En 1976, Richard Lester s’empare de la légende de Robin de Bois dans La Rose et la Flèche, balade mélancolique dans la forêt de Sherwood avec Sean Connery et Audrey Hepburn main dans la main.
Au mitan des années 70, une frange du cinéma anglo-saxon se régénère dans la mythologie médiévale. Les Monty Python rhabillent de pied en cap les chevaliers de la Table Ronde sur le mode bouffon dans Sacré Graal !. John Boorman rêve dans son coin d’une transposition titanesque de la geste arthurienne sur grand écran. Chez Disney, on se félicite d’avoir mené à bien l’adaptation en animation de Robin des Bois après un premier live action produit une vingtaine d’années plus tôt.
Le triomphe du dernier film supervisé par l’oncle Walt a probablement tapé dans l’œil de Richard Lester qui se pique de réaliser la « version ultime » de l’une des plus anciennes légendes du folklore britannique. Sorti en 1976, La Rose et la Flèche (Robin and Marian en VO) réunit Robin (Sean Connery) et Marianne (Audrey Hepburn), tous deux la quarantaine bien tapée, aux portes de la mort. La critique applaudit, le public américain boude. « Le cœur de l’histoire, allait plus tard conclure Sean, n’était pas adapté à l’Amérique », rapporte Michael Feeney Callan dans sa biographie de Connery. Les États-Unis rêvaient de batailles épiques, pas d’un baroud d’honneur.

Vingt ans après
La Rose et la Flèche n’a pas le chatoiement du Technicolor des Aventures de Robin des Bois avec Errol Flynn, encore moins la candeur amusée d’un conte de fées disneyien. Cinéaste estampillé « pop » à tort et à travers, eu égard à sa contribution à la Beatlemania, Richard Lester réduit le mythe à l’os et l’assèche. Cette « version absolue » signée James Goldman (scénariste du Lion en Hiver de Richard Harvey, film aux accointances certaines avec celui de Lester) se reconnecte à un texte primitif, La Geste de Robin des Bois, probablement publié au XIVe siècle. « Écoutez-moi bien, gentilshommes, vous qui avez du sang d’hommes libres. Je vais vous parler d’un bon yeoman, son nom était Robin des Bois », annonce le narrateur en introduction du long poème.
Le scénario de Goldman suit notre héros, lessivé par les Croisades, de retour à Sherwood, vingt ans après avoir joyeusement détroussé les riches. Barbe broussailleuse et front luisant de sueur, Sean Connery évoque davantage ce « yeoman » crasseux, guerrier paysan doublé d’un fin archer, que le bandit au grand cœur en lutte contre la seigneurie normande dépeint par les récits du XVIIIe siècle.
Richard Cœur de Lion (Richard Harris), roi chevalier auquel Robin est inféodé, a quant à lui perdu la vie lors du siège de château de Châlus dans le Limousin. Orphelin de son père de substitution, le rebelle saxon flanqué de son fidèle Petit Jean (Nicol Williamson) remonte sur les traces du héros qu’il fut et reprend un combat joué d’avance contre le shérif de Nottingham (Robert Shaw).
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Je me souviens de la fin avec Robin qui tire une flèche et demande à être enterré à l’endroit où la flèche sera tombée. C’est beau. Enfin faut juste espérer qu’un paysan ne l’ai pas reçue.
Superbe distribution. Sean Connery et Audrey Hepburn mais aussi la crème de la crème des acteurs britanniques et irlandais: Robert Shaw, Richard Harris, Nicol Williamson, Denholm Elliott, Ian Holm.
Un très beau filmsur la nostalgie et la sensation douce amer de « vieillir » et ne plus comprendre le monde. Un peu comme Kirk dans la colère de Khan et Fonda dans « Mon nom est personne ». Mais qui ont la cinquantaine et non la « quarantaine bien tapée, aux portes de la mort ». Il leur reste quelques décades supplémentaires d’incompréhension à vivre même si le spleen leur arrive à un age plus tardif que chez un millenial.
« Tous deux la quarantaine bien tapée, aux portes de la mort »
Je suis en PLS
Une absolue superbe version de Sir Robin.
La fin est d’une délicieuse amertume rare pour ce genre de héros. Sean & Audrey au firmament!