James Bond : Spectre, Demain ne meurt jamais... 007 épisodes mal-aimés

La Rédaction | 4 octobre 2021
La Rédaction | 4 octobre 2021

Avant Mourir peut attendre, retour sur 7 films de la saga James Bond qui sont peu voire pas aimés, mais qui méritent mieux.

Les jeux de mots sur l'attente autour de Mourir peut attendre sont enfin presque terminés. Repoussé depuis environ un an et demi (temps ressenti : 150 ans), le 25e épisode de la saga James Bond sortira le 6 octobre, et marquera la fin de l'ère Daniel Craig après Casino Royale, Quantum of Solace, Skyfall et Spectre.

Et alors que tous les regards sont tournés vers l'avenir, pour savoir qui reprendra le rôle de 007, et où ira la franchise James Bond récemment avalée par le géant Amazon (qui a racheté le studio MGM), Ecran Large se replonge dans le passé. Avec une envie : défendre 007 épisodes de la saga un peu trop malmenés, mal-aimés et oubliés, alors qu'ils méritent mieux.

 

 

L'HOMME AU PISTOLET D'OR

Pourquoi il est mal aimé : C'était le deuxième tour de piste de Roger Moore, après le James Bond vaudou Vivre et laisser mourir, et il y avait déjà tous les signaux d'une ère placée sous le signe du joyeux n'importe quoi. L'Homme au pistolet d'or, c'est tout de même l'histoire de Scaramanga, un grand méchant avec trois tétons, qui veut mettre la main sur l'Agitateur Sol-X, une machine qui transforme l'énergie solaire en arme surpuissante. James Bond, lui, croise la route de Mary Bonne-Nuit (Mary Goodnight en VO) et l'homme de main-nain Tric-Trac, et s'essaye au kung-fu, pour singer Bruce Lee alors au sommet de sa gloire.

L'Homme au pistolet d'or a marqué l'un des plus petits scores de la saga James Bond au box-office, et pas grand monde n'est fier de cet épisode. À commencer par le producteur Albert Broccoli, et le réalisateur Guy Hamilton, qui a plus ou moins admis qu'il n'était pas satisfait du résultat (ce sera son dernier film 007).

Le compositeur John Barry a de son côté craché sur son propre travail, notamment son idée saugrenue d'ajouter un effet de cartoon sur la célèbre cascade de l'AMC Hornet qui tourne à 360° dans les airs. Même le thème, chanté par Lulu, a été quasi oublié ; ce qui est d'autant plus triste puisque les producteurs avaient refusé le bien plus cool Man with the Golden Gun d'Alice Cooper (qui sera utilisé sur son album Muscle of Love).

 

photo, Roger MooreLa Jeu de la Moore

 

Pourquoi il mérite d'être (plus) aimé : Parce que c'est paradoxalement l'un des épisodes les plus emblématiques de cette période kitsch, quand la saga était conçue comme une pure attraction, et quasiment un objet de pop culture instantané. Parfait témoin de son époque (surfer sur les films d'arts martiaux, après la blaxpoitation dans Vivre et laisser mourir), L'Homme au pistolet d'or s'est depuis placé comme un cliché entier du genre.

Première raison : Scaramanga. Dans la longue liste des vilains emblématiques de la saga, celui de Christopher Lee a une place de premier choix. Même si l'idée initiale de vrai alter ego de James Bond a été édulcorée, ce riche sociopathe et tueur à gage imparable est l'archétype parfait du grand méchant. Charismatique, grotesque, glacial, Scaramanga voit James Bond comme son adversaire ultime, et l'admire avec la même violence qu'un Highlander quand il en croise un autre.

 

photo, Christopher Lee, Roger MooreBarry Lyndon (ou presque)

 

Avec en plus le choix d'un grand acteur pour lui donner vie (qui se trouve être le cousin par alliance de Ian Fleming, auteur des livres James Bond), et une caractérisation outrancière (ce pistolet d'or, et toujours ce troisième téton), ce Scaramanga appartient à la tradition des grands vilains follement grands et ridicules de la saga, qui a couru jusqu'à Skyfall et Spectre.

L'Homme au pistolet d'or s'est aussi imposé comme une référence en termes d'imaginaire, entre le cliché ultime (l'île privée qui cache des laboratoires secrets et une arme de destruction massive) et le farfelu absolu (il y a aussi une version psychédélique de fête foraine et stand de tir). Là encore, tout ça reviendra dans la saga par la suite, notamment avec l'île de Silva dans Skyfall.

 

photo, Roger MooreVertiguignol

 

Moonraker

Pourquoi il est mal aimé : Parce que c'est l'épisode qui côtoie le plus le nanar intergalactique. Parce que Roger Moore y est d'une bêtise abyssale et qu'il se fait piéger à peu près 18 fois par le même méchant. Parce que l'ouverture assez spectaculaire se termine sur un gag qui brouille un peu plus la frontière entre James Bond et Austin Power, bruitage ridicule à l'appui. Parce qu'il emprunte la BO des 7 Mercenaires quand ses personnages ont des chapeaux de cow-boy et ne lésine pas sur les blagues vaseuses, jusqu'à un jeu de mots graveleux final qui couperait la chique au plus beauf de vos oncles lors d'un repas de famille arrosé. Parce que 007 y fait du bateau à roulette en plein Venise.

Moonraker franchit les limites du Z à de nombreuses reprises, lorsqu'il fait sauter des bateaux chargés de mannequins en mousse qui ne détonneraient pas dans un film de Bruno Mattei, lorsqu'il révèle au détour d'un raccord regard malheureux deux moines franciscains qui font du Kung-fu ou lorsqu'il finance ses insanités avec des placements de produits dignes des derniers Transformers. Et on ne parle même pas du dernier acte, entré depuis au panthéon du kitsch et parodié toutes les 3 semaines par d'anonymes séries B.

 

photoUne raison de le détester

 

Pourquoi il mérite d'être (plus) aimé : Parce que c'est l'épisode qui côtoie le plus le nanar intergalactique. Parce que Roger Moore y est d'une bêtise abyssale et qu'il se fait piéger à peu près 18 fois par le même méchant. Parce que l'ouverture assez spectaculaire se termine sur un gag qui brouille un peu plus la frontière entre James Bond et Austin Power, bruitage ridicule à l'appui. Parce qu'il emprunte la BO des 7 Mercenaires quand ses personnages ont des chapeaux de cow-boy et ne lésine pas sur les blagues vaseuses, jusqu'à un jeu de mots graveleux final qui couperait la chique au plus beauf de vos oncles lors d'un repas de famille arrosé. Parce que 007 y fait du bateau à roulette en plein Venise.

Moonraker franchit les limites du Z à de nombreuses reprises, lorsqu'il fait sauter des bateaux chargés de mannequins en mousse qui ne détonneraient pas dans un film de Bruno Mattei, lorsqu'il révèle au détour d'un raccord regard malheureux deux moines franciscains qui font du kung-fu ou lorsqu'il finance ses insanités avec des placements de produits dignes des derniers Transformers. Et on ne parle même pas du dernier acte, entré depuis au panthéon du kitsch et parodié toutes les 3 semaines par d'anonymes séries B.

 

photoUne raison de l'adorer

 

TUER N'EST PAS JOUER

Pourquoi il est mal aimé : Tout simplement parce qu'il est très méconnu. Quand on parle de James Bond, dans l'esprit du grand public, ça évoque évidemment Sean Connery, mais aussi Roger Moore, Pierce Brosnan ou encore Daniel Craig, mais rarement le nom de Timothy Dalton. Et c'est logique dans l'idée puisque l'acteur n'a endossé le costume de Bond que pour deux longs-métrages : Tuer n'est pas jouer et Permis de tuer.

À cette époque, la saga James Bond est un peu en difficulté, cherchant à relancer sa machine tout en modifiant totalement son approche de l'espion après l'ère Moore. Sauf qu'en seulement deux films, difficile de se faire un nom, alors forcément, ils sont largement passés à la trappe de l'Histoire. D'autant plus qu'avec l'arrivée de Pierce Brosnan après l'ère Dalton et donc d'une figure devenue hypra-culte pour les fans, Timothy a été quasi-effacé des esprits.

Et pour parler du film en lui-même, il faut bien avouer que ses méchants manquent de force. Le récit se donne tant de mal pour montrer l'évolution du personnage de Bond à l'écran, qu'elle prend vraiment toute la lumière et efface légèrement l'intérêt de son adversité.

 

photoIl est fort ce nouveau James Bond

 

Pourquoi il mérite d'être (plus) aimé : Parce que derrière cette impopularité se cachent deux excellents Bond, notamment le premier film porté par Timothy Dalton aka Tuer n'est pas jouer.

Après les films charmeurs et délirants de Roger Moore, James Bond revient avec une version plus sérieuse, plus violente et plus proche du réalisme des romans de Ian Fleming. C'est en grande partie ce qui fait la force de Tuer n'est pas jouer, donnant à la figure bondienne une mission bien plus complexe et moins manichéenne qu'à l'accoutumée. De fait, le récit est plus puissant, forgeant des questionnements plus intéressants sur les politiques et conflits internationaux. En se déroulant en partie au coeur de l'Afghanistan et implantant les forces Moudjahidines, le film dépasse les frontières du seul duel américano-soviétique pour mieux explorer d'autres possibilités.

Mais mieux encore, James Bond y devient une figure tragique bien plus passionnante. Loin du héros connu de tous, il se présente désormais comme un tueur plus cruel et moins sensible, apportant une profondeur bienvenue à son personnage et à l'image qu'il projette. Son humour vache devient de l'ironie mordante, et son regard sur les femmes évolue, lui conférant un certain romantisme qui ne viendra pas pour autant le dévier de sa mission (un tueur avant un amant).

Alors quand cette précieuse complexité se greffe en plus à une histoire spectaculaire, le challenge est plus que relevé. Tuer n'est pas jouer détient probablement l'un des climax les plus épiques, d'une générosité jubilatoire.

 

photoDu spectacle et de la complexité, que demande le peuple ?

 

PERMIS DE TUER

Pourquoi il est mal aimé : Parce qu'on a coutume de dire que pour un film, arriver à l'heure, c'est arriver en avance. Et en termes de modes ou d'élans du public, ce James-là n'est ni en avance ni à l'heure, il a trois métros de retard, et il débarque à petite foulée. Depuis des années déjà, et l'avènement du blockbuster tel que les studios l'entendent encore aujourd'hui, l'enjeu pour 007 est de rattraper une époque qui ne l'attend plus. Et le malheureux est désormais le contemporain d'autres héros, qui ont largement les faveurs du public et sont incarnés par Arnold Schwarzenegger et Sylvester Stallone. 

En termes de physique comme de philosophie de l'action, Bond est trop radicalement éloigné pour espérer s'aligner, et semble donc en décalage avec son époque. D'autant plus que Timothy Dalton a beau faire de son mieux, tout en s'avérant plutôt taillé pour le rôle et la facette de ce dernier qu'explorent les deux films auxquels il a participé, le comédien souffre d'un léger déficit d'empathie. Daniel Craig le prouvera des années plus tard, s'il est question de faire souffrir Bond alors il est nécessaire de percevoir clairement les failles du protagoniste dans son interprétation et celle de Dalton est par trop stoïque.

Enfin, ce Permis de Tuer est sans doute trop de son temps. C'est injuste et c'est paradoxal, mais a-t-on vraiment envie de voir le meilleur super-agent-pas-du-tout-secret du monde s'en prendre à des criminels aussi vulgaires que des trafiquants de drogue ? C'est une grande partie du romantisme de la saga que met à mal le choix d'un antagoniste aussi "banal" ou ancré dans la réalité. Difficile dès lors de voir dans cette aventure de Bond un évènement 

 

photo, Timothy Dalton, Carey LowellEn attendant le Casino, Timothy était déjà Royal au bar

 

Pourquoi il mérite d'être (plus) aimé : Timothy Dalton aura été dégagé de la franchise bien trop tôt tant les limites de son jeu semblent ici bien plus liées à l'écriture de son Bond qu'à sa propre interprétation. En l'état, il constitue une incarnation puissante, véloce, et aventureuse, qui aurait pu faire beaucoup de bien à la série. Il demeure très intéressant de revoir ses deux films, et Permis de Tuer en particulier, comme des répétitions de Casino Royale. L'héritière Barbara Broccoli faisait alors ses premières armes en coulisses du côté de la production, après avoir travaillé presque une décennie du côté du marketing de la franchise.

Difficile du coup de ne pas voir dans ce semi-échec alors largement rejeté par le public une tentative de faire muter 007, qui n'aboutira qu'avec l'ère Craig et ses succès planétaires. Le présent long-métrage en anticipait d'ailleurs une certaine décomplexion du côté, pas tant de la violence (James a toujours dézingué des humains par dizaines), que de la mise en avant de la souffrance et de la douleur. Dans cette aventure, la mort laisse des traces, les blessures abiment les personnages, et s'affronter n'a rien d'anodin.

Le personnage d'homme de main bouillonnant et vicieux interprété par Benicio del Toro en témoigne parfaitement, tant il injecte à chacune de ses apparitions une urgence, une forme d'intensité, jusque là presque totalement étrangère à la saga. Loin des gadgets humains que furent ses prédécesseurs, il témoigne de la violence d'un monde totalement métamorphosé et des années 80, dont les codes n'ont plus grand-chose à voir avec les grandes heures de la guerre froide. Peut-être parce qu'il l'annonçait avec beaucoup plus de sécheresse et d'évidence que Goldeneye, des années avant lui, cet épisode fut malheureusement incompris. Et si c'était ça, arriver à l'heure ?

 

photo, Timothy Dalton, Benicio Del ToroVicioso del Toro

 

DEMAIN NE MEURT JAMAIS

Pourquoi il est mal aimé : Parce qu'il est arrivé après GoldenEye, immense succès et renaissance de la saga James Bond, et a en plus eu la bonne idée de sortie face à Titanic au cinéma. Demain ne meurt jamais s'est donc tiré deux balles dans le pied, et avec un fusil à pompe. Plus cher et moins rentable que la première aventure menée par Pierce Brosnan, ce 18e épisode n'a pas créé beaucoup d'étincelles.

D'autant qu'il a été coincé entre le très aimé GoldenEye et les très moqués Le Monde ne suffit pas et Meurs un autre jour, devenant l'opus le plus tiède de l'ère Brosnan, en plus d'être le plus petit succès de ce chapitre.

Pourquoi il mérite d'être (plus) aimé : Parce que sous ses airs timides, c'est peut-être l'épisode le plus équilibré et solide de l'ère Brosnan, voire le plus malin, grâce à un antagoniste à contre-pied de la norme James Bondienne. Car Elliot Carver est un homme de pouvoir dans le sens le plus strict et contemporain, qui n'a pas besoin de muscles, de roquettes ou d'île secrète pour son plan diabolique. Discret petit diable de son époque, il est à la tête du parfait empire pour renverser le monde moderne : les médias.

 

photo, Jonathan PryceTED Talk : comment devenir Rupert Murdoch

 

Qu'il cherche à provoquer une Troisième Guerre mondiale est moins intéressant que son positionnement dans la galaxie 007, notamment par rapport à la Chine, où il veut imposer son business. Et avec ses airs de méchant rat vicieux, le talentueux Jonathan Pryce est un vrai choix de casting qui dénote dans le meilleur des sens. Après Sean Bean en double maléfique de James Bond, et avant le robuste Gustav Graves dans Meurs un autre jour, il est l'un des rares ennemis de Bond à user de sa tête, et pas de ses poings. Un peu comme Elektra dans Le Monde ne suffit pas, sauf que lui n'avait pas le prétexte de se camoufler dans une jolie robe pour amadouer 007.

Par ailleurs, Demain ne meurt jamais a imposé l'une des James Bond girls qui mérite le moins ce titre réducteur. Là encore, Michelle Yeoh est un choix de casting particulièrement inspiré, notamment pour ses talents dans le domaine de l'action. De quoi contraster à merveille avec Teri Hatcher en pouffe à plumes, qui représente la vieille époque James Bond.

Même si le quota neuneu est inévitablement rempli avec du bisou inutile, 007 et Wai Lin forment un digne et mémorable duo héroïque, qui distribue les baffes en harmonie, et offre quelques sensationnelles scènes d'action. Rien que la poursuite en moto est un grand moment de la saga, emballé avec efficacité par Roger Spottiswoode (À l'aube du sixième jour), et écrit avec malice (la bataille pour mener la danse). Pas étonnant qu'un spin-off sur Wai Lin ait été envisagé, avant qu'un projet similaire sur Jinx (Halle Berry) soit également abandonné par la suite.

 

Photo Michelle Yeoh, Pierce BrosnanMichelle Waouh

 

Le Monde ne suffit pas

Pourquoi il est si détesté : Le Monde ne suffit pas réalisé par Michael Apted est resté dans les annales comme l'un des pires épisodes de la saga, toutes époques confondues. L'une des raisons s'appelle Christmas Jones, la scientifique experte en nucléaire, habillée comme Lara Croft et interprétée par Denise Richards, alors en pleine ascension après Starship Troopers et Sexcrimes.

Mais cette pure James Bond girl devenue objet de moquerie intergalactique n'est que la face émergée de l'iceberg. En plus d'être une foire aux prénoms ridicules (Christmas Jones, Elektra King, Renard), Le Monde ne suffit pas est un épisode bancal, qui souffle le chaud et le froid. Le scénario remixe notamment la figure d'antagoniste de Demain ne meurt jamais : comme Elliot Carver, Elektra veut se venger de son papa et récupérer un empire qui lui est dû, selon elle.

 

photo, Denise Richards"I thought Christmas came just once a year”

 

C'est d'autant plus dommage que cette méchante Elektra est la seule antagoniste féminine de la franchise, et que Sophie Marceau s'en sort avec les honneurs, jouant avec malice de l'érotisme pervers de cette femme légèrement timbrée. Sachant que l'ennemie est abattue avant le climax, et que Renard prend le relais dans une scène de sous-marin mouillé, l'intrigue du Monde ne suffit pas est bien bancale.

Pour le meilleur et pour le pire (souvent en même temps), Le Monde ne suffit pas se transforme également en attraction absurde, avec des scènes d'action pensées en dépit du bon sens dans l'histoire. Au hasard : Bond et Elektra pourchassés en ski par des moto-neiges-mitraillettes-grenades-ventilateurs géants accrochées à des parachutes, et qui survivent à une mini-avalanche grâce à un gadget-boucle-gonflable. Un exemple parmi d'autres, qui montre à quel point le scénario semble avoir bricolé autour de concepts de scènes d'action rocambolesques.

 

photo, Pierce BrosnanLes Bronzés font pas que du ski

 

Pourquoi il mérite d'être (plus) aimé : Sous ses airs nanardesques, Le Monde ne suffit pas se révèle plus sombre que les autres épisodes, particulièrement avec le recul. James Bond finit par abattre froidement Elektra, alors même qu'elle n'est pas armée. Sous les yeux de M, il lui caresse le visage une dernière fois. Encore une fois, le héros se retrouve sur un lit avec une femme, mais cette fois, c'est pour un moment de pure violence, qui force le silence de tout le monde. Même la réplique-punchline est teintée d'amertume dans les yeux de Pierce Brosnan.

Le personnage d'Elektra est ainsi le meilleur atout de cet épisode, et préfigure grossièrement Vesper Lynd qui renversera le coeur de l'agent dans Casino Royale. Elle aussi a des liens troubles et pervers avec un cruel homme, elle aussi se joue du héros, et elle aussi lui échappe, pour toujours. Pendant un instant et avant de reprendre sa valse de baston, le Don Juan au moral d'acier semble vaciller, et redescendre sur Terre. Dans la longue histoire des femmes de la saga 007, Sophie Marceau tient ainsi une place importante. Dommage que ce soit dans un film si schizophrène.

 

photo, Pierce Brosnan, Sophie MarceauScéance de kiné : boss level

 

SPECTRE

Pourquoi il est mal aimé : Déjà parce qu'il est arrivé après le phénomène Skyfall et qu'il a forcément subi la comparaison. Le premier film James Bond réalisé par Sam Mendes a été décrit comme l'un des meilleurs films sur l'espion depuis le début de la franchise et forcément, la suite était attendue comme le messie. Alors quand elle s'est révélée plus faible scénaristiquement, elle a inévitablement été pointée du doigt.

Et il faut bien avouer que Spectre a énormément de défauts. Déjà, il a beaucoup de mal à pérenniser les corrélations avec les précédents opus de la saga. Tous les liens avec les anciens vilains des films précédents, les fantômes du passé (M, Vesper) sont plutôt très mal amenés et d'une certaine manière, on se demande si le film n'a pas été pensé pour remettre tout en perspective avant un dernier opus plutôt que par rapport à lui-même.

Puis, le personnage de Christoph Waltz, qui reprend la figure emblématique de Blofeld, est complètement sous-utilisé. Toute la partie dans le désert est nulle et le film subit un très gros ventre mou dès que Blofeld prend les commandes. De quoi confirmer que les personnages de méchants dans la saga Bond version Craig, ce ne sont vraiment pas ses plus grands atouts. Et que dire des personnages secondaires (on rigole encore du rôle de Monica Bellucci), régulièrement aussi utiles qu'un parachute sous-terre.

 

Photo Christoph WaltzUn méchant toujours aussi mal exploité

 

Pourquoi il mérite d'être (plus) aimé : Parce que le film contient incontestablement l'une des plus entrées en matière de la saga. Après la tristesse des derniers instants de Skyfall, le cadavre de James Bond (d'où le déguisement) renaît de ses cendres pour retrouver le costard qui a fait sa légende, le tout dans un plan-séquence ingénieux. Une introduction parfaite pour relancer la machine bondienne et la sortir de sa mort précoce pour mieux raviver son énergie, sa brutalité et sa soif de vengeance.

Sauf que sa brutalité justement, elle sera mise à mal, encore une fois notamment grâce au personnage de Dave Bautista, incarnant Hinx, un véritable colosse dont la simple pichenette provoque des traumatismes. Et la confrontation de 007 avec Hinx met véritablement en danger l'espion qui, pour une fois, frôle la mort de près (genre vraiment) et s'en sort grâce à Madeleine Swann.

 

Photo Léa Seydoux, Daniel CraigUne James Bond Girl différente

 

Le personnage de Léa Seydoux, d'ailleurs, est sûrement l'une des belles réussites du film. Loin de suivre les trajectoires des James Bond Girl habituelles, elle dépasse les clichés du rôle et vient donc complexifier la relation menée avec James Bond, lui faisant presque oublier sa regrettée Vesper. Et les haters auront beau dire que l'actrice française ne sait pas jouer, bien au contraire, elle capte pleinement l'essence de son rôle (et de l'héritage qu'il contient) tout en réussissant à lui donner un nouveau visage, plus moderne.

Alors quand on ajoute à ce Spectre une réalisation plus que maitrisée (sans surprise avec Sam Mendes) et surtout une photographie bluffante (Hoyte Van Hoytema sait donc autant mettre en valeur une scène au coeur d'un chalet qu'une grosse explosion dans le désert et un défilé mexicain), difficile de ne pas avoir envie d'aimer cette quatrième aventure de Bond à l'ère Craig.

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commentaires
Maurice Valmaurice
06/10/2021 à 13:37

On notera aussi que "Permis de Tuer" a été limite copié-collé pour le "Delta Force 2" de Chuck Norris : un super agent vengeant la mort/mutilation de son meilleur ami/collègue aux mains d'un trafiquant sud-américain, et devant mener son opération en désaccord avec sa hiérarchie.

Nyl
05/10/2021 à 18:30

Bizarrement, j'ai plus préféré Spectre à Skyfall (qui m'a déçu). Et je trouve quantum of solace assez sous estimé.

Et j'ai toujours un petit faible pour l´ère Brosman ( peut être que j'ai connu Bond avec cet acteur ). Par contre , permis de tuer, ce film m´a traumatisé quand j'étais plus jeune. C'était moins 10 ans mais c'était d'une violence que je n'avais jamais vu, avant cela.

The insider38
05/10/2021 à 13:18

@Llargo , t’as raisons toto, il est tellement nul et peu reconnu, que trois hommage au film sont visibles dans NO TIME TO DIE, alors arrête , et renseigne toi au lieu de dire des bêtises, c est un des préférés des fans ( les vrais, pas ceux qui ont découvert avec le faiblard pierce brosnan et sont sourire ultra brite)

The insider38
05/10/2021 à 11:22

@ opti , clairement faut vraiment être un total ignare, pour ne pas savoir qu’au service secret de sa majesté fait partie mondialement des plus aimé de la saga par les fans, et plus près de chez nous par le club James Bond France.

Et a juste titre, même si il n’a pas marché le film est une totale réussite et un des plus sombre

Opti
05/10/2021 à 06:53

Clairement, on oublie le seul et unique épisode joué par Lazenby. Qui est vraiment dans les bas fonds de la série. Ne serait ce que par l'acteur lui mémé qui n'a aucun charisme.

PILOU
04/10/2021 à 22:37

Pour moi, le meilleur 007,c'est Golfinger, pour Sean Connery en pleine forme dans son rôle. Et pour, la musique de John Barry flamboyante, top des tops.
Pour moi, le plus mauvais, c'est Spetre. scénario confus, le film est lent, plus le film avance et plus, il sombre, le méchant n'est pas dans le coup. La chanson du générique est pas terrible, la musique est moyenne En résumé, Daniel Craig méritait beaucoup mieux et par ailleurs, il sauve un peu le film.
Ah, j'oubliais la fin du film ridicule.
Par contre, je persiste que Daniel Craig était un James Bond.

Virage
04/10/2021 à 17:36

J'aurais aussi cité "Les Diamants sont Éternels", mais comme celui là, je ne vois pas trop d'arguments pour "Pourquoi il mérite d'être (plus) aimé"... :)

Ethan
04/10/2021 à 17:00

Ce sentiment de déception est parfois lié à la vieillesse du personnage, au style de scénario différent et aussi au fait qu'on a pas repris d'autres personnages exemple goldeneye et demain ne me urt jamais

Il faut essayer de voir les films comme si c'était quelque chose de nouveau même si ça paraît moins bien

Llargo
04/10/2021 à 16:25

Bizarre que celui de George Lazenby, Au service secret de sa majesté, ne soit pas dans la liste… le film autant que la performance de l’acteur furent totalement nul. Seul Diana Rigg a su relevé le niveau.

cmtdp
04/10/2021 à 15:55

La saga Bond, dont j'étais un grand fan ado / jeune, ce sont des films qui ont souvent mal voir très mal vieillis et l'ère Craig, à moitié réussie, avec 2 bons films sur 4 en attendant de voir le dernier.

J'ai revu Spectre hier en partie, même pas allé au bout tellement le dernier tiers est mal fichu, limite nanardesque parfois.

Après Goldeneye, Casino Royal, Skyfall voir On her Majesty's secret service, la saga fait pshiiit avec des opus bien faibles, bateaux voir ennuyants.

Tout ça pour ça, c'est ce qui trottait dans ma tête avec Spectre hier, Bond est une saga d'action qui a ses limites, qui joue sur la nostalgie de son public qui l'a toujours connu.

J'ignore si ça durera encore longtemps, que faire de plus après l'interminable reboot de l'ère Craig qui accouche in fine d'une souris?

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