Ridley Scott (Les Associés)

Didier Verdurand | 1 mars 2005
Didier Verdurand | 1 mars 2005

Avec quelques œuvres considérées comme des grands classiques à son actif, Ridley Scott est sans aucun doute l'un des plus grands réalisateurs en activité, ne cessant d'explorer de nouveaux genres. Arrivé sur les planches avec sa version remontée d'Alien et son dernier (bon) film, Les Associés, Ridley Scott s'est vu remettre les insignes d'Officier des Arts et des Lettres. C'est à l'hôtel Royal que cet immense artiste a bien voulu nous accorder un rapide entretien.

La sortie d'une nouvelle version d'Alien, cela provient d'un réel désir à combler, ou bien c'est une opération marketing ?
Je pense pour dire la vérité que les deux sont justes. De mon côté, cela va de soi, l'idée me tentait. La Fox quant à elle avait ses propres raisons. C'est une manière de célébrer le 25e anniversaire de la série, dont ils sont fiers, et ils veulent le faire savoir ! Ce n'est pas évident pour autant qu'ils en ressortiront un bénéfice financier. Le plus intéressant dans cette histoire, c'est que l'immense majorité de la nouvelle génération va avoir un choc en découvrant Alien dans des conditions optimales.

Aujourd'hui, vous avez systématiquement le final cut ?
Oui. Il faut cependant rester responsable par rapport à ce privilège, si vous voulez le garder. Il est préférable de garder de bonnes relations avec les studios et les investisseurs. C'est la moindre des choses quand vous avez un budget de 100 millions de dollars !


Parlez-nous d'Alien 5 !
La Fox et Sigourney Weaver m'ont contacté, ils souhaitent conclure la série par celui qui l'a commencée. Mais il n'y a rien d'avancé, nous ne sommes même pas vraiment au stade des discussions sérieuses. Je ne sais pas vraiment ce que je pourrais faire… À moins de retourner justement aux questions posées dans le premier épisode. D'où vient le vaisseau écrasé sur la planète avec ce mystérieux extraterrestre à l'intérieur ? On pourrait se demander si des armes de destructions massives n'ont pas été utilisées, qui pourraient menacer la Terre. Je pourrais m'inspirer de La Guerre des mondes…

Certains critiques vous reprochent de privilégier le visuel, que leur répondez-vous ?
Que je ne fais pas de la radio ! Cela ne me touche pas, car je trouve cela stupide. Je ne fais pas de films pour des aveugles. Les 17 dernières minutes d'Alien sont sans dialogues, il n'y a que des exclamations. Il faut bien garder l'attention du spectateur, donc créer un dynamisme visuel ! J'ai vu récemment The Passion, de Mel Gibson, tourné en latin. C'est un chef-d'œuvre.


Quand on voit le trio de comédiens dans Les Associés, on se dit que vous n'avez pas obtenu de telles performances depuis Thelma et Louise !
Oui. Diriger Nicolas Cage a été un réel plaisir, c'est un immense acteur. Il peut tout jouer. Les autres ont aussi été remarquables.

Est-ce que vieillir à Hollywood est plus facile pour un réalisateur que pour un acteur ?
Je me considère comme un athlète, il faut toujours s'entraîner. Cela me fait penser à Jimmy Connors qui jouait à Wimbledon les dernières années, et le commentateur avait dit : « le pauvre vieux Connors ». C'est la seule fois que j'ai téléphoné à une chaîne télé pour me plaindre ! Pour en revenir à mon cas, j'ai établi une sorte de compétition avec mon frère Tony, de 6 ans plus jeune, et pour garder le contact avec la nouvelle génération, nous travaillons étroitement avec notre boîte d'effets spéciaux. Mais je précise que je ne touche pas aux ordinateurs, je ne saurais même pas en allumer un, je préfère utiliser ma tête ! Il est important de se tenir au moins au courant du développement de nouvelles technologies, et je m'intéresse évidemment de très près au boulot de ma cinquantaine d'employés, qui ont entre 22 et 45 ans..


Quand vous voyez des films anglais tels que 4 mariages et un enterrement ou Full Monty, vous n'êtes pas tenté de réaliser à votre tour une comédie pure ?
Si, tout à fait. Mais il n'y a pas que les comédies anglaises qui me font rire. L'autre jour, j'ai regardé Dumb et Dumber, j'étais hilare. Je me disais : « c'est pas possible, ils vont couper, ils vont couper !!! » et ils n'avaient pas coupé ! C'est très courageux de se lancer dans des comédies si physiques. J'aime aussi beaucoup l'humour des frères Coen. Fargo est un chef-d'œuvre. Faire rire avec des personnages pareils, chapeau !

Vous pourriez vous lancer dans un projet de ce genre ?
Oui, et je pense que Les Associés est une étape franchie dans cette direction. Mon prochain film ne sera pas dans ce style, car je relance Tripoli, que je n'avais pu tourner après La Chute du Faucon Noir en raison des attentats du 11 septembre 2001. Les assurances ne voulaient pas prendre en charge un tournage au Maghreb. J'ai alors reçu un appel de Giannina Facio, la coproductrice, qui avait trouvé remarquable le scénario écrit par les frères Griffin. Je n'ai pas longtemps hésité.

Propos recueillis par Didier Verdurand en septembre 2003.

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