On adore les aliens, on adore les classements, donc voici les 10 meilleurs films d’invasion alien, selon Ecran Large.
Il y a une chose presque aussi belle et réjouissante que les films catastrophe où la Terre et l’espèce humaine sont détruits, anéantis, écrasés, ou noyés brûlés. Ce sont les films d’invasion alien, où une race extraterrestre vient pour nous détruire, nous anéantir ou simplement nous réduire en esclavage et nous transformer en steaks bio.
Ecran Large a décidé de sélectionner les 10 meilleurs films d’invasion alien, avec quelques critères : des aliens ouvertement méchants (désolé Le Jour où la Terre s’arrêta, Le Météore de la nuit, Monsters, Annihilation, District 9, etc), une histoire qui se déroule sur Terre (désolé Starship Troopers), et des films bien (pas désolé Skyline, World Invasion : Battle Los Angeles, Darkest Hour etc).
Evidemment, cette sélection est garantie 100% subjectif et « comment ça vous avez pas cité ce film ?!!? ».

L’invasion des profanateurs de sépultures
- Sortie : 1956
- Durée : 1h20

Le film de science-fiction qui a distillé l’une des peurs les plus fondamentales de la culture américaine. Tiré d’un roman de Jack Finney, L’Invasion des profanateurs représente parfaitement la manière dont l’Oncle Sam perçoit l’adversité : une force intangible mais terrifiante, qui prend possession de chaque individu pour le faire adhérer à une collectivité monstrueuse. Le principe est à peu près aussi chargé politiquement que terrifiant. Ainsi apparait le maître mot du genre : la paranoïa.
Expression d’un mal qui ronge chacun d’entre nous ou pur fantasme idéologique ? Toujours est-il que le roman a eu droit à 3 réadaptations (dont deux vraiment glaçantes, pour des raisons différentes), ainsi qu’à plusieurs dizaines de déclinaisons, qui auraient porté le corpus de cet article à 30 films si nous ne les comprenions pas dans cette partie. Dans le tas, plusieurs pastiches amusants (The Faculty, Frissons), plusieurs détournements géniaux du concept (Le Dernier pub avant la fin du monde) et quelques chefs-d’œuvre absolus (La Chose d’un autre monde et son remake, The Thing).
Un véritable courant artistique qui prouve que, malgré la menace d’une invasion extra-terrestre, l’être humain reste avant tout terrifié par lui-même et la perspective d’un totalitarisme absolu, dont le spectateur ne peut que deviner l’effet physique. C’est aussi de là que vient sa force de frappe : si on peut à peu près imaginer ce qu’on ressent lorsqu’on est traversé par un rayon laser, on a plus de mal à se figurer les tourments du vol de l’esprit. Dans le body snatcher, l’hypothèse extra-terrestre reste ce qu’elle a toujours été : une terrible épée de Damoclès existentielle. Dans l’infinité de l’univers, mieux vaut être seul que mal accompagné.
Prisonnière des martiens
- Sortie : 1957
- Durée : 1h28

On a tendance à automatiquement associer les invasions alien au cinéma américain des années 50, à juste titre. Mais coté japonais, on ne chomait par pour autant. Le tokusatsu a bien évidemment fait la part belle au sous-genre, ne serait-ce que dans sa saga la plus célèbre : Godzilla. Du fameux King Ghidorah aux Ixiens du très sympathique Invasion Planète X, le roi des monstres et ses sujets ont eu de quoi s’occuper, et pas qu’un peu.
Mais il n’y a pas que chez eux que les envahisseurs attaquent. Ishirō Honda, légendaire papa de Godzilla et valeur sure de la Toho, l’a notamment prouvé avec Prisonnière des martiens, qu’il considérait comme son meilleur film. Ici, si les martiens en question (en réalité des habitants d’une planète éloignée réfugiés sur Mars) font d’abord étalage de leur force en envoyant un robot géant (on ne se refait pas) casser de la maquette, ils ne veulent en réalité que le droit de marier des Terriennes, leur lignée étant défaillante depuis leur guerre nucléaire. Mais l’humanité ne se laissera pas faire.
Un pitch qui pose quelques questions, comme « copuler avec un extra-terrestre relève-t-il de la zoophilie ? », mais qui sert surtout de prétexte à plusieurs séquences de destruction savoureuses. Le film est plus généreux que son équivalant américain, dont il s’inspire beaucoup dira-t-on, Les Soucoupes volantes attaquent. Il faut dire que quand la série B américaine use de la parano ambiante pour économiser sur le budget (le body snatcher, c’est bien pratique), le tokusatsu est autrement plus démonstratif et donc forcément absolument kitsch. Mais est-ce qu’on est pas là pour ça ?
Le Mystère Andromède
- Sortie : 1971
- Durée : 2h11

Tiré d’un roman de Michael Crichton (le papa de Jurassic Park), Le Mystère Andromède permet à Robert Wise (West Side Story, La Mélodie du bonheur) de revenir à ses premières amours du côté de l’horreur et de la science-fiction (La Maison du diable, Le Jour où la Terre s’arrêta). Mais pour une fois, l’ampleur acquise par sa mise en scène se met au service d’un anti-spectacle : la visite d’un village perdu ravagé par un virus extraterrestre.
Les cadavres voient leur sang être transformé en poussière, à la manière de mannequins laissés dans cette ville aux airs de zone de test nucléaire. Wise sublime une nouvelle fois l’horizon, la crainte de voir cette menace invisible se répandre hors de l’écran, avant de boucher cet appel de l’ailleurs. Par la suite, l’équipe de scientifiques se réfugie dans un laboratoire souterrain, prêt à exploser en cas d’échappée du virus.
Le Mystère Andromède prend le mal à sa source, dans le microscopique, et au fur et à mesure que les personnages progressent dans leur découvert, la monstruosité de la menace grandit et se révèle à eux. Dans le genre, c’est à la fois efficace et brillant.
Le Blob
- Sortie : 1988
- Durée : 1h30

Au commencement, il y avait (encore) la série B des années 1950. The Blob, titré en France Danger planétaire, est un pur produit de son époque. Avec au casting un Steve McQueen débutant, il relate l’attaque d’une masse gélatineuse extra-terrestre sur une petite ville américaine. un postulat on-ne-peut-plus pratique : d’une part, il ne coûte pas cher, de l’autre il abonde dans le sens du Maccarthisme ambiant. Il aura même droit à une suite, un indécrottable nanar surnommé Attention au blob ! chez nous.
Mais bien sûr, il est aujourd’hui impossible de passer à côté du remake de Chuck Russell, grosse bisserie horrifique qui troque la paranoïa caractéristique de la période pour un gros spectacle régressif, crétin et surtout foutrement méchant. Personne – pas même les enfants ! – n’est épargné par le blob du titre, qui dissout quiconque a le malheur de se trouver sur son passage.
Ce n’est pas l’invasion Alien la plus noble, ni la plus flippante (pour ça, dans le même genre, on recommande la dernière adaptation de La Couleur tombée du ciel). Mais peu sont les films de science-fiction des années 1950 à avoir connu un remake aussi divertissant. Tout juste peut-on citer le très, très kitsch L’Invasion vient de mars de Tobe Hooper, remake de Les Envahisseurs de la planète rouge produit deux ans auparavant par la Cannon. Vaguement amusant, mais ça manque de gore, d’explosion et de motos.
Invasion Los Angeles
- Sortie : 1988
- Durée : 1h33

Avant d’être le nom d’une marque de fringues pour ado cools, le mot « OBEY » est surtout un des messages sublimaux que transmettent les extraterrestres aux humains dans le film Invasion Los Angeles, qui a ensuite inspiré la charte graphique de l’entreprise vestimentaires de Shepard Fairey. Dans ce long-métrage contestataire écrit et réalisé par John Carpenter, d’après une nouvelle de Ray Faraday Nelson, il est question de percer à jour le grand complot orchestré contre l’humanité tout entière par des aliens déguisés en humains et certains collabos humains.
Le peuple a ainsi été privé d’esprit critique et de libre arbitre, sa volonté ayant été aspirée par la publicité et les médias qui lui vendent tout et n’importe quoi et le maintiennent dans un état passif. Ce lavage de cerveau à grande échelle métaphorise la politique élitiste et capitaliste de Regan, d’une façon certes peu subtile ou nuancée, mais la réalité l’est-elle davantage ?
Toujours est-il que s’il n’a pas vraiment rencontré le succès à sa sortie, ce film a à mi-chemin entre le film de SF fauché et la série B d’action populaire avec l’ancien catcheur Roddy Piper en héros raté, a depuis acquis un statut culte. En même temps, cette histoire engagée et amère (notamment pour sa fin ouverte qui ne garanti ni le départ des aliens ni le soulèvement de l’Humanité), paraît anticiper notre époque autant qu’elle raconte la fin des années 80 et ses bouleversements socio-économiques.
Mars Attacks !
- Sortie : 1996
- Durée : 1h50

« Nice planet… We’ll take it ! » La catchline de l’affiche annonce la couleur. Les extra-terrestres de Tim Burton ne laissent pas planer le doute longtemps. Ils ne sont pas venus pour faire du tourisme (du moins pas seulement). Dans une hilarante parodie du Jour où la Terre s’arrêta, les colombes sont désintégrées et le destin de sa farandole de personnages absurdes bascule.
Avec Mars Attacks, Burton s’attaque non seulement à la science-fiction des années 1950, à laquelle il est profondément attaché, mais aussi à la mentalité américaine de l’époque. Démonstration des liens ténus entre idéologie et cinéma populaire, le film souligne à quel point le McCartisme a façonné le sous-genre de l’invasion, non sans humilier ses représentants les plus loufoques. Le système individualiste et belliqueux occidental, incarné entre autres par le président Nicholson, est passé à la sulfateuse avec une énergie sale gosse communicative. Qu’importe si les gags sont parfois approximatifs.
Et puis, il y a les extra-terrestres en question. Le coup de génie est ici d’en faire les caricatures dont rêveraient les politiciens américains : sales, affreux, méchants et beaucoup trop sensibles au répertoire musical local. Peu à peu, on surprend pourtant à prendre leur parti… et en faire les icones qu’ils sont aujourd’hui. Plus tard, Burton s’intéressera au même sujet via une extrémité différente dans son superbe biopic de Ed Wood, auteur d’un autre des films d’invasion les plus célèbres de l’histoire du cinéma : Plan 9 from outer space.
SIGNES
- Sortie : 2002
- Durée : 1h45

Si M. Night Shyamalan était alors considéré comme le prochain Spielberg, Signes était son Rencontres du troisième type, mais avec une approche radicalement opposée. Les Jean-Michel Jarre des étoiles sont remplacés par de vilains envahisseurs, et le cauchemar se resserre autour de la gorge d’une famille coupée du monde. Au loin, derrière l’écran de télévision et les ondes radio, le film catastrophe a lieu. Mais le réalisateur s’intéresse à l’intime face à l’apocalypse, et transforme la petite ferme au milieu des champs en théâtre de l’horreur.
Bien sûr, il y a l’amusante théorie des aliens gentils, qui se contentent de réagir à l’agressivité d’humains paranos, avec un extraterrestre qui veut se venger du père. Mais difficile d’y voir plus qu’une théorie vu l’attaque finale et les déclarations de Shyamalan, qui présente les aliens comme des symboles démoniaques venus tester la foi de Graham.
Dans tous les cas, Signes est complètement écrit et filmé comme un film d’horreur. La silhouette sur le toit puis la jambe dans le champ en pleine nuit, la vidéo diffusée à la télévision, le home invasion avec les mains qui se faufilent… Les aliens sont des créatures de pure terreur, et Shyamalan réussit là l’un des plus grands tours de force de sa carrière, grâce à une mise en scène d’une précision redoutable. Excepté la toute fin, beaucoup trop frontale, et qui dénote avec toute l’intelligence du hors-champ avant ça.
Mentions spéciales : Traquée (invasion alien intime, et muette), Dark Skies (un sous-Signes amusant)
LA GUERRE DES MONDES
- Sortie : 2005
- Durée : 1h52

Peut-on faire plus tétanisant et terrifiant que La Guerre des mondes version Steven Spielberg ? En adaptant le roman culte de H.G. Wells avec Tom Cruise et un budget de 130 millions, le cinéaste a concocté le film d’invasion alien ultime, à cheval entre le blockbuster et l’horreur. Il y a donc des scènes de destruction massive (une ville pulvérisée, un avion qui s’écrase, des bateaux attaqués), mais empreintes d’un désespoir tellement immense que seul un miracle (les microbes, le plus petit des deus ex machina) pouvait sauver l’espèce humaine.
En transformant le héros Tom Cruise en simple père de famille qui ne peut rien faire d’autre que fuir, Spielberg raconte ici une odyssée cauchemardesque inouïe. D’un train infernal lancé à travers la nuit à des vêtements qui tombent du ciel, en passant par une vague de cadavres et du sang vaporisé dans l’air, La Guerre des mondes compile les visions d’horreur et convoque les traumas de l’humanité.
Ce n’est pas anodin si les enfants pensent à des terroristes, si le héros est recouvert de poussière blanche dans les rues, et si un avion se crashe dans le décor. Surtout avec une menace qui sort du sol et attaque donc de l’intérieur du pays. La Guerre des mondes multiplie les niveaux de lecture, jusqu’à sa fin faussement heureuse où le héros repart seul, expulsé de la cellule familiale. C’est un grand film de science-fiction, un grand film d’invasion alien, un grand film d’horreur moderne, et un grand film tout court. Malgré quelques fausses notes, principalement dans la partie avec Tim Robbins.
Under the Skin
- Sortie : 2014
- Durée : 1h48

Avant La Zone d’intérêt, Jonathan Glazer explorait déjà l’humanité en essayant au maximum d’effacer ses propres affects de cinéaste. En filmant Scarlett Johansson en alien apathique, mante religieuse qui séduit des hommes pour un mystérieux but, le réalisateur fait de l’invasion extraterrestre un prétexte pour revenir à la base de ce que nous sommes en tant qu’espèce.
Difficile de se projeter dans une psyché qui n’est pas la sienne, et pourtant, sa façon de coller en permanence au regard de son personnage aide à vivre une expérience extra-corporelle, où notre propre monde nous semble étranger. Petit à petit, ce corps déguisé commence à expérimenter des sensations et des émotions humaines, à ne plus seulement être un subterfuge.
On pourrait parler des heures de ce chef-d’œuvre expérimental et de ses scènes les plus marquantes (celle de la plage, traumatisante), mais derrière son récit sur l’extraordinaire, Under the Skin est une œuvre sur une harmonie naissante dans la cacophonie du monde. Par ses métaphores visuelles sur les éléments et la nature, Glazer marque la façon dont son héroïne crée un osmose avec notre planète, dans sa beauté comme dans sa cruauté.
NOPE
- Sortie : 2022
- Durée : 2h10
Après ses deux films d’horreur Get Out et Us, Jordan Peele a surpris son monde avec Nope, mystérieux film alliant à la fois le western, la science-fiction et l’horreur. S’il continue à étudier à la fois le deuil, l’industrie hollywoodienne, le racisme voire l’exploitation animale tout en analysant les rapports de domination du monde, Jordan Peele s’y réapproprie avant tout la figure de l’OVNI.
En effet, si Nope offre une angoissante invasion d’aliens traditionnels dans un canular d’une efficacité redoutable, il en profite surtout pour finalement revisiter le genre. Et cela passe évidemment par un monstre unique, une forme extraterrestre ayant l’allure d’une soucoupe volante, soit la parfaite alliance de l’idée d’OVNIs et d’aliens ne faisant plus qu’un.
Il en résulte une œuvre d’une richesse et d’une densité folle qui convoque à la fois le meilleur de Shyamalan (Signes cité plus haut dans ce dossier) et Spielberg (La guerre des mondes, Rencontres du troisième type, E.T. l’extra-terrestre, Les Dents de la mer) et qui parvient dans le même temps à se démarquer totalement de ses pairs. Un héritage au service d’une mise en scène fabuleuse, parvenant à lier une intrigue aussi intime que spectaculaire avec une puissance inimaginable.
Invasion aliens , pas présence d aliens.
Predator et Avp alors.
Nope????
Trouver le moyen de foutre Nope dans cette liste, fallait le faire, bravo.
Pour en revenir à la section sur Mars Attacks, en réalité Tim Burton explora d’abord la SF 50’s avec Ed Wood (1994), puis avec Mars Attacks (1996) et non l’inverse…
Bon, ca va que The Faculty et The Thing sont cités au début! Mais quand meme, quoi! Pas le choix, il va falloir faire un top 10 des meilleures adaptations et variations de L’Invasion des Profanateurs! 🙂