Il suffit de quelques notes de synthétiseur, d’un poil de toison au vent ou d’une diode rougeoyante pour titiller le téléspectateur nostalgique de K 2000.
Qu’elle soit gentiment moquée ou adulée, la série a fait le bonheur de millions de sérievores au gré de nombreuses rediffusions, qui l’ont progressivement installée au panthéon des productions des années 80. Emblématique de son époque, K 2000 aura connu moult déclinaisons, dérivés, tentatives de suites ou de reboots. Aucun n’étant parvenu à s’installer dans la durée ou à égaler les 4 saisons de l’œuvre originale, essayons de comprendre ce qui fait de cette dernière un joyau pétaradant presque impossible à dupliquer.
LE BON GOÛT DU KITSCH D’ANTAN
Décennie de toutes les outrances, éruption d’un bling-bling matérialiste qui venait de balayer les hippies des sixties et les grands mouvements sociopolitiques des seventies, les années 80 ont célébré une certaine forme de jouissance, de triomphe incarné par le biais d’objets de consommation désirables. Si une série telle que Miami Vice peut être appréhendée comme une des premières à critiquer et analyser cette équation en sous-marin, revêtant les oripeaux de son époque pour mieux les questionner, alors K 2000 est presque une production jumelle, l’envers de sa médaille.
Car si la série n’est pas avare de fringues, gadgets et autres totems encapsulant le luxe ou la réussite tels que les fantasme son époque, elle les embrasse avec tant de ferveur qu’elle s’y vautre, avec une joie communicative. Cette fascination se retrouve jusque dans les origines du héros, le fringant Michael Knight, qui s’avère au moins aussi artificiel que sa voiture. En soit les mésaventures d’un proto-agent secret opérant avec K.I.T.T., une Pontiac Firebird Trans Am modèle 82 qui aurait piqué les diodes d’un Cylon, le cerveau de Hal de 2001 : l'odyssée de l'espace et l’humour de Lagaf sont déjà une déclaration d’amour aux 80’s triomphante, mais la série va plus loin.
Avant d’être Michael Knight, notre héros était Michael Long, policier grièvement blessé à la tête dans l’exercice de ses fonctions, auquel le milliardaire Wilton Knight décide de payer une série d’opérations afin de lui offrir un tout nouveau visage, et de lui confier une super voiture, indestructible, surpuissante et dotée d’un gros paquet de neurones. Le nouveau visage de Michael n’est autre que celui de Garth Knight, fils de Wilton et psychopathe avec lequel il est en froid.
Le kamoulox est fractal, tant notre protagoniste s’avère donc être une sorte de super-playmobil, dont la légèreté affichée, le courage de jupons intense et le sourire ahuri ne sont finalement qu’autant de symptômes de kitcherie triomphante. Et absolument chaque aspect de la direction artistique de la série vient le souligner. C’est notamment le cas de la musique, dont l’usage est aussi révolutionnaire que cheap. Première production à industrialiser le recours aux tubes du moment, mais à les faire réinterpréter par des inconnus pour économiser sur les droits, K 2000 respire en tout point ce mélange de roublardise et de débrouille.
Et pour autant, l’entreprise sait quand surprendre son spectateur, faisant notamment appel à Stuart Phillips pour composer son mythique générique, qui capture son époque, la représente à merveille, et captive instantanément l’attention du spectateur, au point que les reprises et hommages se multiplieront au fil des décennies.
LE FOU ROULANT
Au-delà de son univers et de ses prémices devenus des motifs de nostalgie et des emblèmes presque absurdes, il y a une raison évidente de rester désespérément enamouré de cette fresque motorisée, et cette raison n’est autre que David Hasselhoff. Ce dernier n’est pas devenu un meme à lui tout seul sans raison, tout comme sa ganache ne s’est pas mise à fleurir dans la pop culture par hasard. De Bob l'éponge aux Gardiens de la Galaxie, l’acteur a été brandi à la manière d’un drapeau incarnant le cool.
Un concept qui lui colle à la peau et qui est probablement antérieur à Alerte à Malibu (où il avait déjà en partie un rôle d’aîné). Dans K 2000, David Hasselhoff rassemble à peu près tous les attributs de son temps, avec une insouciance qui semble manifestement non fabriquée.
Car, disons-le, pour beau gosse et charmeur qu’il soit, le comédien joue comme un pied coupé. Infoutu de simuler autre chose que le sourire enjôleur ou le fronçage de sourcil, il ne peut guère que blaguer avec sa voiture – manifestement plus maligne que lui - faire du gringue au personnage féminin jetable de la semaine, et aguicher sa mécanicienne à l’œil humecté. Mais jamais n’affleure la moindre émotion, ni ne pointe un semblant de dramaturgie, ou d’enjeux humain.
Cet action man à l’échelle 1 n’est pas là pour que le spectateur s’y projette ou y explore ses propres sentiments, mais bien pour qu’il prolonge ce geste enfantin et merveilleux, à savoir celui d’agiter en tout sens une figurine de plastique bodybuildée en postillonnant, si possible, sur la tarte Tatin foirée d’un parent cuit par l’alcool. Surface lisse, à la fois candide, enfantine et fantasmatique, Michael Knight bénéficie de toute la naïveté que dégage son interprète, cette foi inébranlable en un lendemain fait de gloire, de brushing et de cocktails trop tassés.
Et pour souligner encore la folie douce de l’ensemble et ses penchants pour une douce absurdité, la série offre souvent à son sidekick de taule et d’essence des sous-intrigues ou des situations étonnamment folles, ou bizarrement inspirées par le cinéma de Stanley Kubrick. Plusieurs épisodes recèlent ainsi de discrètes références ou inspirations, notamment dans les traitements des émotions, ou quand une intelligence artificielle lit sur les lèvres de ses propriétaires...
BLAST FROM THE PAST
Enfin, ce qui frappe et enchante, tout en expliquant sans doute pourquoi aucune des suites, reboot, remake ou adaptation n’a pu reproduire le succès de son modèle, c’est combien la série est absolument indissociable de son époque. Bien sûr, la mode a changé, mais au-delà de ses oripeaux stylistiques, tout ce qu’elle nous présente, qu’on l’adore, l’abhorre ou le moque, semble difficilement transposable aujourd’hui.
Ainsi, si la voiture individuelle est bien loin d’avoir disparu, elle n’est plus le même moteur métaphorique, ou terrain de jeu fantasmatique. Un simple coup d’œil au microcosme publicitaire de la voiture contemporaine témoigne d’un changement de braquet complet, où vitesse et puissance ne sont plus les premiers ou uniques motifs de désir.
Il en va de même pour le traitement du héros, qu’on imagine mal aussi superficiel aujourd’hui, ou à ce point centré sur lui-même. Pour attachant qu’il soit, Michael Knight trimballe désormais tous les attributs d’une masculinité qui a considérablement évolué, et ne pourrait probablement plus se décliner de la même manière. Les personnages féminins, étonnamment absents et transparents, même quand ils succombent au charme du personnage, témoignent également d’une appréhension du public bien différente.
Enfin, si la technologie est toujours un puissant dispositif fictionnel, qui enflamme l’imagination des spectateurs comme des créateurs, son statut a totalement changé. De réceptacle d’un désir positif, synonyme de progrès et de liberté, elle s’est partiellement invisibilisée et déplacée vers un tout autre terrain, comme le soulignent les récents Mr. Robot ou Devs.
Cette recette des années 80 chimiquement pure confère à K 2000 une patine qui en a fait pour beaucoup une madeleine de Proust, dont on voit mal comment elle peut se réinventer sans être totalement vidée de sa substance. C’est sans doute ce qui fait le charme suranné de ce bolide.
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les meilleurs séries des années 80 était k 2000, supercoptère et le tonnerre mécanique que je regarderai toujours.
Franchement vu la gueule des séries françaises je préfère regarder k2000
Bien vu les diodes de Cylon, j’avais jamais fait le parallèle ????
Gamin j’adorais cette série par contre je crains que cela a mal vieilli.
J’ai regardé la saison 1 en DVD il y a quelques mois, a part quelques insignes en cartons pour marquer un lieu avec un budget faible, qui casse un peu l’ambiance et le fait qu’ils ne peuvent pas s’empêcher d’envoyer KITT faire un saut en hauteur pour rien à beaucoup d’épisodes, c’était vraiment sympa!
J’ai 17 ans et je suis une grande fan de K2000 et de Tonnerre Mécanique. Je pourrais les regarder pendant des heures.
J’ai vraiment hâte de voir le film
Va falloir trouver une approche vraiment originale pour que les ados d’aujourd’hui s’intéressent a une voiture qui parle! je sens que l’on va avoir droit a un traitement style 21 Jumpstreet ou Starsky &Hutch …
supercopter, tonnerre mécanique…..les series de feu la 5 avec Riptide….