MIAMI VICE
Moonlight est sans aucun doute desservi par sa place actuelle sur le marché hollywoodien : trois Oscars parmi huit nominations (meilleur film, meilleur scénario adapté, meilleur acteur dans un second rôle dans un second rôle pour Mahershala Ali), et une revue de presse dithyrambique pour s’attendre à un grand mélodrame flamboyant et terrible.
Le programme va dans ce sens : trois tranches de vie centrées sur un garçon né dans un sale quartier de Miami, auprès d’une mère toxicomane, avec une homosexualité difficile à vivre dans le décor.
Or, le deuxième film de Barry Jenkins, quasiment sorti de nulle part et entré dans la cour des grands avec ce pur long-métrage indépendant (budget de 5 millions), est moins évident. Moins clair, moins simple, moins facile à consommer. Pas de grandes envolées mélo, pas de tragédie larmoyante, mais le portrait en trois traits d’un personnage emprisonné.
THREE TIMES
Centre de gravité du film, ce personnage a plusieurs surnoms, visages et corps (il est interprété à trois âges différents par Alex Hibbert, Ashton Sanders et Trevante Rhodes). Moins intéressé par la trajectoire noire tirée de sa propre enfance, Barry Jenkins dessine par touches cet alter ego, construit autour de trois rencontres décisives, qui montrent mieux que n’importe quel autre élément (la couleur de peau, les vêtements, le travail, les muscles) la personne qu’il est véritablement.
D’une figure paternelle à un premier amour qui le forgera dans la violence avant de lui offrir une lueur d’espoir, Moonlight assemble ce portrait avec une sensibilité étonnante. Si certains éléments empruntent lourdement au pur mélo, notamment avec la mère interprétée par Naomie Harris (inspirée par la propre mère de Jenkins), le cinéaste maintient une ligne dure et une distance presque glaciale avec son héros.
Cette retenue est la grande force du film, et également ce qui pourra surprendre l’amateur de drame larmoyant qui pensait avoir affaire à un mélodrame classique. En ça, il rappelle parfois Manchester by the Sea, le très beau film de Kenneth Lonergan qui résiste lui aussi aux plus grosses ficelles et se raconte par touches presque abstraites.
MOONLIGHT KINGDOM
Moonlight est plus fort dans le détail que dans sa globalité. Un exemple : un regard caméra d’une beauté et d’une violence saisissante de Naomie Harris, tourné en 48 images par seconde, comme Le Hobbit de Peter Jackson. Le choc est subtil, mais réel. C’est dans ces moments fulgurants que Barry Jenkins donne à son film une puissance folle, plus que dans certaines scènes ou certains dialogues un peu forcés (l’explication du titre).
Le vrai coeur de Moonlight semble d’ailleurs se cacher dans la troisième partie. La plus déchirante et surprenante, qui se retranche dans une zone moins stéréotypée, avec une tendresse et une finesse épatantes. C’est là, dans l’écriture comme dans la direction d’acteur, que Barry Jenkins démontre un talent formidable. C’est là aussi que Moonlight révèle un acteur fantastique : Trevante Rhodes, muscles d’ogre et visage d’enfant, qui aurait amplement mérité autant de louanges que Naomie Harris et Mahershala Ali, nommés aux Oscars. Bouleversant, il incarne à merveille toute la complexité du film.
Un très bon film.
À voir absolument
J’ai peu de choses à dire devant ce film, c’est beau, c’est d’une sobriété classe. On y est sensible (ou pas).
LALALAND >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> Moonlight
La La Land un classic dans 50 ans
Moonlight? Aux cotés de spotlight, oublié deux semaines après son oscar.
D’un chiant, mais d’un chiant.., un film taillé pour le festival de cannes.
Ne me parlez pas de ce film oubliable (oublié?), la plaie est toujours ouverte…
En effet @Nico, rattrapage tardif également…
Superbe film. Peut-être pas un chef d’oeuvre mais indiscutablement un classique. Il y a des plans vraiment magnifiques et la cohérence des trois chapitres est remarquable. Sans oublier que les trois incarnations de Chiron sont troublantes de véracité et de sensibilité.
Un bijou ce film
Courez-y.