Claude Berri : portrait du dernier nabab

Thomas Messias | 12 janvier 2009
Thomas Messias | 12 janvier 2009

Le dernier nabab. C'est le titre du documentaire consacré à Claude Berri par Mathias Ledoux en 2005, en collaboration avec Jean-Pierre Lavoignat et Christophe d'Yvoire. Le dernier nabab n'est plus, emporté ce lundi 12 janvier par un accident vasculaires cérébral. Il fallait rendre hommage à cet homme-orchestre, créateur et découvreur, qui fit longtemps la pluie et le beau temps dans le cinéma français.

 

 


 

 

Né à Paris en 1934 d'une mère ouvrière et d'un père fourreur, Claude Berel Langmann envisage un temps de reprendre l'activité de son père, mais les cours de théâtre auquels il participe lui donnent rapidement l'envie de se consacrer à une activité artistique. Après des années de figuration et d'apparitions (chez Autant-Lara, Renoir, Costa-Gavras ou Chabrol), il décroche la timbale en 1960. Un concours nommé « Naissance d'une étoile » le consacre meilleur comédien et lui pemet d'obtenir un rôle dans La vérité de Henri-Georges Clouzot, aux côtés de Brigitte Bardot.

 

 

 

 

Le voilà lancé : dès lors, rien n'arrêtera celui qui s'est rebaptisé Claude Berri. Poursuivant son activité d'acteur avec parcimonie (ce n'est pas là son plus grand talent, et il n'a pas vraiment le physique d'un jeune premier), il se lance rapidement dans la réalisation. Ses débuts en tant que metteur en scène sont couronnés de succès, puisque son court-métrage Le poulet obtient en 1962 un prix à Venise et surtout un Oscar. Suivront une vingtaine de longs, dont Le vieil homme et l'enfant en 1966, film très autobiographique que complètera Le cinéma de papa en 1970.

 


 

 

Dès 1967, Berri décide également de produire des films. Une fructueuse carrière qui commence par Garrel (Marie pour mémoire), Pialat (L'enfance nue), Gainsbourg (Je t'aime moi non plus), Polanski (Tess, couvert de Césars)... Par la suite, il ne cessera d'alterner en tant que producteur des films d'auteur souvent recommandables et des comédies populaires faisant aujourd'hui partie de la culture collective hexagonale. Claude Zidi, Jean Yanne ou encore Bertrand Blier font partie de ses protégés.

 

 

 

 

Parallèlement, il poursuit sa carrière de metteur en scène, s'offrant régulièrement le premier rôle. Une habitude qu'il abandonnera après Sex shop et Le mâle du siècle en 1976. Par la suite, on ne le reverra comme réalisateur-acteur que dans La débandade en 1999. Entre les deux, il aura notamment réalisé Un moment d'égarement (1977), Le maître d'école (1981), Tchao pantin (1983), Jean de Florette & Manon des Sources (1986), ou encore Germinal (1993). C'est dire l'étendue de la palette de ce véritable artiste, qui a su montrer qu'il était bien plus qu'un simple financier. Daniel Auteuil, Renaud et Coluche en acteurs dramatiques, c'est lui. Idées de génie qui ont permis au premier d'effectuer la carrière que l'on connaît, et aux deux autres d'émouvoir en sortant de leurs attributions habituelles.

 

 


 

 

14 millions d'entrées cumulées avec le diptyque pagnolien, 4 avec Tchao pantin, 6 avec Germinal... Berri a connu de formidables succès avec ses films, tout comme il a souvent réussi en produisant ceux des autres. Parmi ses plus gros cartons : Banzaï ! (1983), Gazon maudit (1994), Les trois frères (1995), Didier (1997), et surtout Astérix & Obélix : mission Cléopâtre (2002) et Bienvenue chez les ch'tis (2007), deux des plus gros cartons de l'histoire du cinéma français (avec respectivement 14,4 et 20,5 millions d'entrées, excusez du peu).

 

 


 

 

Berri nous quitte donc sur un triomphe en tant que producteur avec le seul film ayant dépassé La grande vadrouille, un joli succès de réalisateur avec Ensemble c'est tout (2,3 millions d'entrées), mais nous laisse également plein de jolis souvenirs, peut-être moins rentables mais au moins aussi marquants. On lui doit notamment Mauvaise passe, Les sentiments, La séparation, La graine et le mulet. Quelques films parmi tant d'autres, ne reflétant qu'une partie du CV et de la personnalité de cet artiste et artisan déterminé et fort en gueule, mais dont la vraie tronche avait quelque chose de franchement attachant, bien plus que celle des habituels mécènes du cinéma français. Son fils Thomas, qui s'est lancé lui aussi dans l'activité de producteur, a encore un sacré boulot à accomplir pour se montrer digne de son père.

 

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