La grande histoire d'amour lesbienne interdite dans son propre pays

Axelle Vacher | 21 septembre 2023
Axelle Vacher | 21 septembre 2023

Tourné à la sauvette et porté par un casting d'acteurs amateurs, Fish and Elephant de Li Yu s'est imposé comme la toute première romance lesbienne de Chine continentale.

Inutile de rappeler combien l'industrie cinématographique est majoritairement dominée par le regard masculin aux quatre coins du monde ; le continent asiatique et sa culture assujettie au patriarcat ont beau n'être que des exemples parmi tant d'autres, les réalisatrices y peinent à se faire une place au sein du paysage audiovisuel. Aussi, là où les noms de Wong Kai-wai, Wáng Bīng ou encore Hou Hsiao-Hsien parlent sans doute aux cinéphiles, celui de Li Yu sonne probablement comme inconnu. 

Pourtant, la cinéaste est l'une des figures subversives bien connues de la Chine continentale. Issue du documentaire, Li Yu aime à mettre en lumière les femmes et désire justement consacrer un récit à la communauté lesbienne, malgré la frilosité des moeurs. Elle décide alors de se reconvertir à la fiction en 2001 avec la production du long-métrage Fish and Elephant, soit la toute première romance saphique du pays. Un récit difficile à faire exister, encore aujourd'hui.

 

Fish and Elephant : photoAucune autre image du film n'étant disponible en ligne, on va composer autrement

 

police des moeurs

N'y allons pas par quatre chemins : la Chine n'est pas exactement le pays le plus progressiste qui soit au regard de la condition LGBTQ+. Au-delà du tabou qui entoure la question, le Parti communiste chinois a entrepris de criminaliser l'homosexualité à son institution en 1949, arguant qu'il s'agissait là d'une pratique décadente et occidentale.

De longues années seront nécessaires avant qu'un changement soit observé sur le sujet. C'est ainsi qu'en 1997, une nouvelle loi dépénalise la pratique de la sodomie, et qu'en 2001 l'homosexualité est finalement rayée de la liste des maladies mentales par la nouvelle Classification des désordres mentaux. Charmant. 

 

Fish and Elephant : photo Double XposureDouble Xposure, le quatrième film de fiction dirigé par Li Yu

 

Cela ne signifie toutefois nullement que le pays, toujours profondément traditionaliste, a totalement changé son fusil d'épaule. En effet, les couples de même sexe ne disposent toujours pas du droit de mariage, et a fortiori ne peuvent fonder une famille, que ce soit par l'adoption ou la procréation assistée.

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commentaires
L'abdéritain
22/09/2023 à 06:31

@Axelle Vacher
"Il faudra m’indiquer où j’ai écris le contraire ?"

Où avez-vous écriT le contraire? Si vous le saviez, alors c'est plus grave que je ne le pensais: vous rassemblez pêle-mêle, sans aucune précaution, plusieurs réalisateurs s'intégrant pourtant dans des contextes culturels distincts (cinéma taïwanais, hongkongais et chinois) sous le prétexte qu'ils sont... "plus ou moins" chinois, et par conséquents (pour vous) issus d'une Asie uniformément patricale. Superbe. Bien beau de donner des leçons de morale progressiste, encore faut-il soi-même déchausser ses gros sabots occidentalocentrés et vous informer un tant soit peu sur ce malheureux continent asiatique sous le joug de la tyrannie masculine.
PS: De nombreux cinéphiles et amateurs du cinéma asiatiques connaissent Li Yu; ce n'est pas parce que "son nom sonne inconnu" pour vous qu'il faut pour autant en faire une généralité, et encore moins justifier cet état de fait pour le moins discutable par son sexe...

Axelle Vacher - Rédaction
21/09/2023 à 22:16

@L'abdéritain | « Pour votre gouverne: Hou Hsiao-Hsien est Taïwanais, pas chinois »
Il faudra m’indiquer où j’ai écrit le contraire ?

Sébastien
21/09/2023 à 21:57

Quand le cinéma devient politique, il n'est plus que de la propagande.

On s'étonnera donc (ou pas) de voir le milieu germano-pratin du cinéma et des critiques Français s'extasier sur des films qui n'intéressent personne.

(Coucou votre article sur la Cours des Comptes!).

rientintinchti2
21/09/2023 à 21:57

Ils ont raison de ne pas suivre les idéaux de modernité occidentaux. Aujourd'hui t'as des gens qui sont prêts à accepter des mecs en jupe ou en robe de partout mais qui refusent que des jeunes filles aillent en robe longue au lycée. Pauvre France. Comment en est-on arrivés là???

Meko
21/09/2023 à 21:40

Je ne vois pas ce qui devrait séduire la Chine et d'autres pays d'Asie chez les occidentaux et leur "progressisme". Enfin ... sommes-nous des pays qui donnent franchement envie ou des repoussoirs vu le bordel sans nom dans lequel nous sommes ? La question est posée.

A force de se poser en moralistes prompts à juger les autres cultures du haut de notre grandeur (comme cette "journaliste") on ne fait qu'éloigner encore davantage la Chine et d'autres de notre "modèle" (guillemets gigantesques). Et ça beaucoup ne semblent pas le comprendre ; ce n'est pas comme cela qu'on s'y prend.

Quant à ce film, on imagine qu'il est jugé forcément fantastique pour ce qu'il représente et pas pour ses qualités cinématographies intrinsèques. C'est dommage. En tout cas ça ne donne vraiment pas envie de le découvrir.

Uloora
21/09/2023 à 20:30

Merci de donner de la visibilité à ce film invisible :)
(Enfin presqueinvisible, il est disponible sur Youtube dans une qualité disons... déplorable.)

L'abdéritain
21/09/2023 à 20:07

Encore un formidable article d'Axelle Vacher placé sous le signe de l'indignation sélective, où la dimension moralisatrice ne sa cache même plus derrière un vernis cinéphile - inexistant ici. Placer une continent aussi protéiforme que l'Asie sous le signe du "patriarcat"... Vous êtes pleine de nuance et de surprise.
Pour votre gouverne: Hou Hsiao-Hsien est Taïwanais, pas chinois. Faites au moins l'effort de faire semblant, quand bien même l'exactitude des faits énoncés vous intéresserait-elle moins que vos insupportables leçons de progressisme mal embouché en direction de tout un continent.