Tout Guillermo Del Toro : Cronos, premier conte horrifique et vampirique

Alexandre Janowiak | 20 janvier 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexandre Janowiak | 20 janvier 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Avant la sortie de The Shape of Water, retour sur toute la filmographie magique et horrifique de Guillermo Del Toro.

Si The Shape of Water alias La Forme de l'eau est pour beaucoup le grand film de Guillermo del Toro, qui lui offrira enfin le succès et la reconnaissance de Hollywood, l'occasion est trop belle pour ne pas revenir sur toute sa carrière.

D'ici la sortie de son dixième film, en salles le 21 février, Ecran Large revient chaque week-end sur ses précédentes oeuvres.

 

  

 

DE QUOI ÇA PARLE

En 1536, un alchimiste fuit l’Inquisition et arrive à Vera Cruz au Mexique. Au cours de ses expérimentations, il réussit à trouver le mécanisme secret de la vie éternelle en inventant Cronos et le renferme dans un scarabée en or. Quatre cents ans plus tard, il finit par mourir dans une catastrophe. Quelques années passent avant que le vieil antiquaire Jésus Gris découvre dans une des statues de son magasin ce mystérieux scarabée en or. Son destin et sa vie vont s’en voir chamboulés.
 
 
 

LES COULISSES

Guillermo del Toro a fait preuve d’un grand courage et d’une vraie détermination pour réussir à concrétiser Cronos. Le film entre en écriture dès 1984, sous le nom Le Vampire d’Aurora Gray, mais la productrice Bertha Navarro (qui produira ensuite L'Échine du diable et Le Labyrinthe de Pan) n’aime pas le titre. Durant la production, le film se transforme alors en Le mécanisme de Cronos puis en simple Cronos à cause de ses faibles moyens : 2 millions de dollars.

Si ce budget parait minime, il est pourtant largement au-dessus du budget initialemement prévu de 1,5 millions de dollars (et devient le film le plus cher de l'histoire du Mexique à l'époque). Le cinéaste mexicain a alors tout fait pour trouver les 500 000 dollars manquants et compléter ce surplus en s’endettant. Le financement a également été possible grâce à l’aide de Ron Perlman qui a accepté de diminuer drastiquement son salaire.

 

Photo de tournage Ron Perlman, Guillermo del ToroRon Perlman et Guillermo Del Toro sur le tournage de Cronos

 

Des sacrifices qui ont porté leur fruit. Si le film a été un échec en salles aux Etats-Unis (seulement 600 000 dollars de recettes) et n’est pas du tout sorti en France, sa présence au Festival de Cannes va lui donner un bel élan critique.

Grâce à ses nombreuses récompenses dans les festivals fantastiques et en devenant le représentant du Mexique pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, Cronos permet à Guillermo Del Toro de se faire un nom dans l'industrie. Au cours des festivals, il rencontre des personnalités influentes, Bob Weinstein et Pedro Almodóvar entre autres, qui lui permettront de réaliser par la suite Mimic et L'Échine du diable pour lancer pleinement sa carrière.

 
 

POURQUOI C'EST UN BON PREMIER FILM  

Cronos est une très belle réussite, notamment pour un premier film, et instaure d’ores-et-déjà les thématiques et les mimics que Guillermo Del Toro reproduira durant les vingt années suivantes.

Avec cette histoire fantastique où l’épouvante plane sur l’ensemble du récit, il démontre déjà son amour du genre horrifique et sa passion pour les contes. Le réalisateur mexicain s’amuse ainsi à revisiter le mythe du vampire tout en instaurant une réflexion sur l’éternité et l’immortalité. A travers son personnage principal, il développe également une symbolique religieuse (Jesus Gris, résurrection…) qui lui est chère et reviendra souvent dans le reste de sa filmographie. L’ambiance sombre, les lieux souterrains, l’enfance confrontée à l’horreur adulte mais aussi les quelques touches humoristiques inattendues (les scènes au crématorium) au cœur de Cronos sont autant de thèmes et de repères restés accrochés à Guillermo Del Toro (sans compter la présence de Ron Perlman). Le Mexicain fait aussi déjà preuve d’un vrai talent de metteur en scène surtout quand la caméra est en mouvement et magnifie la monstruosité (la séquence des toilettes où Jesus boit du sang).

Certes, le scénario de Cronos présente des défauts, sa prévisibilité manifeste et son manque d'innovation entre autres mais le film subit sensiblement son manque de moyen. Il n’en reste alors pas moins un premier long-métrage précieux.

 
 

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