Le boss des salles Arts et Essai clashe Netflix, Alfonso Cuaron, les frères Coen... et c'est embarrassant

La Rédaction | 25 février 2019 - MAJ : 25/02/2019 18:35
La Rédaction | 25 février 2019 - MAJ : 25/02/2019 18:35

Dans un pays où l’organisation de l’industrie cinématographique est largement dirigée et ordonnée autour de corporatismes, eux-mêmes structurés par une institution comme le CNC, l’arrivée d’un nouvel acteur sur le marché est forcément vécue comme une menace envers l’équilibre des choses.

Et quand le nouveau venu s’appelle Netflix, qu’il n’a aucune intention de se conformer aux traditions françaises, ni de se soumettre à des règlements qu’il estime contraires à son modèle économique et aux souhaits de ses usagers, forcément, des tensions naissent, la panique menace et les vieux archaïsmes se font jour.

Quelques heures avant les Oscars, François Aymé, président de l’AFCAE, l’Association Française des cinémas Art et Essai, a publié dans Courrier Art & Essai, un édito en forme de tribune adressée aux méchants cinéastes accusés de tuer le cinéma en signant avec le vilain pas beau Netflix.

 

Photo Yalitza AparicioRoma

 

« Cher Joel, cher Ethan, cher Alfonso,

Sang pour sang - Blood simple , Fargo, O'Brother, No Country For Old MenTrue Grit et bien d’autres pour Ethan et Joel ; Les Fils de l'homme puis Gravity pour Alfonso... Nous avons vu tous vos films. Nous les avons attendus. Impatients comme notre public. Un vrai rendez-vous avec des auteurs que l’on a aimés, admirés, montrés et défendus. Nous avons vu et programmé tous vos films. Tous à l’exception du dernier : Roma pour Alfonso Cuarón et…, quel est le titre déjà, ah oui, La Ballade de Buster Scruggs pour Ethan et Joel Coen.

Que s’est-il passé pour que cette longue relation de confiance et de mise en valeur de vos oeuvres sur grand écran, devant un public d’aficionados, s’arrête, comme ça, brutalement ?
Les temps changent, c’est tout, répondez-vous en substance dans de multiples entretiens. Oui mais la question est de savoir, dans quel sens et pourquoi ? Pour le bien des diffuseurs ? Des auteurs ? Du public ? Des oeuvres elles-mêmes ?

 

photo, Tom WaitsLa Ballade de Buster Scruggs



"Il faut s’adapter aux évolutions du public" dixit Joel. Là, nous touchons du doigt une de ces formules rhétoriques de sophistes que n’auraient pas désavoués certains de vos personnages. Car enfin, hier, chacun de vos films pouvait être vu au choix et successivement sur grand écran dans une salle, en VOD, DVD…, sur un petit écran, un ordinateur ou un téléphone portable, sur une chaine cryptée ou pas, ou encore sur une plate-forme. Le public avait donc le choix du lieu, du support, du format, le choix d’être abonné ou de ne pas l’être. Il lui fallait seulement attendre pour accéder aux fenêtres successives. Alfonso, vous vous réjouissez qu’avec Netflix, votre parente mexicaine puisse voir Roma même si elle n’a pas de salles près de chez elle. Mais c’était déjà le cas pour vos autres films par VOD ou tout simplement avec la télévision !

Avec Netflix (nous y venons donc), ce n’est pas vous qui vous adaptez au public mais l’inverse : le public doit s’adapter aux choix que vous avez faits : confier l’exclusivité durable de votre dernière œuvre à une plate-forme. Le choix que vous laissez à votre public, c’est : ou bien vous vous abonnez à Netflix et vous pouvez découvrir notre film sur un petit écran, ou bien vous ne le voyez pas. Ce n’est pas un choix, c’est une obligation, en tout cas pour vos fans. Et cette obligation n’est pas temporaire, au contraire elle est durable, ce que peu écrivent noir sur blanc. Cela s’appelle la privatisation d’une œuvre.

 

photoRoma


Les temps changent donc et le public (comme les auteurs ?) doit s’adapter aux stratégies commerciales des nouveaux diffuseurs d’envergure mondiale. Mais si l’on jette un coup d’œil rétrospectif à l’histoire du cinéma, on constatera que toutes les évolutions, adaptations, mutations du cinéma se sont faites dans le sens d’un progrès concret, technique, objectif : passage au parlant, à la couleur, au cinémascope, au Dolby, confort des salles… À chaque fois, il s’est agi d’améliorer la qualité du spectacle cinématographique et la valorisation des œuvres, quand bien même la diffusion décalée de cette œuvre se démultipliait au fil des ans sur d’autres supports. Quand on regarde vos génériques qui durent de longues minutes, on est impressionnés par le nombre d’acteurs, de techniciens qui ont tout fait pour donner à la lumière, au cadrage, aux décors, aux costumes, au son, au montage, au mixage, à l’étalonnage un soin extrême.

À cette lumière, le choix de la diffusion exclusive et durable d’un film à l’ambition cinématographique sur une plateforme payante n’est pas un progrès mais une régression. En faisant ce choix, vous assumez un double renoncement. Vous renoncez à la valorisation optimale et technique de votre œuvre sur un grand écran et via une chaine sonore qui restituent les subtilités, les nuances de votre travail. Et vous renoncez à la dimension collective de la découverte de votre œuvre. Vous renoncez au fait que votre film soit un spectacle public. Ce n’est pas rien tout de même. Bien sûr, aujourd’hui le visionnement d’une œuvre cinématographique se fait très majoritairement sur un autre support que le grand écran, est-ce une raison valable pour s’en passer complètement ? Est-ce qu’un compositeur, un musicien, un chanteur renoncerait aux concerts sous prétexte que la plupart des gens écoutent ses œuvres sur YouTube ou bien sur une plateforme dédiée.

 

photoLa Ballade de Buster Scruggs



La vraie raison du passage de votre film exclusivement sur Netflix, elle est commerciale, financière. L’enjeu n’est pas de savoir qui regardera votre film et dans quelles conditions mais comment il sera financé et combien il rapportera (en publicité et en abonnements). Netflix est une entreprise d’envergure mondiale qui a bien compris qu’elle devait proposer des films en exclusivité pour aller chercher encore et toujours plus d’abonnés. Il lui fallait de l’image et des noms. De l’exclusivité et du prestige. Les Coen et le Lion d’Or, et pourquoi pas des Oscars. Un vernis artistique, une publicité mondiale, c’est cela que vous apportez à Netflix, le reste est secondaire. D’ailleurs, vous aurez remarqué que contrairement au film de Susanne Bier (45 millions de visionnements à travers le monde ! selon la plate-forme), Netflix ne communique pas sur le nombre de "spectateurs" de vos films. Combien d’abonnés ont regardé le Lion d’Or, un magnifique film mexicain en noir et blanc sans aucun acteur connu ?

Mais pourtant, ne devrions-nous pas nous réjouir qu’un nouvel opérateur puissant investisse dans des œuvres de qualité. Oui, mais à plusieurs conditions, conditions que de nombreux producteurs et diffuseurs respectent (en particulier en France), ce qui n’est pas forcément le cas de Netflix. Alors quelques questions simples pour terminer. Est-ce que le fait d’avoir acheté un film mexicain en noir et blanc est le signe d’une stratégie volontariste de défense de la diversité qui ira au-delà des seules productions anglo-saxonnes ? Est-ce que Netflix (comme d’autres) envisage de respecter les règles de fiscalité des pays où il diffuse, contribuant ainsi à la vie commune d’un territoire dont il tire des profits ? Est-ce que Netflix est susceptible de produire ou d’acheter des films critiques envers l’Iran, la Chine, la Russie, le Brésil, l’Arabie saoudite, la Turquie ? Si Netflix montre un vrai empressement à financer les films de grands auteurs confirmés, aura-t-il la même motivation à suivre des nouveaux talents ? Continuera-t-il même à financer ces grands talents s’il atteint ses objectifs d’abonnés ? Est-ce que vraiment la contribution de Netflix à la production et/ou à la diffusion était indispensable à votre film ou bien s’agit-il d’un choix délibéré et assumé de votre part ?

 

PhotoRoma



En tout état de cause, si vous êtes "seulement" des cinéastes, sans doute est-il bon (pour le public, les médias, les élus) de rappeler que le développement d’un opérateur à la surface mondiale, dont le nombre d’abonnés se compte dorénavant en centaine de millions, est tout, sauf neutre. Ainsi, confier votre film à Netflix, c’est non seulement renoncer à la possibilité offerte de voir vos titres en salles de manière collective, mais aussi apporter votre nom et, de ce fait, cautionner un opérateur puissant qui sait profiter d’un système et ne pas s’y conformer quand cela est contraire à ses intérêts. Comment jouer avec quelqu’un qui change les règles du jeu à son seul profit ? En tentant de lui faire respecter les règles ou bien en rejoignant son camp ? À chacun sa réponse. »

 

S’il est bien normal que le cinéma français pense et organise une réplique à Netflix (on rêve de le voir réfléchir concrètement aux changements de paradigmes qui s’opèrent actuellement), on regrette de le voir manier avec autant d’inconséquence un mépris ridicule.

Le texte ci-dessus, qui s’ouvre sur un propos liminaire adressé aux frères Coen d’une morgue et d’un dédain surréaliste, explique ensuite que les spectateurs seraient pris en otages par Netflix, qui a le malheur de proposer un catalogue que le public semble trouver plus attractif qu’un réseau de salles déficientes, à la programmation souvent monomaniaque, et aux tarifs rédhibitoires.

 

Photo Zoe Kazan, Bill HeckLa Ballade de Buster Scruggs

 

Il est évidemment risible de parler de "privatisation d'une oeuvre", le financement du cinéma étant très majoritairement le fruit de mécanismes privés, la France ne disposant pas - à priori - d'un cinéma d'Etat.

De même, on demeure extrêmement surpris par les approximations du texte relatives à la politique d’acquisition de l’entreprise américaine. De même, il faut ne pas craindre le sophisme pour reprocher à Netflix de ne pas jouer sur le même terrain que l’Art et Essai (et donc de laisser à certaines salles leur marché d’élection ?).

Enfin, on s’amuse de voir la vénérable institution des salles d’Art et Essai se risquer à critiquer Netflix, quand son bilan en France apparaît pour le moins extrêmement discutable (ainsi que très largement responsable du succès de Netflix partout en France), avec une majorité de productions modestes majoritairement invisibles sur le territoire national, et une complaisance parfois étonnante dans l’attribution du label Art et Essai.

 

AfficheRoma

 

Curieusement, le texte est d’une légèreté coupable sur le statut économique de Netflix et sur les questions fiscales et redistributives auxquelles les géants du web se soustraient. A peine évoqué, le sujet est pourtant fondamental pour qui se soucie de la survie et de la viabilité d'une pratique artistique. 

On se souvient de la sortie de Radu Mihaileanu il y a quelques mois, qui expliquait que Netflix faisait main basse sur le gentil cinéma pour le réserver à une caste de privilégiés. Il semblerait que les incunables du 7e Art hexagonal soient toujours aussi bien équipés pour penser le phénomène Netflix.

 

 

Le cinéma français restera-t-il étanche à Netflix ?

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commentaires
Frego Li
27/02/2019 à 09:11

quelques contre-vérités dans les commentaires (ceux des utilisateurs, comme du rédacteur)...
- cuaron a financé seul son film, et il aurait ensuite pu choisir une sortie en salles, un distributeur. il s'est tourné vers netflix, qui lui a apporté un gros chèque, et mis ensuite quasiment le double en promotion (cadeaux, réception, etc).
- scorsese devait être produit et distribué par metropolitan, comme pour ses précédents films. netflix est arrivé, a propôsé beaucoup plus d'argent. il a signé avec.
- le film des frères coen est très inégal, et si netflix a signé sur leur nom, le film n'est pas un sommet de leur carrière, et suis la pente descendante de leurs derniers films : pas impérissable.
- les salles de cinéma et leurs tarifs : les multiplexes, appartenant à des grands groupes, pratiquent des tarifs hauts, pour inciter à prendre leur carte illimitée. ce qui leur permet une fidélisation d'une part (ils n'iront plus chez le concurrent, parleront en part de marché auprès des annonceurs), et ensuite de vendre plus de confiserie (les gens ayant la sensation de ne rien débourser, d'aller au cinéma "gratos"). les salles art et essai n'ont pas des tarifs à 12 euros, et leur prix moyen est nettement plus bas (entre 6 à 7 euros souvent, et avec carte d'abonnement c'est même un peu plus bas).
- les salles et les conditions de projections : de nombreuses salles sont encore en 2k, car elles se sont équipées pour Avatar (2009) ou juste après. mais d'autres salles sont bien équipées en 4k. il y a par ailleurs le son atmos, qui est très immersif. et puis, il y a un système nommé éclair color, qui concerne donc l'image. et là, entre voir un film du type Bohemian Rhapsody sur un écran télé (peu import la taille, le 4k, son installation sonore) et le voir sur grand écran son avec atmos et éclair color, il y a une galaxie. bien sûr, peu de salles proposent de telles conditions de projection, mais dans l'ensemble, cela est de meilleure qualité qu'une vision à domicile (sur le strict plan technique).
- le tissu des salles de cinéma en France : il est exceptionnel, plus de 5000 écrans, des salles même dans des villes de 3000 habitants. soit le contraire de nombreux pays européns par exemple, comme l'angleterre, où les salles de cinéma sont concentrée dans les très grandes villes (liverpool, manchester, londres, etc), avec très peu de choix de films, des tarifs oscillant entre 12 et 16 livres sterling (vous ferez la conversion avec l'euro). aux usa, quand un blockbuster sort, un multiplexe de 24 écrans propose le même film, avec séances toutes les 5 minutes ou tous les quart d'heure. tandis qu'en France, même le plus grand cinéma du monde (en terme de spectateurs, soit l'ugc les halles) ne propose que 2 écrans pour le même film (c'était le cas pour le Bon Dieu 2, comme dans bon nombre de multiplexes au demeurant). parfois, cela peut atteindre 3 écrans, sur un star wars par exemple car il y a 2Dvf, 3Dvf, et 2Dvo. sans compter la 4D (mais là, le nombre de salles pouvant le proposer sont très très peu en France). on voit cependant la différence, et donc sa conséquence sur la diversité.
- netflix et canal + : il y a accord entre canal + et les différentes composantes du cinéma en France, avec une participation financière de la part de canal en direction des salles, de la production, etc. en revanche, netflix n'a aucun engagement, ne souhaite pas en prendre, et ne paye d'ailleurs pas d'impôt en France.
- la privatisation : netflix faisant partie du monde de la télévision, au moins jusqu'à dernièrement avec son entrée à la MPAA (les autres membres sont warner, paramount, disney, sony, universal, et la fox qui en disparaît, remplacée donc par netflix). quand une chaîne de télévision produit un téléfilm ou co-produit un film, ils passent bien sur leur antenne, et sur canal tout de même avant. là, ce ne serait plus le cas.
- la chronologie des médias : cela va plus loin que la question de l'exception culturelle. car la production d'un film coûte cher, son exploitation aussi (les lampes des projecteurs numérique demandent plus d'intensité, et s'usent donc plus vite). au passage, peu de films atteignent leur seuil de rentabilité, et si de surcroît est enlevé son premier contact avec le public (la salle de cinéma), c'est une rentrée d'argent qui ne se fait donc pas. bien sûr, tous les films produits n'ont pas vocation à connaître la salle (tous ne sont pas de qualité, et si leur production a été engagée c'est d'une part l'espoir de faire un bon film, et ensuite d'être vendu aux chaînes de télévision, avec un nombre qui a explosé au cours des années, tnt en France par exemple).
- netflix a fait en France des projections de Roma. bien que cela sur le principe interdit puisque le film a été diffusé auparavant sur une plateforme, le subterfuge a consisté pour netflix a louer une salle de cinéma, cette dernière permettant aux spectateurs de retirer une invitation, offerte donc. deux remarques à ce sujet : les images financées par la publicité apparaissent comme gratuites, mais ne le sont pas (des annonceurs financent), mais dan l'ensemble les spectateurs, sauf ceux des cartes illimitées trouvent le prix de la place trop cher. à se demander pourquoi il n'y aurait pas une carte vitale du cinéma, ponctionnée sur les salaires et qui ouvrirait à toutes et tous la possibilité d'aller au cinéma avec cette carte nominative. deuxième élément sur ce subterfuge : la location de la salle. le système est différent entre la France et les Usa : en France, l'exploitant loue des films, à 50% de la recette pour lui et 50% pour le distributeur (et les ayant-droits). aux Usa, c'est le distributeur qui loue la salle, en donnant de l'argent et généralement 10% de la recette (parfois plus, peu importe). ainsi, ceux qui ont l'argent et le budget pour louer des salles, des capacités (nombre de fauteuils) peuvent siphonner le marché, et les "exhibitors" vont de toute façon au plus offrant, peu importe la diversité. il n'y a plus de choix de programmation, de films. d'ailleurs, aux Usa, le nombre de spectateurs est en chute, année après année, seule monte la recette (dû à la hausse mécanique du prix de la place). une philosophie différente en France, où ce n'est pas la recette qui est la valeur première mais les entrées : le nombre de paires d'yeux qui a vu un film étant encore plus important que la recette moyenne.
- netflix pourrait pour travailler son image et son prestige, produire des films de qualité, récompensés par des prix dans des festivals de cinéma, sortir en salles (en s'associant avec un distributeur, en le devenant lui-même), sortir en salles et dans le délai qui est constamment revu à la baisse (4 mois désormais) être en vod. ils ont les capacités de négocier une exclusivité pour leur plateforme. le gouvernement français est peut-être nul, netflix aussi : car il n'y a pas d'accord.
- le financement d'un film en France : aucun film n'est le fruit d'une production 100% privée. et même le films de Dany Bon bénéficie d'aide à la création, de la part des régions, etc
- la France est le pays où il y a le plus de diversité sur les écrans. tous les films n'y sortent pas ? certainement. il y a 5000 écrans, mais cela ne suffit sans doute pas. le plus important pour les pays à la cinématographie peu diffusée est de sortir à Paris. et s'ils ne sortent pas, il arrive que l'ambassade de tel pays appelle le ministère de la culture pour intervenir, et trouver une sortie dans les salles importantes à Paris (le rédacteur peut certainement, s'il connaît les gens du métier, avoir confirmation de cela, ce qui ne devrait pas être trop dur).
- netflix propose un flux d'extrême qualité, même avec de toute petite connexion internet, permet de faire que l'image ne soit plus gratuite en soi (comprendre : combat le piratage des oeuvres), participe à la production (fait travailler des gens, acteurs, techniciens, etc). son intervention est donc bénéfique. reste pour eux à régler le problème de l'avenir (lorsqu'ils seront dépossédés de films tels les marvel et star wars, d'avoir une production régulière et riche en qualité). et de voir avec la filière de l'image de chaque pays ce qu'il convient de faire. en somme, ils sont tous en pleine négo, montre tous les dents. mais entre gens intelligents, on finit par s'entendre. un peu comme l'arrivée de netflix au mpaa, avec -étonnament ?- des oescars qui tombent tout juste après...

nyny87
26/02/2019 à 20:34

"il lui fallait seulement attendre pour accéder aux fenêtres successives".

Voilà, au revoir et pas merci.

Maurice Escargot
26/02/2019 à 17:21

@Gege

Non, ça c'est encore un autre souci qui concerne les goûts du public, déjà ; mais surtout l'avidité des studios.
Quand des daubasses mal branlées atteignent le milliard, forcément que les studios vont enclencher la suite, au détriment d'autres oeuvres qui pourtant seraient économiquement viable, puisque moins coûteuses. Sauf que même si leur budget est amorti, et bien... ça n'atteindra pas le milliard, donc les studios s'en cognent.
Dans cet état d'esprit, Netflix est bien le seul à pouvoir garantir à des auteurs de continuer à faire leurs films, et ça c'est indiscutable, ils le démontrent sans cesse.

Home cinema
26/02/2019 à 16:19

Un mois d'abonnement sur netflix est moins cher qu'une place de ciné plain tarif dans n'importe quel multiplex... Les gens voient vite leur intérêt.

MystereK
26/02/2019 à 14:57

Il y a trop de gens qui penses et surtout qui penses mal... On dit du mal de Netflix parce que cela enpêche de voir les films en salles... mais cela est faux. Netflix n'empêche pas de voir les films en salles, no dans des rétrospectives, C'est le système français de chronologie des média qui impose cela à Netflix. Dans tous les pays voisin de la France et au-delà, il y a une exploitation de Roma en salle, de Sous ma peau en Italie, ou d'autres films Netflx, comme pour le Coen. Quelques jours avant la sortie sur Netflix, le film était présenté au cinéma en Suisse, en Italie, mais voilà, si Netflix veut fait la même chose en France, il ne pourra proposer le film sur sa plateforme avant longtemps, c'est se tirer une balle dans le pied. Ce système à atteint des limites au XXième siècle sous prétexte de défendre le cinéma, il lèse les spectateurs.

Booya
26/02/2019 à 11:59

Ça fait bien longtemps que je ne vais plus au cinéma !
Prix, confort, le public, l'attente etc...font que même si je n'ai pas la top qualité en son et image, ça reste bien plus agréable chez moi.
Après, pour les gens qui ont la qualité et l'image, on ne peut pas leur en vouloir

Le Waw
26/02/2019 à 11:37

Il ne peut pas crever en silence. C'est à cause de ce type de cafard que le cinéma Français est dans l'ornière. Oui au salles d'art et d'essais, mais faudrait arrêter de tirer sur ceux qui le hissent plus haut. En quoi les reals cités sont ils des traîtres au cinéma?

darkpopsoundz
26/02/2019 à 10:07

Notre amis Art & Essai pose des questions légitimes et intéressantes, mais il le fait avec condescendance et des arguments ridicules.

Netflix est je pense emblématique et révélateur de la situation actuelle en terme d'offre cinématographique. Je ne défends pas Netflix aveuglément mais force est de constater qu'ils se sont engouffrés dans une brèche ignorée par les studios traditionnels, qu'ils produisent et/ou diffusent un contenu très varié et de qualité, et que celui-ci est visible facilement et à prix tout de même modique.

Je vais ici reprendre des arguments qui ont déjà été mis en avant par mes camarades plus bas, mais il est important de les souligner, car c'est pour toutes ces raisons que Netflix a autant de succès:

- Moi non plus je ne mets donc plus les pieds dans les cinémas depuis longtemps, le prix des places est scandaleusement disproportionné pour ce qui est proposé: choix de films limité aux grosses productions, VF obligatoire, public insupportable (téléphones, bouffe, incivilités, etc. - mais en même temps quand les multiplexes se sont transformés en centre commerciaux pas étonnant que le public s'y comporte de la même manière, les films n'étant plus ici que des produits d'appel), et qualité de visionnage immonde (désolé mais l'avènement du numérique a été une vaste blague, le son et l'image sont le plus souvent dégueulasses).
En parallèle les technologies de visionnage des films chez soi ont suivi la tendance inverse, avec un rendu largement supérieur désormais (la HD, même avec un équipement minimal, a permis une restitution optimale pour peu qu'on sache régler un minimum le matériel, de plus avec le choix de la VO et pas emmerdés par les autres spectateurs).
Donc il n'est absolument pas étonnant qu'une partie significative du public ait déserté les salles, car il a maintenant bien plus de qualité et de choix chez lui. Et les arguments de Spielberg ou de ce monsieur Art & Essais concernant la meilleure qualité de diffusion en salles sont élitistes et complètement déconnectés de la réalité de 99% des spectateurs, comme toujours.
Bien sûr un BluRay reste monstrueusement cher, mais c'est là où Netflix a tout compris: la qualité HD, le choix de la VF ou VO, et le choix du moment du visionnage pour le prix d'une seule place de ciné à l'année.
On pourra me répliquer "salles d'Art & Essais!", à quoi je répondrais que d'une part ceci est valable uniquement dans les grandes villes, et d'autre part que là aussi les choix de films sont limités, à l'autre bout du spectre certes mais limité quand même (car si moi je veux voir Overlord ou The Man Who Killed Hitler And Then The Bigfoot sur grand écran et en VO c'est sûrement pas là que je les verrai!).

- Emblématique aussi que des cinéastes de la trempe de Scorcese ou des frères Coen, oscarisés un temps, portés aux nues par le public et la critique, et désormais mis sur la touche des productions traditionnelles, aient été obligés de se tourner vers ce nouveau mode de financement et de diffusion. Là aussi Netflix a tout compris. La saturation et l'encombrement des productions et des diffusions en multiplexes des Marvel/Disney (sans juger de la qualité des films) a tout de même fait que ces cinéastes n'avaient plus leur place, alors même qu'ils sont des créateurs reconnus. Là aussi, hors majorité qui consomme aveuglément, point de salut pour le spectateur un tant soit peu plus exigeant (ce qui n'est en soi pas bien difficile vu le niveau de ce qui est proposé).
Comme l'a souligné un des commentaires précédents Netflix propose aussi des modes de production salutaires totalement en rupture avec celles des studios hollywoodiens traditionnels, dont le mode de fonctionnement purement financier interdit la prise de risque, la recherche, le temps de la réflexion et de la construction d'un film.
On pourra me répliquer "Il y a encore des studios indépendants!", à quoi je répondrais certes mais de moins en moins et surtout qui dit studio indépendant dit aussi distribution confidentielle en salle, voire inexistante.

- L'argument "privatisation" du monsieur Art & essai m'a fait m'étrangler de rire, comme si la privatisation du cinéma avait commencé avec Netflix! Mais les studios de production ont toujours été privés! Un film n'appartient pas à son cinéaste mais au studio qui l'a produit! Et celui-ci fait ce qu'il veut avec ce film, sans aucune considération pour le cinéaste, le contenu du film ni même pour le public. Quelqu'un l'a déjà mentionné: il y a des films qui restent invisibles de nos jours car le studio qui détient les droits estime qu'il n'est pas intéressant pour lui de le sortir, entendons par là "pas intéressant financièrement", car "intéressant pour ceux qui veulent le voir" n'entre pas en ligne de compte.

- Enfin l'argument du prix est là aussi irrecevable, pour toutes les raisons invoquées jusqu'ici: 10€ c'est le prix pour UNE seule place de ciné pour UN seul film, et c'est le prix aussi de l'abonnement à Netflix pour UNE année entière, films et séries à volonté. Le calcul est vite fait, en tout cas pour 99% des spectateurs, peut-être pas en effet pour Spielberg et monsieur Art & Essai. De plus si cet abonnement permet à Netflix de financer des cinéastes qui ne le sont plus dans le circuit traditionnel c'est gagnant là aussi, et pour le public et pour les cinéastes. Comme l'a fait remarquer un des commentateurs plus bas c'est exactement ce qui s'était passé avec Canal+ à l'époque: ils avaient fait bouger les lignes de diffusion des films (VO et choix du moment de visionnage) tout en finançant en parallèle des productions.

En fait quand on y pense le débat actuel sur Netflix est similaire au débat qui a eu lieu dans les années 80 lors du boom des VHS: le choix chez soi à bas prix a fait flipper les acteurs du cinéma. Je suis assez ancien pour avoir arpenté les présentoirs des vidéo-clubs à l'époque et découvert par ce biais des millions de films que jamais je n'aurais vu au cinéma, et Netflix me fait un peu penser à ça, une sorte d'immense vidéo-club virtuel. La technique a changé, en mieux (car si l'argument à l'époque des VHS sur la qualité de diffusion était pertinent il ne l'est absolument plus du tout aujourd'hui) mais le résultat est le même.

L'arrivée des VHS et de Canal+ a aussi bouleversé les méthodes de diffusion, et a amené à cette fameuse "chronologie des médias" qui caractérise le PAF français: la réponse à une nouvelle liberté a été une sévère reprise en main (cette phrase peut s'appliquer à tous les aspects de notre vie) de la part de l'état et des producteurs/distributeurs de films. Ce système est complètement sclérosé et surtout de nos jours complètement inadapté aux nouvelles manières de voir des films et à la réalité du cinéma. Netflix là encore, malgré lui cette fois, met en lumière un débat intéressant à ce sujet.

Ça rappelle aussi le débat sur internet du début des années 2000: une nouvelle technologie se pointe qui bouleverse les traditions établies (la soudaine mise à disposition de films en ligne), et en réponse au lieu d'utiliser cette technologie les studios ont poussé des cris d'orfraie et sont partis à la bataille frontale avec les utilisateurs. Il a fallu attendre des décennies pour qu'enfin quelqu'un se serve d'internet pour proposer du choix et de la qualité. Ça s'appelle la VOD et celui qui y a tout compris c'est.... ;-)

Maintenant je ne suis pas naïf, Netflix n'est pas la panacée, c'est un ogre financier de la même manière que les gros studios traditionnels, mais s'il est venu se positionner là où les autres ne venaient plus, et s'il reste sur ces positions, le spectateur s'y retrouve, et c'est quand même là le principal. Ceux qui râlent sont surtout ceux qui perdent du terrain et donc de l'argent, grosse hypocrisie encore et toujours.

Désolé pour ce pavé, chaque article concernant Netflix et sa fantasmée "menace" me fait réagir et celui-ci m'a permis de tout sortir. ;-)

Le débat reste ouvert.

FredDoBrasil
26/02/2019 à 08:44

Merci @EL pour cet article. Vraiment très intéressant de voir comment cette personne au demeurant probablement très intelligente et cultivée (ce n'est pas ironique, je pense vraiment qu'elle doit l'être) passe à côté des vrais combats. Cela ressemble étrangement aux articles au début des années 2000 qui annonçaient terrifiées que le mp3 allait tout remplacer. Et bien c'est arrivé ou presque (le numérique représente 70% des ventes de musique aujourd'hui en France). Demain le CD sera une niche du marché tout comme le vinyle est aujourd'hui une niche de passionnés.
Et peut-être que oui demain le cinéma en salle sera une niche du cinéma. Je pense que vu l'évolution des sociétés vers toujours plus d'individualisme, c'est une vrai possibilité. Honnêtement c'est dommage et je comprends que ce monsieur veuille se battre contre cela. Bon courage à lui.

gouyou31
26/02/2019 à 08:30

Ils parlent du prix rédhibitoire de Netflix... on en parle des places de cinéma à 12€ par personne ?

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