Phantom of the Paradise : quand De Palma annonçait le massacre des geeks selon Marvel

Simon Riaux | 25 septembre 2022
Simon Riaux | 25 septembre 2022

Phantom of the Paradise demeure un des plus électriques chef d'oeuvre des seventies, annonçant la mort à venir d'une certaine culture pop et geek.

Il y a les grands films, les classiques, les pépites cultes et les légendes. C'est à cette dernière catégorie qu'appartient le dément tourbillon rock signé Brian De Palma. Parce qu'il encapsule avec génie l'énergie créative, les contradictions et les vertiges de son époque, le long-métrage est demeuré un des plus fascinants modèles de comédie musicale, alors même qu'il est un réquisitoire enragé contre les grands principes du genre.

Winslow Leach est un jeune compositeur de génie, encore inconnu du public. Il va se lier, tel un jeune Faust, au sulfureux Swan, faiseur de rois du son et propriétaire de la maison de disque Death Records, ainsi que du Paradise, boîte où défilent les musiciens de génie, devant un parterre de groupies déchaînées. Mais une arnaque et quelques désillusions plus tard, voici notre bon Winslow le visage écrabouillé par une presseuse de disques, la vengeance au coeur et la musique aux lèvres. Toute ressemblance avec quelques immenses oeuvres littéraires, le parcours du réalisateur ou le devenir de la culture pop recyclée par Hollywood serait bien entendu fortuit...

 

Phantom of the Paradise : photoCasque mort

 

L’OPÉRA ET SON FANTÔME

Brian de Palma est un des réalisateurs les plus excitants à avoir secoué Hollywood durant les années 70. Loin d’en rester aux thrillers psycho-sexuels dont il porta la maîtrise à un point d’incandescence inédit, le cinéaste explora quantité de genres, mais aussi d’économies, alternant entre projets aux ambitions commerciales plus ou moins écrasantes. 

Appartenant à une génération biberonnée au cinéma, il composa un univers filmique en forme de kaléidoscope référentiel perpétuellement réinventé. Mais au moins autant que la cinéphilie qui pave les inspirations de ce récit, on trouve chez lui un appétit pour le mélange des genres et le mélange de racines littéraires qui fondent aussi bien la richesse musicale du projet que sa capacité à servir de machine métaphorique. 

 

Phantom of the Paradise : photo, Paul WilliamsLa prunelle de ses yeux

 

Car si Phantom of the Paradise est bien évidemment un écho de l’industrie musicale et de l’appétit avec laquelle elle se repaît de la substantifique moelle de ses talents, si sans aucun doute cette métaphore comprend aussi la détestation de De Palma de l’économie des studios, il nous raconte aussi comment la culture populaire geek a été mâchée, recyclée et métamorphosée par les majors. Une origine dont la sève provient de la relation tourmentée du cinéaste avec les poids lourds de l’industrie. 

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ?

Accèder à tous les
contenus en illimité

Sauvez Soutenez une rédaction indépendante
(et sympa)

Profiter d'un confort
de navigation amélioré

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
hkabalan18
29/09/2022 à 20:07

Il ne faut pas oublier que les Juicy Fruits est un groupe dont l'indentite et le style est constament modifie au cours du film pour mieux s'adapter a ce qui est a la mode. Au debut du film ils sont les Juicy Fruits, caricature de la musique des annees 50. Vers le milieu du film ils se transforment en une parodie des Beach Boys et des boys band des annees 60. Et puis, lors du grand show final, ils deviennent the Undead, un groupe gothique et metaleux qui reflete les annees 70.

sylvinception
26/09/2022 à 10:33

J'aime beaucoup DePalma, mais j'ai jamais compris pourquoi ce film est aussi "culte".
Devant, je m'emmerde comme un rat mort, et j'ai jamais réussi à aller au bout...

Hank Hulé
25/09/2022 à 21:43

Top film ! Et qUelle zique !

Gugusse 0
25/09/2022 à 18:22

Mon chef d'oeuvre absolu. Vu plus de 25 fois'je le connais par cœur. Tout est parfait. Musique,cadrage,rythme, acteurs et actrices. 1h35 dégraissé jusqu'à l'os. Une pure merveille. Et tiens très bien dans le temps

No name
25/09/2022 à 16:17

Et n'oublions pas body double...

JPB
25/09/2022 à 15:34

La scène de la douche : quant à moi, peut-être un peu moins connue, mais aussi mythique que celle de "Psycho".

Mouais Bof...
25/09/2022 à 14:34

Quel film et quelle adaptation. Epoque où de palma était au sommet de son art(Obsession,Carrie et plus tard blow out). Paul williams en fantome de l'opera version Griffith de berserk( à ce qui parait le regretté Miura s'est inspiré du casque du film pour Griffith/Femto) est juste grandiose.

Un chef d'oeuvre bourré de réference .Triste et rock à la fois.