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47 Meters Down : critique des profondeurs

Par Christophe Foltzer
26 juillet 2021
MAJ : 8 octobre 2023
28 commentaires

Quand un filon se profile, on aurait tort de ne pas en profiter. Et quand on sait à quel point Instinct de survie a fonctionné, on se dit que des petits malins vont forcément tenter de toucher à nouveau le jackpot. Voici donc 47 Meters Down, diffusé sur TMC à 21h15.

Affiche

LES DENTS ÉTERNELLES

Les requins, c’est un peu comme les dinosaures : qu’importe l’époque, ça marchera toujours. Et c’est d’ailleurs assez rigolo de constater que l’on doit ces deux modes à Steven Spielberg qui a quand même traumatisé une génération entière en 1974 avec ses Dents de la Mer et son requin impitoyable. Une référence qui s’impose à chaque spectateur dès qu’il regarde un film avec un squale et que 47 Meters Down se charge d’évacuer tout de suite avec un générique en forme d’hommage.

Parce que, voyez-vous,47 meters down n’entretient que peu de rapports avec le cauchemar de Spielberg mais serait plus à ranger dans le rayon des gros survivals. Nous y suivons donc deux soeurs, Kate et Lisa, en vacances à Mexico. Et Lisa l’a sacrément mauvaise parce qu’elle vient de se faire plaquer et qu’elle veut prouver à son ex qu’elle n’est pas une nana chiante en faisant des trucs bien ouf. Comme descendre dans une cage plongée dans la mer pour passer un moment privilégié avec de grands requins.

Bien que réticente, et sans aucune expérience de la plongée, Kate accepte, poussée par sa soeur et les deux mecs qu’elles ont rencontrés la veille. Sauf que, bien entendu, le câble se pète, la cage atterrit au fond de la mer et nos héroïnes sont coincées dedans, entourées de requins affamés et contraints par une réserve d’oxygène qui s’épuise à vitesse grand V. Début du suspense.

 

Photo Mandy Moore, Claire HoltLes victimes du jour

  

JUMP SCARE UNDERWATER

On le voit, nous sommes en présence d’un high-concept, ce Graal de tout producteur hollywoodien qui, s’il est bien exécuté, le rendra riche pour les années à venir. Et cela ne nous gêne pas outre mesure puisque cela s’annonce très divertissant. Malheureusement, c’est aussi le plus gros piège du film parce que, si le principe de départ est alléchant, encore faut-il pouvoir être capable de le tenir pendant 1h25. Et comme les contraintes sont nombreuses et très restrictives (un lieu principal – la cage – une contrainte de temps -l’oxygène), le plus gros danger est de ne pas arriver à renouveler son action et son suspense, surtout avec des personnages mal dégrossis

Et c’est malheureusement ce qui se passe puisque 47 Meters Down peine à intéresser le spectateur avec son histoire ultra classique qui ne surprendra personne. Si vous avez déjà vu un film de ce genre, vous connaissez déjà la fin et vous n’aurez aucune surprise. La mise en place extrêmement laborieuse est étirée ad nauseam pour gagner du temps, le suspense une fois en pleine crise ne fonctionne que rarement et il faut attendre la dernière partie du film pour qu’enfin quelque chose de surprenant arrive et que le tout s’énerve un peu.

 

Photo In the DeepAbyss : Cage Edition

 

Évidemment, par sa nature de petit film à concept, 47 Meters Down devait avant tout nous proposer une ambiance unique et marquante et des requins terrifiants. Ce n’est malheureusement pas le cas puisque le film peine à trouver son tempo, trop étiré, ne réussit pas à installer une ambiance pesante (pour une raison que nous évoquerons tout à l’heure) et opte pour le très mauvais choix de faire de ses requins des générateurs à jump-scares.

En effet, ils apparaissent et disparaissent à loisir et cela détruit totalement leur potentiel horrifique puisqu’ils n’accèdent ainsi pas au statut pourtant obligatoire de menace omniprésente, d’ombre au loin, de terreur symbolique. Là, nous sommes face à un boogeyman avec des nageoires et c’est un peu dommage.

 

PhotoBleu d’enfer

 

THE DESCENT

Pourtant, 47 Meters Down recèle de quelques beaux moments et il faut reconnaitre la prouesse technique d’un tournage sous-marin qui est accomplie ici. Même s’il y a beaucoup de plans truqués, les requins sont beaux et il arrive de rares fois que l’on en ressente toute la puissance inquiétante. Les comédiens aussi sont convaincants, même si Matthew Modine fait le minimum syndical, il faut reconnaitre que Claire Holt et Mandy Moore s’investissent totalement dans leurs rôles.

 

PhotoDans les profondeurs de l’angoisse

 

Malheureusement, et c’est l’autre gros point faible du film, l’écriture de l’histoire est insupportable. Tout y est surligné, souligné, mis en lumière pour être sûr que le spectateur comprenne ce qui est en jeu et une bonne partie de son action consiste à ce que les comédiennes disent ce qui vient de se passer ou ce qu’elles vont faire, flinguant ainsi tout le suspense recherché. Et c’est assez horripilant d’avoir l’impression d’assister à un commentaire audio du film alors que l’on cherche à se mettre dans l’ambiance.

Cette surabondance de réactions totalement artificielle nuit aussi à la cohérence de l’ensemble puisqu’en ne la fermant jamais, elles consomment quand même beaucoup d’oxygène. Et c’est assez désolant de constater que lorsque le film laisse tomber ce procédé dans sa dernière partie, immédiatement, le concept fonctionne, le spectateur est happé et tout s’arrange. Vraiment dommage.

 

Affiche

Rédacteurs :
Résumé

47 Meters Down ne révolutionnera pas le genre et surfe clairement sur le succès de Instinct de survie. Une bonne intention handicapée par une volonté d'en faire trop pour se démarquer, mais un moment sympathique pour les spectateurs les moins exigeants. Par contre, on vous prévient tout de suite, on est très loin de Sharknado, là.

Autres avis
  • Mathieu Jaborska

    Excellente surprise que cette série B consciente de ses limites, capable de ménager ses effets et de proposer quelques véritables coups de pression. Un divertissement bancal mais franchement efficace, qui surclasse grâce à son minimalisme nombre de représentants actuels du genre.

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Flo

Le meilleur film de Johannes Roberts est un Survival marin et sélacien – c’est toujours plus efficace qu’avec des pieuvres ou des oursins. Mais que l’on ne s’y trompe pas, ce ne sont pas les requins qu’il faut craindre à tout prix. 
La menace qui plane sur nos deux héroïnes archétypales (la trop débrouillarde, celle qui est moins fragile que prévue, la transcendance en frôlant la mort), c’est plutôt l’isolement, coincées dans un environnement où la lumière et les communications sont aussi limitées que l’oxygène. Comme si on réinventait « Les Dents de la mer », en restant entièrement sous l’eau plutôt qu’en surface (heureusement, il y a assez d’équipements de plongée spéciaux pour que ça reste lisible).

Et il s’agit aussi d’une question de confiance, à la limite de la paranoïa… Certes le sujet aurait été similaire avec des protagonistes masculins. Mais le fait que ce soient deux jeunes femmes, l’une (l’énergique Claire Holt) semblant moins frustrée que l’autre (Mandy Moore, qui joue sa sœur ainée en plus), et qu’elles soient entourées d’hommes dont on ne sait pas s’ils vont abuser d’elles, ou bien les laisser tomber, en profitant du fait qu’on est au milieu de l’océan… Tout ça crée une angoisse bien plus particulière. 
Rien que la voix du capitaine que joue Matthew Modine, si calme, bienveillante et neutre, génère l’effet inverse puisqu’on est toujours au fond avec elles, on n’a jamais de contrechamp sur ce qui se passe à la surface – après tout, c’est sa cage à requin (ou plutôt son treuil) qui s’est détaché… et toutes les tentatives que lui et les autres hommes vont déployer pour aider les filles semblent vaines.
C’est simple : dans ce contexte, on ne sait jamais complètement si les pires prédateurs ont des nageoires ou des orteils – un comble suprême quand on sait que les Weinstein sont aussi crédités à la production !?

Autre détail très appréciable : non seulement le film n’est pas avare en péripéties agaçantes (« va-t-elle y arriver, oui, non, ‘chier ça y était presque, foutez lui donc la paix !!! »)… Mais il contient aussi en son sein un tiraillement entre deux types de cinéma, qui arrive à se cristalliser dans le dernier tiers de l’histoire (évidemment ça fait penser à un autre Survival sauvage, féminin et claustrophobe)… 
Dans lequel on oppose d’un côté, un climax hollywoodien, dont Johannes Roberts a préalablement exposé la possible artificialité – jusqu’à ce que l’action trépidante nous le fasse oublier, et nous emporte totalement.
Et de l’autre, un climax plus triste, amer (plus européen ?), qui nous coupe l’herbe sous le pied et nous ramène les pieds sur terre… alors que paradoxalement, la dernière image restera confinée sous l’eau.
À nous de choisir laquelle retenir sachant que, intoxication oblige, les deux peuvent être aussi factices l’une que l’autre.
Devenir une super-héroïne combattante, ou une héroïne résiliente ordinaire… L’un de ces statuts vaut bien l’autre.

Bob

Encore un film scénarisé par des personnes qui ne connaissent absolument rien aux requins.
Pathétique.

Xbad

Des films de requins il y en a un paquet, mais à part l’indétrônable jaws, celui ci (et instinct de survie) se laisse regarder avec plaisir ! De bonnes séquences d’angoisse !

Tuk

J’ai trouver la chose trés sympatique.Les deux d’ailleur.

Cooper

Comment les personnages font pour s entendre alors qu ils ont les oreilles dans l eau ? faut qu on m explique la.

Opale

Instinct de survie est top, j’ai adoré! Pas vu 47 meters down mais une sorte de suite ou volet nommé 47 meters down uncaged et bien c’est pas terrible…

Marvelleux

A quand un dossier sur Mandy Moore,

Numberz

@的时候水电费水电费水电费水电费是的 tristor

Ouaip. Le macguffin était auditif cette fois, quand un des mecs du bateau dit attention à l hallucination faute d’oxygène. La partie remontée avec sa copine entourée de 3 requins jusqu’au bateau est un trip. Bien foutu d’ailleurs la remontée. On voit qu’elle trip sur le bateau en regardant la main qu’elle s’est taillé. Sa copine s’est faite bouleter par le requin. D’ailleurs, vu l’attaque de celui ci, pas de doute. Surtout quand on nous fait croire qu’elle pisse le sang et qu’elle ne se fait pas attaquer..

Tristor

Je n’ai pas compris la fin, une seule s’en sort?

Numberz

Je veux juste signalé après ce film shark alert. Mon dieu j’ai les yeux qui saignent