La Flèche Brisée : le western subversif avec James Stewart qui a marqué l'histoire du genre

Arnold Petit | 19 juin 2021
Arnold Petit | 19 juin 2021

L'Indien d'Amérique est une figure indissociable du western. Un personnage emblématique dont le cinéma a principalement défini l'archétype, celui d'un être belliqueux à la peau rouge qui s'en prend sauvagement aux convois des pionniers, un arc à la main, une coiffe de plumes sur la tête. Une image simplifiée et négative, longtemps restée ancrée dans l'imaginaire collectif, héritée des séries B, des westerns classiques et de leur vision binaire de l'Ouest américain : le shérif arrête les hors-la-loi, les fermiers s'opposent aux riches et les cow-boys tuent les Indiens.

Il faut attendre les années 50 pour que La Flèche Brisée marque un tournant en présentant les Indiens comme des personnes civilisées, pacifiques, tout simplement humaines, initiant ainsi un mouvement de réhabilitation des Amérindiens au sein du genre à travers un progressisme pro-indien. Puisqu'il n'y a pas vraiment besoin de prétexte pour en reparler, on a donc décidé de se replonger dans ce grand film réalisé par Delmer Daves avec James Stewart, sans doute un des plus beaux westerns de l'Histoire.

 

photo, James StewartBonjour, je cherche Cochise, s'il vous plaît


ENTERRER LA HACHE DE GUERRE

Bien qu'il soit une oeuvre essentielle dans la représentation des Indiens d'Amérique du Nord au cinéma, La Flèche Brisée n'est pas le premier western antiraciste de l'histoire, et tous les westerns avant lui ne traitaient pas les Amérindiens comme des monstres sanguinaires. Déjà à ses débuts et à l'époque du muet, le cinéma américain avait filmé de vrais chefs de tribus indiennes avec un point de vue réaliste dans des oeuvres entre film historique et documentaire, désormais perdues.

D'autres par la suite, comme Buffalo Bill, réalisé par William A. Wellman en 1944, ont également appelé à la tolérance entre les peuples et mis à mal la soi-disant supériorité de l'homme blanc en montrant la sauvagerie dont il était capable. Personnification du genre, John Ford a aussi démontré une volonté de restaurer l'honneur des Natifs du Nouveau Monde avec deux chefs-d'oeuvre de sa filmographie, Le Massacre De Fort Apache en 1948 et La charge héroïque en 1949 (même s'il a aussi largement contribué à véhiculer ce stéréotype de l'Indien assoiffé de sang au long de sa carrière avec Le Cheval de fer en 1924, Sur la piste des Mohawks et La chevauchée fantastique en 1939 ou encore La Prisonnière du Désert en 1956).

 

photo, James StewartLà, tu vois, je fais rien et j'ai quand même la classe

 

En revanche, s'il n'est effectivement pas le premier film du genre à dépeindre les Amérindiens avec justesse et respect, La Flèche Brisée est le premier à s'intéresser à la culture amérindienne et ses traditions avec autant d'acuité et d'humanité, et c'est sans doute pourquoi il est considéré par beaucoup comme le premier western pro-indien. Le film l'annonce d'ailleurs dès l'ouverture par la voix off de James Stewart : "ce que je m'apprête à vous raconter est arrivé exactement comme vous allez le voir", suggérant ainsi que tout ce qu'était le western auparavant n'était qu'un mythe, et qu'il est temps de rétablir la vérité.

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commentaires
davidlevin
21/06/2021 à 17:13

merci de ne pas souillé un grand film avec votre vocabulaire infame tel "progressisme pro-indien" et autre grossièreté

Free Spirit
20/06/2021 à 10:31

excellent western...Les Films de DELMER DAVES sont très souvent Humanistes...Et JAMES STEWART vraiment un Super acteur comme on en fait plus...

Francis Bacon
19/06/2021 à 17:58

Ford a fais "Les cheyennes" aussi qui montre les amérindiens de manière moins manichéiste, même si c'était après La flèche brisée

alulu
19/06/2021 à 16:02

J'ai l'impression que ça va débattre comme dans JCVD au sujet des méchants. Les indiens, les russes, les arabes, les vénézuéliens et sûrement d'autres. Le cinéma américain n'est pas que du divertissement, ça peut être aussi une bonne machine à propagande parfois pour des choses plus nobles ou parfois par pur impérialisme....l'on va dire. Mank le relève assez bien même si c'est plus pour un point de vue politique intérieur dans le film. De toute façon, les USA ont besoin d'antagonistes, l'antagoniste, c'est un peu la colle de leur nation.

rientintinchti
19/06/2021 à 14:15

L'indien a longtemps été représenté comme un sauvage, un barbare qu'il faillait "civiliser". L'Amérique et son récit national mensonger a fait des dégâts. La "destinée manifeste" au service de ce récit national justifiait les massacres et les injustices. Il se passe la même chose au sujet des arabes et des musulmans, le ciné us (et pas seulement ment et généralise). Dernier exemple en date, le dernier film de Guy Ritchie "un homme en colère" voir de 1h03 à 1h05.

Flash
19/06/2021 à 11:25

Vu quand j'étais gamin, moi qui était habitué à voir les indiens comme les "méchants" dans les westerns, ce fut un choc.
Tiens, il faudrait que je revois ce film.