Saint-Jean-De-Luz 2017 : Diane a les épaules, le premier coup de coeur du festival

Christophe Foltzer | 4 octobre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 4 octobre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

On se plaint souvent, et à raison la plupart du temps, que la comédie française est un genre sclérosé qui pourrit notre cinéma depuis qu'il se conforme aux codes de la télévision. Alors quand un film se démarque et qu'en plus il est de cette qualité, il est de notre devoir d'en parler.

Qu'est-ce qui différencie une bonne comédie d'une mauvaise ? Une question pas si facile, surtout en ce moment où, entre les retours critiques et les fréquentations des salles, il est devenu compliqué d'en dégager une véritable tendance, voire une règle. Une question à laquelle, en tout cas, Fabien Gorgeart a décidé de ne pas répondre avec son premier long-métrage, Diane a les épaules. Non, lui, il a simplement décidé de faire un film. Son film. Et ça tombe bien, c'était certainement la meilleure chose à faire. 

 

Photo Diane a les épaules

 

EN CLOQUE, MODE D'EMPLOI

Diane a les épaules nous raconte l'histoire de Diane, donc, qui a décidé de porter l'enfant de son couple d'amis homosexuels, alors qu'elle se sent dénuée de tout instict maternel. Pour elle, le calcul est simple, elle n'est qu'une mère porteuse, un utérus, et ça n'ira jamais plus loin. La grossesse avançant, forcément il se passe quelques petites choses en elle et sa rencontre avec Fabrizio, l'électricien qui retape la maison familiale, risque encore plus de compliquer l'équation d'autant que le jeune homme a un peu de mal à s'accomoder à cette situation un peu particulière.

Dit comme ça, le film pourrait tout de suite s'imaginer comme étant d'une limpidité mécanique dans son récit, lancé sur des rails bien connus qui sacrifieraient à tous les clichés du genre, comme on l'a déjà vu cent fois. Ce serait une lourde erreur que de l'aborder dans cet état d'esprit, tant le film surprend dès ses premiers instants. Ecrit spécialement pour sa comédienne, Clotilde Hesmes, Diane a les épaules nous prouve immédiatement qu'il ne sera pas une comédie franchouillarde où nous mettrons notre cerveau en veille, ne serait-ce que parce qu'il s'attaque à un sujet délicat, la GPA en l'occurrence, en ayant toutefois l'intelligence de ne pas en faire le centre de son récit et de ne pas se proposer en manifeste prosélyte sur la question.

 

Photo Diane a les épaules

 

Diane a les épaules se veut avant tout un film profondément humain, le portrait d'une poignée d'êtres confrontés au moment le plus important de leur vie et les conséquences que cela aura sur leurs existences. Avec une finesse et une intelligence surprenantes pour un premier film, Fabien Gorgeart nous emmène hors des sentiers battus pour nous proposer un univers, son univers. Et cela fonctionne immédiatement. Tantôt (très) drôle, tantôt (très) touchant, le film est un véritable ascenseur émotionnel qui nous saisit à notre insu et attendrira les coeurs les plus durs. Le mérite en revient évidemment à une écriture exemplaire, à une justesse des émotions et des sentiments tout autant qu'à une réalisation léchée au diapason.

 

CLOTILDE LA FLAMBOYANTE

Clotilde Hesmes crève l'écran et nous donne l'impression d'avoir attendu ce rôle toute sa vie tant elle s'y investit. Nous savions déjà qu'elle était une grande actrice dramatique, nous découvrons aujourd'hui qu'elle est une gigantesque comédienne comique, entourée de seconds rôles parfaits en tous points que sont Fabrizio Rongione, Thomas Suire et Grégory Montel. L'alchime entre eux est telle que l'on en arrive à un degré de naturel que, pour le moment, on ne retrouvait que chez des cinéastes comme Judd Apatow, des artistes avant tout portés sur l'humain. Comme c'est curieux.

 

Photo Diane a les épaules

 

Cela dit, vu son personnage et le sujet qu'il aborde, il ne faut pas s'attendre à ce que Diane a les épaules soit une grosse comédie burlesque un peu nunuche comme on a l'habitude d'en voir ces dernières années. Non, ici, nous sommes dans le subtil, dans l'équilibré, dans l'honnêteté et la sincérité d'un auteur et d'une équipe qui n'ont pas d'autre ambition que d'apporter leur point de vue sur un sujet de société tout en nous divertissant. Et cela fonctionne à merveille tout en ne sacrifiant jamais à la facilité. Car, sous ses aspects comiques tendres, le film possède un véritable fond mélancolique, notamment dans son personnage principal, perdu dans sa vie, doté d'un gros caractère et d'une forte fierté qui n'arrive pas à se dévoiler, même à ses compagnons les plus intimes. Un portrait de femme certes, mais aussi d'une génération à la croisée des époques, tiraillée entre les vieilles valeurs des parents, la confusion du présent et l'angoisse qui en résulte naturellement avec toujours ce même sentiment de ne pas trouver sa place parce que l'on s'ignore soi-même. Le tout magnifié lors d'un ultime plan-séquence tout simple dans son principe mais d'une intensité et d'une émotion telles que l'on en sort bouleversé.

 

Diane a les épaules est une énorme surprise, tout autant que l'acte de naissance d'un réalisateur qu'il va falloir suivre de très près ces prochaines années. Totalement dévoué à son histoire, à son public et à sa magnifique comédienne, il nous venge de toutes les comédies pourries qu'on nous assène à longueur de temps en nous permettant en plus de réfléchir à notre époque. Définitivement un grand film qu'il ne faudra surtout pas rater lors de sa sortie le 15 novembre prochain.

 

Photo Diane a les épaules

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commentaires
Étoile
05/10/2017 à 07:46

Film que vous portez en vous !!
Que vous voulez partager !!
Le rire l émotion tout est la !!!
A voir et a revoir sans modération