues et autres joyeusetés), Nosferatu semble avoir été interrompu, si non pour de bon, du moins pour un temps indéfini. C'est en tout cas ce que le cinéaste a précisé dans le podcast WTF with Marc Maron, expliquant que le film ne serait plus son prochain projet.

L'ombre de Nosferatu échappe de nouveau à Eggers sur la pointe des pieds

Un coup dur pour le cinéaste à qui le projet tenait tant à coeur, Eggers s’étant par ailleurs déjà essayé à une réadaptation théâtrale du légendaire métrage alors qu’il n'était encore qu'au lycée. Depuis l’annonce de son intérêt pour le vampire de Murnau peu après le succès inespéré de The Witch, son premier et ensorcelant long-métrage, le réalisateur s’en est finalement allé à la réalisation de deux autres films, tout en doutant du bien-fondé du projet. Ce dernier a ainsi confié à IndieWire :

« Franchement, je ne sais plus, le projet a déjà été démantelé à deux reprises (…). Je me demande si quelque part, ce n’est pas le fantôme de Murnau qui essaie de me dire d’arrêter. »

Alors projets maudits ou manque de chance, il est toutefois bien dommage que ces deux métrages très attendus ne puissent finalement voir le jour (enfin, les salles obscures, on s'entend). Si on espère toutefois que les projets puissent reprendre leurs productions respectives d'une façon ou d'une autre, on se consolera d'ici là en redécouvrant la filmographie de Kusama, et en allant découvrir The Northman au cinéma le 11 mai.