Arrête-moi si tu peux : Tom Hanks court après DiCaprio dans une rencontre du troisième type

Gaël Delachapelle | 22 mai 2023 - MAJ : 23/05/2023 12:36
Gaël Delachapelle | 22 mai 2023 - MAJ : 23/05/2023 12:36

Avant le semi-autobiographique The Fabelmans, Steven Spielberg s'est attaqué à la comédie, notamment avec Arrête-moi si tu peux.

Le cinéma de Steven Spielberg est synonyme d’œuvres plus matures et sombres au début des années 2000, comme en témoignent A.I. Intelligence artificielle, Minority Report et La Guerre des Mondes, tous imprégnés par l'impact du 11 septembre sur la fiction américaine. Mais entre ses deux collaborations avec Tom Cruise, le cinéaste s’est accordé une parenthèse lumineuse, délaissant les capacités surhumaines de la star de Mission : Impossible pour retrouver Tom Hanks, le héros ordinaire qui vit des choses extraordinaires dans son cinéma.

Et ce qu’il soit un immigré coincé dans un aéroport (Le Terminal), un avocat défendant un espion soviétique (Le Pont des Espions), ou un journaliste qui fait éclater la vérité (Pentagon Papers). Dans Arrête-moi si tu peux, c’est Leonardo DiCaprio qui incarne un jeune prodige extraordinaire, sous les traits de l’escroc Frank Abagnale Jr., alors qu’il est sur le point de perdre sa jeunesse éternelle chez Martin Scorsese. Un jeu du chat et de la souris où Tom Hanks poursuit la relève d’une génération qui court plus vite que lui, dans une rencontre du troisième type entre deux héros Spielbergiens.

 

Arrête-moi si tu peux : Photo Leonardo DiCaprioUn film haut en couleur

 

Rencontre du quatrième type

Pour incarner Frank Abagnale Jr., dont l’autobiographie sert de genèse au projet, le choix de Spielberg d’engager Leonardo DiCaprio apparaît aujourd'hui comme une évidence. Pourtant, son premier choix n’était pas l’interprète du frère de Gilbert Grape, mais plutôt son comparse Johnny Depp, l’autre jeune acteur montant de cette époque à Hollywood. Mais Depp déclina finalement la proposition revenue à DiCaprio, encore retenu sur le tournage de Gangs of New York. Son premier rôle mature et violent chez Martin Scorsese, grâce à qui il deviendra définitivement un homme, en enchaînant Aviator et Les Infiltrés.

Le prolongement des prises de vue a retardé le tournage, au point que le regretté James Gandolfini, initialement casté dans le rôle de Carl Hanratty, s'est vu obligé d’abandonner le rôle pour le laisser à Tom Hanks. Cette idée - une note d'intention - de faire s’entrechoquer deux générations semble donc déjà animer les premiers choix de Spielberg. Et c’est à croire que le hasard fait bien les choses, tant l’alchimie entre ses seconds choix marche du feu de dieu à l’écran, en grande partie grâce au fossé générationnel qui les sépare, malgré des carrières similaires sur bien des aspects.

Après avoir débuté dans des sitcoms américaines, ils furent très vite repérés comme les jeunes prodiges de leurs époques respectives. D’abord dans la comédie pour Hanks, où sa performance d’enfant coincé dans un corps d’adulte lui a valu sa première nomination à l’Oscar, pour Big. Un rôle qui n’était que le premier d’une longue liste de personnages traversant sa carrière, auxquels il a insufflé cette normalité qui le rend si empathique, celle d’un américain ordinaire, mais qui accomplit des choses extraordinaires. Un avocat homosexuel, séropositif et militant dans Philadelphia ou un autiste qui traverse l’histoire américaine comme il traverse le pays en marathon dans Forrest Gump.

 

Forrest Gump : photo, Tom HanksLe rôle de sa vie

 

Après sa double consécration à l'Oscar, il a enchaîné les rôles où il accomplit l'extraordinaire avec son physique de commun des mortels. Un astronaute dans Apollo 13, un jouet pour enfant dans Toy Story, un soldat de la Seconde Guerre mondiale dans Il faut sauver le soldat Ryan ou encore un livreur Fedex qui se retrouve seul sur une île déserte dans Seul au monde.

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commentaires
Hocine
11/12/2022 à 23:42

Pour ma part, Arrête-moi si tu peux demeure une véritable réussite dans la carrière de Steven Spielberg, qui se permet de la légèreté, certes, mais ne délaisse pas pour autant la complexité des rapports humains, au contraire.
Ce n’est probablement qu’une question de goût et de subjectivité, mais je préfère lorsque Steven Spielberg traite des rapports humains plutôt que des dinosaures.
Même si pour Spielberg, traiter des dinosaures revient finalement à traiter des rapports humains.
De plus, dans Arrête-moi si tu peux, il n’hésite pas à braver l’Amérique puritaine, en traitant certains thèmes comme le divorce ou l’adultère, de manière très adulte. Chose à laquelle il ne nous avait pas vraiment habitués, et pour cause: dans plusieurs de ses films, et pas des moindres, Spielberg adopte délibérément un point de vue à hauteur d’enfants, pour aborder le monde des adultes. Par ailleurs, Leonardo DiCaprio interprète son rôle avec beaucoup de brio et de crédibilité, à une époque où on lui reprochait d’être trop juvénile pour certains rôles (Gangs of New York, Aviator). Ce reproche s’arrêtera à partir des films Blood Diamond et Les Infiltrés.
Ce qui m’a le plus marqué dans Arrête-moi si tu peux reste le duel à distance entre Tom Hanks et Leonardo DiCaprio, deux des meilleurs acteurs de leurs générations respectives. Tom Hanks, superstar des années 90, semblant adouber Leonardo DiCaprio, la superstar des années 2000, tout en étant un acteur très exigeant dans le choix de ses rôles et de ses projets.
C’est un film qui nous rend forcément nostalgique, surtout lorsque l’on voit ce qu’est devenu le cinéma hollywoodien aujourd’hui.

alulu
17/12/2021 à 11:23

Le titre est frondeur alors que la poursuite me semble presque anecdotique. Film trompeur et trop pépère, ça manque de rythme. Spielberg s'attarde un peu trop sur le caméléon et à sa famille, ses rencontres et délaisse l’enquête. De mémoire, Tom Hanks fait quasi de la figuration, il est presque tout le temps dans son bureau. Un soupçon du Fugitif aurait été bienvenu pour le rythme. Comme dans le film de Harrison Ford ou même dernièrement dans La Mule, le pisteur sympathise presque avec la proie à la fin. Mais bon pour que ça fonctionne, il faut un peu d'antagonisme au début pour finir vers une forme de respect. En gros il faut que le pisteur en bave un peu. L'histoire me semble trop riche pour la durée du film et donc forcément des choses passent forcément à la trappe.

Jettro
17/12/2021 à 06:35

Forrest Gump n'est pas autiste. Il a un QI inférieur (probablement dans les 60) mais n'a aucun trait autistique.

Kyle Reese
16/12/2021 à 20:46

@Oldskool

"simple bon réalisateur..."

Ah non monsieur, peut être pas un chef- d’œuvre mais il y a néanmoins beaucoup de génie dans le film qui est excellent et dans le haut du panier de sa filmo. Donc Spielberg passe juste de génie à excellent réalisateur pour moi ! ;)

Eddie Felson
16/12/2021 à 20:21

@oldskool
Yep pas mon préféré non plus;)

Oldskool
16/12/2021 à 16:31

Bon film, mais pas quand on s'appelle Spielberg... un des nombreux films qui le font passer de génie du cinéma à simple bon réalisateur...

saiyuk
16/12/2021 à 14:11

Seul déception :Nathalie Baye, ou plutôt son rôle

saiyuk
16/12/2021 à 14:10

Seul déception de ce superbe film : Nathalie Baye....