Deauville 2012 (jours 5 et 6) : on the road, Jack !

Perrine Quennesson | 6 septembre 2012
Perrine Quennesson | 6 septembre 2012

Aujourd'hui, entre deux sublimes swings de notre rédac chef, la compétition continue à Deauville. Notamment avec Francine de Brian M. Cassidy et Mélanie Shatzky qui met en scène Melissa Leo en ex-détenue tendance Brigitte Bardot. Comme sa cousine française Louise Wimmer, Francine n'est pas une femme faible ni une victime. Elle est ici une personne inadaptée qui tente de revivre après un moment à l'écart du monde. Elle a une maisonnette au bord du lac et recueille des animaux, seule compagnie qu'elle maitrise et qu'elle affectionne, jusqu'à l'excès. Film presque naturaliste, Francine laisse perplexe. La faute à des plans excessivement longs et insistants, une sérieuse sensation de déjà-vu et une actrice en flagrant délit d'abus de performance.

 


En poursuivant notre petit road trip, nous avons fait une halte dans le grand nord américain avec Blackbird de Stefan Ruzowitsky. Eric Bana y est un doux psychopathe au bord de la crise de nerfs en plein réajustement familial avec sa sœur. Mais il n'est pas le seul car Blackbird mêle trois histoires de famille très clichées et conflictuelles en pleine période de Thanksgiving. Violent, sanglant et rythmé, Blackbird, s'il n'est pas inoubliable, reste un bon divertissement (lire la critique complète).

 


Quittons les neiges des frontières du Canada pour la chaleur illusoire de la Californie. Dans California Solo de Marshall Lewy, Robert Carlyle est Lachlan, un ancien guitariste d'un groupe de BritPop qui a eu son succès dans les années 80 jusqu'à la mort du leader, Jed,  son frère. Depuis Lachlan travaille dans une ferme et fait taire ses ex rêves de gloire. Mais une arrestation pour conduite en état d'ivresse va remettre en question sa retraite. Carlyle, que l'on n'avait pas vu dans un aussi bon rôle depuis 28 semaines plus tard, dévoile une mélancolie sublime et touchante, de celle qui façonne les génies qui s'ignorent et qui anéantit le bon sens des meilleurs. Son personnage de raté permet de (re)découvrir la bêtise de l'administration américaine mais aussi le rouleau compresseur de la culpabilité. Beau et à vif, California Solo ressemble à une vieille et attachante chanson de country.


Enfin, faisons le pont entre les Etats-Unis et la France grâce au documentaire The Imposter de Bart Layton. Le film reprend un sujet déjà exploité en France dans le film Le Caméléon de Jean-Paul Salomé avec Marc-André Grondin : celui du français Frédéric Bourdin, l'homme qui usurpait l'identité d'enfants disparus. Et notamment, son méfait le plus connu : celui où il s'est fait passé auprès de la famille Barclay pour leur fils Nicholas. Le documentaire retrace dans l'ordre chronologique les événements qui ont abouti à cet immense canular (pas drôle). Pour cela, le réalisateur mêle les images d'archives, une reconstitution des événements en mode docu-fiction et une narration faite par tous les protagonistes de l'affaire. Sans voix-off. Passionnant et très perturbant (notamment lorsque Bourdin parle, c'est-à-dire très souvent), The Imposter termine sur le fond de la pensée de chacun comme un grand vidage de sac par caméra interposée.



Vivement demain pour une tournée sanglante des Etats-Unis et un rendez-vous aux Alcooliques Anonymes.

 

Souvenir de festivalier(s)   

 

Frank Langella, héros du film Robot & Frank puis Frédéric Beigbeder, président du jury Révélation Cartier, reviennent sur un film indépendant américain qui les a marqués.




 

 

 

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