Il y a des matchs qu'on dispute pour flamber, d'autres pour soumettre l'adversaire, d'autres encore pour se forger une réputation. Le match de cricket mené par la superstar Aamir Khan au cœur de Lagaan entre dans les trois catégories : par sa démesure et son exigence artistique, le film de Ashutosh Gowariker a permis à Bollywood de marquer des points dans le monde entier.
Sport et grand écran font souvent bon ménage. Certains, particulièrement cinégéniques, ont motivé nombre d’œuvres cultes : on pense notamment à la boxe de Raging Bull, Million Dollar Baby… Les dramaturgies du dépassement de soi et du 7e art affichent suffisamment de similitudes pour favoriser ce mariage d'émotions.
Vecteur d'accomplissement individuel (Rocky, encore un boxeur…), le sport encapsule parfois des luttes idéologiques ou patriotiques plus larges (Invictus, La Couleur de la victoire, Battle of the sexes…). C'est sur ce segment que se situe Lagaan, dont le match de cricket aux ambitions folles va générer des clameurs enthousiastes dans le monde entier.

Un match de prestige
C'est le point décisif. La batte fend l'air, presque à l'horizontale, et frappe la balle à pleine puissance. Celle-ci s'envole comme une fusée dans le ciel du Gujarat, dans la région de Kutch. Les joueurs de champ anglais se précipitent pour tenter de la rattraper avant qu'elle touche le sol. Le sort de toute une communauté dépend de ce moment.
À la batte, sourcils froncés et tempes luisantes, se dresse la superstar indienne Aamir Khan. Cet acteur caméléon tourne assez peu, selon les standards bollywoodiens du moins, et choisit chacun de ses film avec grand soin. Son immersion dans la peau du brave Bhuvan est totale, conformément à ses habitudes.
Sur les collines désertiques qui bordent le terrain, des figurants suspendus au dénouement sont massés par milliers. Plus de dix-mille, en réalité : le réalisateur avait initialement tablé sur une centaine avant de comprendre, une fois sur place, sa lourde erreur d'appréciation. D'autres furent donc rapatriés en nombre des environs, quitte à devoir attendre des heures chaque jour sous un cagnard d'enfer. Et tant pis si la costumière Bhanu Athaiya, oscarisée pour Gandhi, a dû mettre les bouchées quadruples.

Le choix du sport n'a bien sûr rien d'innocent. Car en Inde, le cricket (que Woody Allen a joliment surnommé "le chant du saule sur le cuir") est une institution qui déchaîne les passions. Il pourrait avoir dérivé d'un jeu d'enfant en Angleterre, bien que sa plus ancienne mention officielle vienne de France, près de Saint-Omer. Évidemment, c'était pour s'engueuler au sujet d'une partie dans une lettre de doléances adressée au roi Louis XI…
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salut.
ça chante et danse dans le film?
Je ne regarde pas les films indiens notamment à cause de cet aspect mais si ça ne chante pas je me le materai. Merci
» Sport et grand écran font souvent bon ménage » OUI !
Merci d’ouvrir mes horizons sur Bollywood dont je ne connais presque rien. Ce film a l’air particulier et me donne envie de tenter le coup (malgré la durée).
Ce film est légendaire. La BO est tellement cool