Paz de la Huerta (Enter the void)

Didier Verdurand | 4 mai 2010
Didier Verdurand | 4 mai 2010

On a vu avec Nathan Brown, les interviews par mail peuvent avoir une bonne dose de flou artistique. Avec Paz de la Huerta, sa jolie sœur dans Enter the void, pas de chichi : on prend les questions qui plaisent, et basta. Vous ne saurez donc pas si elle se considère plus actrice que mannequin, si elle accepterait de faire un porno pour Gaspar Noé, si elle traîne dans les coffee-shops d'Amsterdam pour préparer son prochain film, etc... Des questions essentielles, quoi ! Voici donc ses réponses aux questions élues et qu'elle en soit remerciée car comme on dit, c'est mieux que rien. Mais... Lui aurait-on caché qu'on n'était pas Madame Figaro ?

Quelle image retenez-vous de votre passage à Cannes l'année dernière ?

C'était surréaliste, un peu comme un conte de fées. Vous êtes plongés dans un drame et à la fois entourée d'amour, c'est très impressionnant. Monter les marches sur le tapis rouge pendant qu'un écran géant projette cette image provoque une sensation extraordinaire, j'étais comme stone. Le fantasme que je m'étais fait sur les avant-premières était en train de se réaliser, et je n'en avais jamais vécue une qui puisse être comparable. A la fin de la projection, il y a eu un grand silence et je me suis mise à pleurer, terrifiée par la réaction à venir du public. J'étais submergée par l'émotion... Gaspar et moi-même avons tant donné au film... Et les spectateurs se sont levés et ont commencé à applaudir, longuement. Pendant 15 minutes. C'était beau.

 

 

La rencontre avec Gaspar ?

J'avais 19 ans et je vivais à Los Angeles. J'avais vu Irréversible deux ans auparavant et c'était certainement le dernier film que j'avais vu. J'en avais eu le souffle coupé... J'avais des sentiments tellement contradictoires pendant la scène de viol de Monica... Tout cela m'a vraiment remuée. Ce film est un chef d'œuvre. Donc quand j'ai rencontré Gaspar, j'étais déjà une immense fan. Et j'ai appris à le connaître... J'ai réalisé à quel point c'est un gentleman et sa gentillesse m'a vraiment sécurisée. Pendant les trois ans que nous avons consacré au film, nous étions comme frère et sœur.

La rencontre avec Nathan ?

Gaspar et moi avons vu un certain nombre de garçons pour le rôle mais aucun ne nous semblait être le bon. Et puis Nathan est apparu. Je me rappelle l'avoir trouvé très maigre et il avait l'air de mauvaise humeur... C'est celui qui nous a le plus intéressé. Il était honnête. Il m'a plu et je savais qu'il plairait aussi à Gaspar parce qu'il avait le crâne rasé, comme lui.

La scène la plus difficile à tourner ?

Il y en avait plusieurs, je pense à toutes celles où je suis dévastée, seule, en colère et en larmes. La caméra était tellement haute au-dessus de moi que je ne pouvais me rendre compte si elle captait mon émotion. La scène où j'apprends la mort de mon frère était particulièrement intense parce que Gaspar adore les longs plans-séquences et que celui-là était compliqué. Il commence pendant que je baise avec Mario, puis le téléphone sonne et on entend le répondeur se mettre en route. Jusqu'à ce que Mario me laisse seule et que j'écoute le message. Je devais pleurer et crirer pendant un laps de temps qui me paraissait durer 20 minutes... Gaspar criait « Coupez » et je devais recommencer le début de la scène : baiser avec Mario. C'était une montagne russe d'émotions. Aller de l'extase au désespoir... La longueur de la scène me faisait un peu penser au théâtre. Il fallait que je sois présente à chaque instant. Je me suis immiscée au plus profond de mon personnage pour y parvenir. Linda est très courageuse et elle m'a aidé à rester forte.

 

 

Le dernier film que vous avez adoré ?

Je ne suis pas allée au cinéma depuis très longtemps... Mais j'adore acheter de vieux films. Le dernier que j'ai regardé est un film de Fassbinder, Les Larmes amères de Petra von Kant. J'adore ce film et je sais qu'il est tiré d'une pièce. Je voudrais la produire sur scène et interpréter le rôle de Karin.

Où peut-on vous croiser à Tokyo ?

Le Red Bar est l'un de mes endroits préférés. Il y a également Le Baron de Paris, du graffitteur André. J'ai passé beaucoup de temps seule, à errer du côté d'Ayoyama. J'allais aussi une fois par moi dans des bains publics. J'en ai trouvé un coréen que j'aimais particulièrement.

Et à Paris ?

J'y ai de nombreux souvenirs avec mon père. J'adore les Tuileries, j'aimais aller sur les manèges là-bas. Un jour, j'étais très triste et Gaspar m'y a emmenée. Nous avons été sur le manège qui monte très haut pour redescendre en chute libre. Il s'agissait d'une thérapie électrique... mais j'ai arrêté de pleurer. J'aime aussi la brasserie Lipp et un magasin de comics de l'autre côté de la rue, on y allait souvent avec mon père. Et j'aime l'Hôtel Amour dans le 9è. André est un ami et on est toujours à mes petits soins quand je reste dans son hôtel. Et enfin l'Hôtel Lotti parce que mon père y vivait quand j'étais toute petite.

 

Pour voir de superbes photos de Paz dans son nouvel appartement à New York, cliquez sur la photo d'Olivier Zahm :


 

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