Leos Carax : pourquoi c'est un cinéaste fou, en 5 films uniques

La Rédaction | 27 juin 2021 - MAJ : 27/06/2021 17:24
La Rédaction | 27 juin 2021 - MAJ : 27/06/2021 17:24

Boy Meets Girl, Mauvais sang, Les Amants du Pont-Neuf, Pola X, Holy Motors : avant Annette, retour sur la carrière de Leos Carax.

Seulement cinq films en trois décennies, et pourtant, Leos Carax a marqué l'imaginaire de bien des cinéphiles avec son univers où se croisent des histoires d'amour et de mort, des gangsters et des monstres, et des personnages qui brûlent la vie par les deux bouts.

De son vrai nom Alex Christophe Dupont, le cinéaste est de retour, et en musique, avec un film encore une fois unique : Annette, avec Adam Driver et Marion Cotillard. Un projet musical qui traîne depuis des années (Rooney Mara, Michelle Williams et même Rihanna avaient été castées), et qui sera présenté au Festival de Cannes 2021.

L'occasion idéale pour revenir sur la filmographie de Leos Carax (avec quelques spoilers, et sans inclure son segment de Tokyo !) et dire en quoi elle mérite votre attention - votre amour, même. 

 

affiche, Adam Driver, Marion Cotillard

 

Boy Meets Girl (1984)

De quoi ça parle : Sur un quai de la Seine, Alex confronte son meilleur ami avec qui sa petite amie le trompePuis errant dans les rues, il surprend une conversation entre deux amants : Bernard dit à Mireille qu'il ne l'aime plus. Alex revoit Mireille à une soirée à laquelle il s’invite...

Pourquoi il faut le (re)voir : Premier long-métrage de Leos Carax qui d’ores et déjà pose les bases de sa carrière. On retrouve au cœur des tribulations des personnages les intrigues qui le passionnent comme l’amour impossible, les problèmes de communication ou encore une route tracée vers la fatalité. L’incapacité à communiquer est au cœur du film, entre un muet que le héros n’écoute pas, Bernard (Elie Poicard) qui pense plutôt que dit ce qu’il a sur le cœur, les téléphones qui ne se décrochent pas... 

Dans sa construction, Boy Meets Girl est presque une œuvre expérimentale et se distingue dans une filmographie pourtant hétéroclite et souvent étonnante. Avec au long du film une dissonance entre le son et l’image, Boy Meets Girl donne une impression de rêve, mais également d’intemporalité. Avec l’amour de Carax pour le cinéma des premiers temps, il n’est pas étonnant de voir dans son premier long-métrage ce manque de synchronisation organisée ajouté à une pellicule en noir et blanc.  

 

photoLa ligne est brisée

 

Mais ce premier film marque surtout le début de la collaboration entre Carax et son double : l’acteur Denis Lavant et ses multiples Alex (prénom de naissance du réalisateur). Particulièrement ici, où cet Alex est un jeune cinéaste qui se cherche dans les rues de Paris. Mais également, un Alex qui semble préfigurer celui des Amants du Pont-Neuf, perdu et sans le sou dans les mêmes rues de la Capitale. Boy Meets Girl offre alors une analyse sur le cinéma à venir du cinéaste, car tout semble déjà y être.

Pourquoi c'est du pur Carax : Pour le point culminant de la rencontre entre Alex et Mireille (Mireille Perrier) : la déclaration d'amour essoufflée entre 1h23 et 1h25 de film. Le tout est tourné en gros plans de parties de visages très contrastés qui donnent à la scène un côté irréel et viscéral, comme l’amour l'est souvent chez Carax. Les relations amoureuses sont trop fortes, trop vives pour des personnages incapables de vraiment communiquer leurs émotions. 

 

photo, Denis LavantLes années de galère dans la vie d'un jeune cinéaste

 

Encore une fois, les personnages ne se regardent pas dans les yeux, comme s’ils ne se voyaient pas, ne s’entendaient pas. La scène n’en est que plus intense. Car malgré l’urgence de la passion d'Alex, le message sonne creux et vain comme s’il n’y croyait pas lui-même, ou que Mireille n’était pas prête à l’entendre. L’amour est là, puissant chez Carax, mais semble toujours importun ou bien trop grand et trop fort pour que les personnages puissent parfaitement saisir son message. 

Un regard, une nuque, un œil, un bout de menton, les personnages sont déconstruits par un amour qui semble plus dévastateur qu’autre chose. Car peut-être que ce n’est jamais vraiment de l’amour, mais une passion fugace et fantôme qui vient comme un coup de sang. Alors qu’on aurait envie de voir les réactions sur les visages face à un tel discours qui ne semble pas trouver preneur, Carax par ses angles de caméra nous donne à voir le résultat d’une passion si jeune et désespérée : une cassure. Un avant-goût de la fin, car les histoires d’amour finissent mal en général.  

 

photo"Ce sera bouleversant j'espère"

 

Mauvais sang (1986)

De quoi ça parle : D'un Paris effrayé par une mystérieuse maladie qui frappe ceux qui font l'amour sans s'aimer. De malfrats qui tentent de voler le virus. Et d'Alex et Anna, qui se rencontrent et tombent follement amoureux.

Pourquoi il faut le (revoir) : C'est peut-être la quintessence du cinéma fragile de Leos Carax, et l'alliance ultime entre son sentimentalisme et son pessimisme, lesquels s'entrechoquent dans un récit aux frontières du fantastique. D'un côté, il y a ce monde en train de pourrir, écrasé par une canicule et hanté par un virus qui n'est évidemment qu'un écho à la réalité du SIDA, alors en pleine explosion dans le monde (et Carax filme le préservatif avec une attention toute particulière). Un monde où les gens se tuent, se suicident, se meurent, et se demandent comment s'aimer. De l'autre, il y a ces deux êtres isolés, semblables à de grands enfants perdus, qui vont se croiser, se trouver et se redonner la vie.

Dans les années 80, Mauvais sang tranche avec les codes du cinéma français. Loin du classicisme ou du pseudo naturalisme, il y a un appétit revendiqué d'artificialité (dans les décors en studio, les costumes, la mise en scène, et le jeu), et un vrai mouvement de renouveau. Leos Carax se place notamment aux côtés d'un jeune Luc Besson (Subway) et de Jean-Jacques Beineix (Diva, La Lune dans le caniveau). Ils aiment réinventer la ville (et notamment Paris), et mélanger la candeur et la violence de la jeunesse, pour raconter aussi bien l'amour pur que l'inexorable fin du monde. Mauvais sang en est peut-être l'illustration la plus pure et radicale.

 

Photo Juliette BinocheRouge gorge

 

Face à Denis Lavant, la muse que Leos Carax n'a pas abandonnée depuis, Mauvais sang marque l'arrivée d'un autre visage central de son cinéma : Juliette Binoche. C'était juste après Rendez-vous d'André Techiné et juste avant L'insoutenable légèreté de l'être, et l'actrice allait créer ici le fabuleux duo qui exploserait dans les feux d'artifice du Pont-Neuf, cinq ans après. Cet art du casting détonant, Leos Carax l'avait déjà, avec notamment Julie Delpy (alors débutante) et Michel Piccoli (déjà un monstre de cinéma). Et ce couple formé par Denis Lavant et Juliette Binoche est d'une beauté aussi enivrante qu'étrange.

Pourquoi c'est du pur Carax : Le film déborde de purs moments de poésie, où Leos Carax semble réinventer tout un monde avec des touches de couleurs (ce métro, ces murs, ces lèvres rouges), de sons (Alex le ventriloque, avec la bouche hors-champ) ou de lumière (la rencontre entre Alex et Anna dans un bus transformé en train fantôme).

 

Photo Denis Lavant"Au bout du téléphone, il y a votre voix"

 

La direction artistique est donc à tomber, et le cinéma habite chaque instant de Mauvais sang, comme si le cinéaste avait investi la moindre parcelle de cet univers, le moindre bout de décor, et chargé chaque scène d'idées visuelles et sonores. Il n'y a qu'à voir ce coup de fil magnifique entre Alex et Anna, rendue muette, pour sentir à quel point Leos Carax est capable de transformer une scène a priori banale en décharge de cinéma.

Et bien sûr, il y a ce long travelling fou, où Denis Lavant court et danse et vibre au rythme de Modern Love de David Bowie. Un moment de réjouissance totale, à cheval entre la magie du cinéma (une longue rue en studio, un long mouvement de caméra) et de simple et totale liberté (un comédien qui vit et vite, en direct). Eh oui, Greta Gerwig l'a refait (dans l'autre sens) dans Frances Ha, preuve que Mauvais sang a résonné très loin.

 

 

Les Amants du Pont-Neuf (1991)

De quoi ça parle : Pendant les célébrations du bicentenaire de la Révolution, un cracheur de feu sans domicile et une vagabonde qui perdent la vue se rencontrent et s'aiment, sur le Pont-Neuf, à Paris. 

Pourquoi il faut le (re)voir : Les Amants du Pont-Neuf est probablement l'oeuvre française la plus cosmiquement maudite de toute la galaxie. Le projet s'annonçait périlleux sur le papier, mais il va virer progressivement à la catastrophe. Un cataclysme qui s'étalera sur six années et essorera trois producteurs successifs. Le métrage doit se tourner sur le Pont-Neuf lui-même, alors fermé pour travaux. Mais le comédien Denis Lavant se blesse, occasionnant une coupure d'un mois dans le planning de tournage... et l'indisponibilité de l'unique décor de l'histoire. 

Ni une ni deux, la production se délocalise à Montpellier, ou sera bâti une réplique du Pont-Neuf sur le lac de Lansargues, accompagné d'un gigantesque décor reproduisant les perspectives des berges parisiennes. L'entreprise pharaonique piétine, prend du retard, et se métamorphose en calvaire au ralenti des mois durant. Quand sort finalement le film en 1991, il a tout du monstre déjà légendaire, qu'une partie de la presse accueillera avec du gros sel, convaincue d'avoir affaire à un délire d'auteur mégalomane.

 

photoIci, c'est (pas) Paris

 

Il n'empêche, trente ans plus tard, le film demeure, et loin de la folie qui présida à sa fabrication, il reste une proposition romanesque d'une puissance à peu près unique. Mêlant sans cesse les degrés de lecture, poussant loin les motifs du cinéaste, presque jusqu'à leur point de rupture, il nous raconte, avec une furie saisissante, la force évidente de la passion. Loin de refuser la symbolique, il assume de s'inscrire dans un décor mythique et le travaille au corps, à l'os. Menacé sans cesse par le ridicule, le grotesque ou la grandiloquence, Les Amants du Pont-Neuf ne sombre jamais, mais comme ses personnages, il transforme ses difformités en force, et parvient à créer un Paris fantasmatique fascinant.

Pourquoi c'est du pur Carax : Depuis ses débuts, la question de la nature même du cinéma travaille Carax, son statut d'illusion sans cesse renouvelée. Et Les Amants du Pont-Neuf va devenir le réceptacle de ce questionnement, au-delà de tout ce que son auteur aurait pu imaginer. Contraint de raconter sa fresque amoureuse non plus dans le décor réel envisagé initialement, mais sur une maquette géante, il fait du projet une illusion hypnotique, toujours crédible. Il pousse également cette dimension extrême avec ses comédiens, travaillant le corps de Denis Lavant au burin, poussant Juliette Binoche dans un jeu jusqu'au-boutiste et parfois suffoquant. Une valse qui culmine lors de la séquence du feu d'artifice, hallucination vertigineuse, où Carax semble filmer un mélange d'apothéose et de fin du monde.

Notre dossier sur les films français fous

 

photoCarax in a nutshell

 

Pola X (1999)

De quoi ça parle : Pierre vit avec sa mère dans un château en Normandie et s'apprête à se marier avec Lucie. Mais sa rencontre avec la ténébreuse Isabelle et la révélation qui suivra va le bouleverser.

Pourquoi il faut le (re)voir : Huit ans après l'échec de ses Amants du Pont-Neuf, Leos Carax est de retour sur le grand écran avec Pola X, également sélectionné au Festival de Cannes en compétition. Il en repart toutefois bredouille et surtout accompagné de critiques peu élogieuses, la plupart des médias l'affichant comme son "plus mauvais film" (même si le cinéaste Jacques Rivette y voit au contraire "le plus beau film français de la décennie passée").

La sentence ne met pas longtemps à tomber : le public s'absente des écrans et le film engrange à peine plus de 103 000 entrées en fin d'exploitation. Un gros échec donc pour un film au budget de près de 11 millions d'euros actuels. Il faut dire que cette adaptation du roman Pierre ou les Ambiguïtés de Herman Melville est particulièrement déconcertante, opaque et obscure. Et indiscutablement, difficile d'aspirer à plaire au plus grand monde. Pourtant, derrière cet ensemble se cache une oeuvre parfois passionnante et fascinante.

 

Photo Guillaume Depardieu, Katerina GolubevaUne balade qui va tout bouleverser

 

Si Leos Carax en a fait une version télévisée (un peu dans une démarche similaire à ce qu'avait fait Ingmar Bergman avec Fanny et Alexandre dans le sens opposé) qui a reçu un accueil bien plus favorable, cette version cinéma recèle déjà de magnifiques instants. Dès sa quasi-ouverture en plan-séquence où la caméra semble flotter à travers le jardin arrosé du château à ce monologue nocturne en forêt (non sans rappeler la rencontre mystique de Sous le soleil de Satan) jusqu'à cette scène de sexe incestueuse non simulée ou cet accouplement fantasmé dans une rivière de sang, Pola X est une oeuvre à part entière.

Jonglant en permanence entre le beau et le moche, l'enchanté et le désenchanté, le conforme et le polémique, le délicat et le brutal, la bourgeoisie et l'anarchie, le céleste et le terre à terre, Pola X est finalement le reflet de son cinéaste même. Ou plutôt son héros, incarné par un regretté Guillaume Depardieu à la fois incandescent et inerte (c'est le rôle qui veut ça), est une allégorie de l'artiste maudit qu'est Carax lui-même, prêt à sacrifier son image pour mieux faire vivre l'oeuvre dont il rêvait. La preuve s'il en est que son Pola X mérite d'être revu, quoi qu'on en pense.

 

Photo Katerina Golubeva, Guillaume DepardieuLe duo du basculement

 

Pourquoi c'est du pur Carax : Au-delà même du sens meta de Pola X, le quatrième film de Carax est du pur Carax à travers sa romance centrale. Une fois de plus, le cinéaste raconte la rencontre d'un homme et d'une femme, dont l'amour deviendra si profond, intense, viscéral et même absolu que ce qu'en pensera la société n'y aura plus aucune importance.

C'est tout l'objet de cette séquence de rêve furtive, et pourtant si évocatrice, où les deux amants s'étrennent dans cette rivière de sang jusqu'à être (presque) englouti. Leur amour (et l'amour en général) est plus fort que le reste et une vie de luxe malheureuse ne vaudra jamais une existence amoureuse miséreuse, et ce quitte à finir submergé sous les requis d'une société moderne dénuée de passion, de folie et d'envie.

 

 

Holy Motors (2012)

De quoi ça parle : La journée d'un homme qui se glisse dans plusieurs identités.

Pourquoi il faut le (re)voir : Dans le documentaire Big JohnJohn Carpenter décrivait son rapport conflictuel à la critique européenne, selon lui obnubilé par l'auto-réflexivité et les mises en abîme, volontaires ou pas. Peu étonnant, donc, que celle-ci ait fait un tel triomphe à Holy Motors, plus de dix ans après avoir descendu Pola X. Le long-métrage, ayant motivé bien des conversations lors de l'édition 2012 du Festival de Cannes (qui a finalement couronné Amour), est une métaphore limpide du 7e art, puisqu'on y suit un acteur, campé avec génie par Denis Lavant, incarnant tour à tour plusieurs personnages types.

Le chef d'affaires occupé, la miséreuse, le voyou, le freak, l'amoureux croisant une femme-objet, un second rôle larmoyant ou un producteur cynique. Autant d'archétypes qu'il déballe au sein d'un long conte absurde... mais en quête de vérité. Car Holy Motors ne se contente pas d'énumérer des modèles, il traque la part de vérité qui se cache derrière les scénarios, les mouvements de caméra et le grain de la texture.

 

photo, Denis Lavant Le soleil Lavant

 

Lorsqu'il s'attaque au blockbuster, il montre l'irréel surréalisme de leur nouveau mode de fabrication. Lorsqu'il met en scène un monstre, il le dépeint dans toute sa puissance symbolique, quitte à ressasser les thématiques d'Elephant Man dans un cimetière renvoyant forcément à l'horreur gothique, accompagné par le thème de Godzilla. Et même quand le comédien lâche en fin de journée ses prothèses envahissantes, il ne peut s'empêcher de sacrifier son identité sur l'autel d'un septième art toujours inquiet, mais dont on ne peut se débarrasser si facilement. La très jolie séquence de comédie musicale, assez triste, en dit beaucoup sur la perspective d'un cinéaste lessivé par la pellicule.

 

photoLe visage sans yeux

 

Pourquoi c'est du pur Carax : L'auteur n'a jamais caché son approche sentimentale envers son médium, et il la révèle avec une plus grande franchise encore dans son avant-dernier film, qui s'ouvre très littéralement sur une séance. Chez Carax, l'amour est cinéma. Et cette relation forcément fusionnelle peut s'avérer aussi belle que tragique.

Évidemment, son terrain de jeu reste une fois de plus Paris, décor fantasmé par excellence, si éreinté par le septième art qu'il en vient à se déliter. Nul doute qu'Annette saura déplacer ce monde artificiel de la capitale à Los Angeles.

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commentaires
Brosdabid
01/07/2021 à 18:57

Mauvais sang, mon poétique movie préféré et je pense que je me suis arrêté à celui là
Denis Lavant, Juliette Binoche
L amour moderne Ad Vitam Æternam

Tnecniv
28/06/2021 à 04:40

@Pavel , la même , je crois n'avoir vu qu'Holy Motors de lui mais j'avais trouvé ça abscons en ayant l'impression de regarder un film de " petit malin " .

Pavel.Lupin
28/06/2021 à 03:09

Rah j'ai quand même beaucoup de mal à voir en lui autre chose qu'un gros bourgeois qui s'adresse à ses copains...

Francis Bacon
28/06/2021 à 01:20

J'avoue ne jamais être resté aussi perplexe devant un film qu'après Holy Motors. Il y a qd même des séquences très belles et très drôles, il faudrait que je le revois j'apprécierais peut-être + une 2ème fois.

Mann
27/06/2021 à 14:57

Juste Merci. Leos Carax EST Cinématographe. Il parle cinéma. Comme tous les plus grands cinéastes (Resnais, Fellini,Kubrick ou Welles, Murnau, et forcément j'en oublie) il invente, irrigue la technique de son regard et fait de de chaque film un nouveau champs de possible. Comme un écrivain de sa plume, un musicien de sa partition ou d'un sculpteur sa matière, Leos Carax travaille le cinéma et crée son langage. Et des chef d'oeuvres.