Pirates des Caraïbes, Lone Ranger... oui, Gore Verbinski est l'un des meilleurs réalisateurs hollywoodiens

La Rédaction | 17 novembre 2021 - MAJ : 18/11/2022 19:23
La Rédaction | 17 novembre 2021 - MAJ : 18/11/2022 19:23

Pirates des CaraïbesLone Ranger, Le Cercle, Rango... oui, Gore Verbinski est un grand cinéaste, et l'un des meilleurs actuellement à Hollywood.

Gore Verbinski, ce n'est pas uniquement l'homme derrière la trilogie phénoménale Pirates des Caraïbes, qui reste des années après un modèle de production hollywoodienne de qualité premium. Avant et après ce monument de spectacle, le réalisateur a prouvé son talent dans la comédie, l'horreur, le drame, le western et même l'animation, toujours avec une maîtrise formidable.

Bref, Ecran Large aime largement Gore Verbinski (et ne cessera jamais de rêver de son film Bioshock abandonné). Retour sur sa carrière et déclaration d'amour.

 

Photo Pirates des CaraibesGore Verbinski et Johnny Depp sur le tournage de Pirates des Caraïbes 2

 

LA SOURIS

Sortie : 1997 - Durée : 1h39

 

photoLe premier qui rira aura une tapette

 

Après une prolifique carrière dans le clip et la pub (on lui doit notamment la création de la célèbre grenouille de la marque de bière Budweiser), Gore Verbinski se dit qu'il est plus que temps de passer à son rêve : la réalisation d'un long-métrage. Plutôt que de passer par la case habituelle du petit film indépendant propice à le faire remarquer dans tous les festivals du monde, il plonge de plein-pied dans le divertissement familial et le film à effets spéciaux.

Ce sera La Souris, une comédie très influencée par l'univers du cartoon où deux frères héritent d'une maison à la mort de leur père. Alors qu'ils cherchent à la revendre, ils se retrouvent confrontés à un locataire inattendu : une souris espiègle et rusée qui va leur pourrir la vie.

Déjà, tout le cinéma de Verbinski est contenu dans ce premier essai : son goût pour les genres populaires, sa détermination à amener dans un plan réaliste des concepts jusqu'ici réservés uniquement aux dessins animés, et une utilisation novatrice et risquée des effets numériques. Un premier effort qui ne passe pas inaperçu puisque le film connaitra un très bon accueil en salles, révélant le talent du bonhomme à un public qui ne s'en doutait pas et lui permettra de se faire repérer par Disney.

 

LE CERCLE

Sortie : 2003 - Durée : 1h50

 

Le CercleRing of Terror

 

C'était la vraie malédiction des années 2000 : les remakes de films d'horreur japonais par les studios hollywoodiens, avec en sommets de cauchemars les navets Pulse (remake de Kaïro) et La Mort en ligne (remake de One Miss Call). Mais cette vague opportuniste a également donné quelques belles surprises, et Le Cercle : The Ring défend une place de premier choix.

Le remake de Ring est certes un pur produit hollywoodien, lancé pour les pires raisons, et emballé dans les conditions habituelles (pas de scénario fini au début du tournage). Mais c'est aussi et surtout un parfait exemple du genre, où toute l'équipe a pris l'exercice suffisamment au sérieux pour que le film existe à part entière, noblement. L'interprétation ultra-solide de Naomi Watts, la musique lancinante de Hans Zimmer et la photo glaciale de Bojan Bazelli sont autant d'outils que Gore Verbinski utilise pour réécrire le cauchemar dans un nouveau territoire.

Sans jamais oublier le cahier des charges, et quitte à trop éclairer le mystère, le réalisateur compose un film d'horreur bien plus mature et raffiné que la moyenne. Il s'attarde sur la froideur du matériel vidéo et des paysages, s'accroche à son héroïne (un beau personnage de mère complexe), n'a pas peur des vides et des silences, et étire avec brio l'angoisse pour provoquer quelques excellents pics de peur (ce flashback stridant sur le cadavre de Katie). Bref, une parfaite petite leçon de piratage du système, simple, modeste et redoutable.

 

LA TRILOGIE PIRATES DES CARAIBES

Sortie : 2003, 2006 et 2007 - Durée : 2h23, 2h31 et 2h49

 

Photo Johnny DeppCe coffre aux trésors

 

S'il y a bien une raison d'accepter la franchise de Disney malgré ses errances, c'est le deuxième épisode sorti en 2006. Enivré par le succès monstre du premier film en 2003 (plus de 650 millions de recettes pour un budget de 140), Disney a ainsi laissé Gore Verbinski tourner deux suites d'affilée, avec des moyens titanesques. Si le troisième, Jusqu'au bout du monde, n'a pas forcément été à la hauteur, Le Secret du coffre maudit a offert la meilleure aventure de la saga.

La fuite de l'île des cannibales, l'attaque du kraken, le combat à l'épée à trois, la roue à travers la jungle : le réalisateur manie avec un plaisir évident les codes du film d'aventure, et déploie une énergie folle pour filmer un irrésistible chaos entre terre et mer. Le timing comique est souvent délectable, avec de nombreux décrochages dans les points de vue pour mettre en valeur l'absurdité des situations, et l'action (sensationnelle) est aussi satisfaisante que l'humour (burlesque).

Malgré des longueurs et une intrigue qui n'est clairement qu'un prétexte à un joyeux cirque, Pirates des Caraïbes 2 est l'achétype de la superproduction de qualité, bien pensée, façonnée et exécutée. Avec un soupçon de folie pour lui apporter une belle force. C'est assez rare pour être remarquable.

 

THE WEATHER MAN

Sortie : 2005 - Durée : 1h41

 

Photo Nicolas Cage Sale temps pour Nicolas Cage

 

C'est l'un des films facilement oubliés dans la filmographie de Gore Verbinski. Normal : il a été tourné entre Pirates des Caraïbes 2 et 3, et donc forcément englouti dans ce raz-de-marée, et a en plus été un échec à sa sortie (à peine 20 millions au box-office pour un budget de 22). Pourtant, c'est l'un des plus intéressants et importants dans sa carrière.

Petite pause forcément arty en comparaison du monstre Pirates des Caraïbes, The Weather Man raconte l'histoire forcément triste d'un présentateur météo tiraillé entre la maladie de son père, sa carrière qui pourrait décoller, et ses propres démons. Un programme somme toute très classique, mais qui amène peut-être au meilleur film de Gore Verbinski. En tout cas, l'un des plus intimes et personnels.

C'est en partie grâce à un Nicolas Cage en état de grâce et un Michael Caine parfait, tous deux servis par l'excellent scénario de Steven Conrad (La Vie rêvée de Walter Mitty). Récit d'une simplicité opérative inattendue, comme toute bonne histoire universelle et bouleversante, The Weather Man montrait à quel point Gore Verbinski avait un vif désir de ne pas être piégé par le système. Tourner un tel film au milieu d'une giga-trilogie est n'est pas anodin, et c'était assurément une manière de garder les mains sur le volant de sa carrière. En résulte un chef-d'oeuvre trop souvent mis de côté, brillant et bouleversant. Une espèce de Family Man (toujours avec Nicolas Cage), mais avec beaucoup (plus) de talents.

 

RANGO

Sortie :2011 - Durée : 1h47

 

photoLa Mort aux trousses

 

Comme le remake ou le blockbuster, le film d'animation est un autre genre épineux pour les cinéastes. Réalisé après la trilogie Pirates des Caraïbes, avec à nouveau Johnny Depp mais également le prestigieux  John Logan (Aviator, Skyfall) au scénario, Rango est donc un produit très calibré, qui brille moins dans sa globalité que dans le détail.

Car cette histoire ce caméléon domestique, échoué accidentellement sur une route au milieu du désert, regorge de moments étonnants. Avec ses personnages étranges et monstrueux, ses gags tonitruants, ses références appuyées et son côté méta qui se moque de la narration hollywoodienne, il se démarque de la concurrence grâce à une âme inattendue. Ecartelé entre des scènes d'action folles et un ton moins ordinaire, à l'image de cette scène nocturne où le héros marche au milieu des voitures avant d'être emporté par des insectes, Rango n'est pas exempt de défauts - notamment dans son rythme et sa durée, encore excessive. Mais il permet à Gore Verbinski de briller, avec une mise en scène particulièrement étourdissante et une poignée de séquences très belles.

 

LONE RANGER

Sortie : 2013 - Durée : 2h29

 

photo, Johnny Depp, Armie HammerLe bad masqué

 

Lone Ranger, c'est d'abord une équation douteuse : une adaptation d'un symbole poussiéreux de la pop culture américaine et la réunion du duo de Pirates des Caraïbes, avec la conviction que Gore Verbinski et Johnny Depp sauront redynamiser la formule du cowboys et des indiens comme celle des pirates (malgré les échecs de Wild Wild West, Jonah Hex, et Cowboys & envahisseurs).

C'est ensuite une réputation désastreuse : Disney qui repousse le tournage au dernier moment pour imposer une réduction du budget et donc du salaire de l'équipe, une date de sortie plusieurs fois changée, et un débat sur le casting de Depp en Indien.

C'est au final l'un des gros titres de l'année 2013 : Lone Ranger est un flop spectaculaire, qui a officiellement coûté 225 millions (la presse américaine parlait d'un coût nettement supérieur à cause d'une production compliquée) mais n'a pas dépassé les 260 au box-office. Un désastre et une perte estimée à 150-190 millions, qui survient après celui de John Carter l'année précédente.

Le film est pourtant un objet qui mérite le détour : une superproduction semblable à un gigantesque cartoon plein de fric et de cascades, comme d'immenses et régressives montagnes russes. Rien que la grande scène finale du train est une hallucination à tous les niveaux, tellement généreuse et spectaculaire qu'elle frôle l'overdose, comme rarement l'a osé un blockbuster de ce type.

Là encore, Verbinski abuse du plaisir (2h30), mais démontre une telle maîtrise et foi presque naïve en son aventure que Lone Ranger est séduisant à souhait. Le fait que Disney lui ai permis de réaliser ce blockbuster ridicule, et que le public l'ait violemment rejeté, rend la chose plus touchante encore.

 

 

 

Tout savoir sur Gore Verbinski

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commentaires
Tonto
06/10/2017 à 18:39

Je me lasserai jamais de relire cet article ! Un superbe hommage rendu à un des plus grands créateurs actuels que le cinéma américain nous ait fourni...

Stavos
19/02/2017 à 00:55

@Chris :
Zanta évoque très certainement The Lone Ranger qui, avant d'être un film, était une série TV des années 50 (et pas 60) très peu connue en France.

alex
18/02/2017 à 13:33

J'ai été voir Cure for Life hier et je ne me rappelle pas m'être autant ennuyé depuis longtemps, certes le film est plus travaillé esthétiquement et la plupart des plans sont jolis mais si l'emballage est sympa le reste l'est moins ! Le rythme du film est lent et ennuyeux, on devine dès la première heure ce qu'il va se passer ( un gros arrière gout de Shutter Island ) le scénario est truffé d'incohérences ( le dernier acte est ridicule ) on a l'impression qu'il a été réécrit sur le moment. Donc bon réal peut être, mais pas ici.

Chris
17/02/2017 à 18:28

J'ai adoré The Lone ranger et pour moi le premier Pirate des caraibe reste le meilleur. @Zanta de quelle adaptation d'une série des 60s tu parles? Tu ne confond pas de réal?

stivostine
17/02/2017 à 16:39

et on lui a rien proposé pour un star wars ? le mec n'a pas fait un seul navet....la souris quel chef d'oeuvre !!

Zanta
17/02/2017 à 14:17

The Lone Ranger est certes un film malade, mais quel bijou de mise en scène.
Cette poursuite en train finale... Superbe.
Le mec a fait des miracles avec des projets casse gueule - un film sur une souris, un remake d'un film d'horreur japonais, une transposition d'attraction foraine, une adaptation d'une série des 60s que personne ne connait vraiment, un western avec un lézard.
Bref, quand on lui file un budget, il épate, d'une façon ou d'une autre.
Tiens, si c'était lui, le mec que cherchait la 20th Century Fox pour lancer "Gambit" ?