Schizophrenia : le traumatisme qui a influencé Gaspar Noé

Mathieu Victor-Pujebet | 5 février 2023
Mathieu Victor-Pujebet | 5 février 2023

Retour sur la création d'un des films les plus traumatisants de l'histoire du cinéma, Schizophrenia, réalisé par Gerald Kargl.

Accueillie les bras ouverts par les uns et rejetée par les autres, la violence graphique a souvent été reçue de manière très contradictoire dans l'histoire du cinéma. Du Freaks, la monstrueuse parade, réalisé par Tod Browning, au Serbian Film mis en scène par Srdjan Spasojevic, en passant par Orange mécaniqueMassacre à la tronçonneuse ou encore Salò ou les 120 journées de Sodome, on ne compte plus le nombre de films qui ont été censurés sur plusieurs territoires pour leur violence plus ou moins extrême.

Mais si les films cités ont tous fini par atteindre une certaine forme de popularité au fil des années, si ce n'est de reconnaissance, ce n'est pas toujours le cas. Schizophrenia, réalisé par Gerald Kargl, en est sans doute l'un des exemples les plus tragiques. Sorti en 1983, mais censuré sur une grande partie du globe, il est tombé dans l'oubli depuis sa sortie, jusqu'à timidement refaire surface à l'arrivée des premières éditions vidéo des années 2000. Dommage, il s'agit d'un monument à la virtuosité assez unique dans l'histoire du cinéma.

 

Schizophrenia : photo, Erwin LederAmbiance.

 

L'Origine du mal

Schizophrenia est né de la rencontre entre deux cinéastes à la fin des années 70, l'Autrichien Gerald Kargl et le polonais Zbigniew Rybczynski. À cette période, Kargl est à la tête d'une revue de cinéma et d'un festival du film autrichien, Die Österreichische Filmtage. Rybczynski, quant à lui, est sorti de l'école de cinéma de Łódź depuis quelques années et est très actif dans le groupe d'avant-garde Warsztat Formy Filmowej.

À ce moment de sa carrière, Zbigniew Rybczynski commence à être reconnu pour ses expérimentations visuelles et son intérêt pour les projets filmiques singuliers. Par ailleurs, après Schizophrenia, il continuera, à s'essayer à de nombreuses techniques et formes audiovisuelles au fil des années, surtout du côté du clip et de l'expérimental, avec l'arrivée de la vidéo (cf. son immense clip pour le Imagine de John Lennon).

Les deux cinéastes deviennent amis et font un premier film ensemble, coréalisé par Bogdan Dziworski, sur le skieur alpin autrichien Franz Klammer, Sceny narciarskie z Franzem Klammerem ("Une scène de ski avec Franz Klammer", en français). Suite à cette expérience, Kargl et Rybczynski commencent à envisager la réalisation d'un film sur un tueur en série inspiré du véritable assassin Werner Kniesek.

 

Photo Erwin Leder"Aucun animal n'a été blessé durant ce tournage."

 

Kargl souhaite prendre les rênes de la réalisation et demande à Rybczynski de fuir la Pologne communiste, à l'époque en pleine loi martiale, pour venir endosser le titre de chef opérateur. Mais dans les faits, la répartition des rôles entre les deux bonshommes va s'avérer plus complexe que prévu, l'implication de Rybczynski dans les décisions créatives du film devenant de plus en plus importante.

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commentaires
Sam75
07/02/2023 à 06:01

C'est pour ça qu'on aime ce site, il permet de découvrir des films qui sont passés inaperçus.