RoboCop : du pire au meilleur, on a classé la saga culte

La Rédaction | 20 mars 2023 - MAJ : 20/03/2023 16:35
La Rédaction | 20 mars 2023 - MAJ : 20/03/2023 16:35

50% satire. 50% action. 100% inégale. La saga RoboCop, issue du film de Paul Verhoeven, mérite qu'on s'y attarde. On a pris l'excuse du classement.

La loi, c'est lui. Et il ne s'agit pas de Judge Dredd, mais de ce bon vieux RoboCop, personnage devenu instantanément une grande figure de la pop culture et un symbole de l'ambiguïté de la satire hollywoodienne. Du long-métrage de Paul Verhoeven jusqu'au remake de 2014, accueilli très fraichement, la franchise comporte quatre films officiels, qu'on a décidé de classer, du pire au meilleur. Bien sûr, c'est juste une excuse pour revenir sur tous les opus, chacun ayant ses particularités et ses anecdotes de production.

Et c'est sans compter les téléfilms, séries live et animées ou même adaptations diverses, que nous n'incluons pas dans cet article. En revanche, il en est question dans notre premier épisode du podcast La Réu', dédié au super-Flic et à son univers, sous toutes ses formes. Et ça ne coûte même pas un dollar.

 

 

4. Robocop 3

Sortie : 1993 - Durée : 1h44

 

RoboCop 3 : photoRavalement de façade

 

Il fait quoi RoboCop dans RoboCop 3 ? Fini Detroit, devenue trop insécuritaire et surtout trop peu rentable. L'OCP, sous l'influence de méchants capitalistes japonais, entreprend de raser la vieille ville pour construire Delta City. Afin de mater la révolte, RoboCop est reprogrammé, mais il finira par rejoindre les insurgés et leurs marmots pour botter le cul de l'OCP et de ses nouveaux propriétaires.

Pourquoi RoboCop 3 est probablement le pire ? Robocop 3, c'est d'abord une occasion manquée. Celle de Frank Miller, scénariste avide de recaser ses idées pour RoboCop 2. Mais ce n'est toujours pas du goût du studio, qui commet enfin la faute la plus impardonnable et plante le dernier clou du cercueil de la licence en réduisant la dose de violence pour obtenir le sacro-saint classement PG-13 auprès de la MPAA. Un comble, quand on sait que le premier avait du subir des coupes ne serait-ce que pour décrocher un R.

 

RoboCop 3 : photoAh oui, il y a cette scène aussi

 

Cerise sur le gâteau en train de pourrir : Peter Weller préfère s'embarquer dans l'aventure surréaliste Le festin nu pour Cronenberg (on le comprend), plutôt que de renfiler l'armure. C'est le Robert John Burke de Simple Men qui le remplace au pied levé, et dans des circonstances difficiles. Et les soucis financiers d'Orion n'arrangeront pas la distribution. Bref, sur le papier, Robocop 3 n'a pas grand-chose pour lui. Et sur pellicule, à peine plus.

En amenuisant la violence et simplifiant des enjeux que la première suite avait miraculeusement réussi à reconduire, le film finit par prendre complètement le contre-pied des thématiques originales, voire à devenir exactement ce que Neumeier, Miner et Verhoeven parodiaient. À savoir un divertissement pour gosses qui fait mine de dénoncer, mais qui perpétue à peu près tous les biais les plus déplorables du cinéma américain d'action. Non seulement l'apparition des Japonais renvoie à un exotisme un peu malsain, mais en faisant de Murphy un résistant passé la moitié du récit, il dépossède le personnage de son ambiguïté une bonne fois pour toutes.

 

RoboCop 3 : photoLa RoboCop family

 

Reste donc une grosse série B pleine à craquer de dérapages improbables, comme cette séquence hallucinante où une petite fille pirate un ED-209 une demi-seconde avant qu'il n'oblitère sa petite famille, avec le sourire s'il vous plait. Impossible de ne pas mentionner également les robots-ninja, renvoyant directement aux obsessions kitschissimes de la Cannon – vous savez, cette firme adversaire d'Orion dont le logo était pastiché par celui de l'OCP.

 

3. Robocop (2014)

Sortie : 2014 - Durée : 1h57

Budget : 100 millions - Box-office : 242 millions

 

RoboCop : photoBack in Black

 

Il fait quoi RoboCop dans RoboCop (le remake) ? Alex Murphy se fait une nouvelle fois tuer (cette fois par une explosion de voiture) avant d'être transformé en super-flic robot par une corporation pas bien gentille. La différence, c'est qu'il est conscient d'être dans une machine.

Pourquoi le remake de RoboCop est une occasion manquée ? Reprendre un classique de Paul Verhoeven a rarement été une bonne idée. Total Recall l'avait déjà prouvé avec toute l'inanité d'un projet lisse et opportuniste, dépourvu de la sève satirique de son modèle. RoboCop a, d'une certaine façon, le même problème. On avait d'ailleurs été prévenu, puisque le réalisateur José Padilha (Troupe d'élite) n'a pas manqué d'exprimer son mécontentement sur les réseaux sociaux pendant la production d'un film saboté par ses producteurs.

 

Samuel L. Jackson : Photo RoboCopLa meilleure idée du film

 

Pourtant, RoboCop version 2014 ne manque pas d'idées, à commencer par sa reprise des passages télévisés du film original, cette fois synthétisés par l'émission d'un Samuel L. Jackson tendance Alex Jones. On sent même Padilha investi par la modernité de son sujet, qu'il confronte à ces nouveaux héros ultra-libéraux de la Silicon Valley pour mieux tacler leur image de génies avant-gardistes (ce que tous les blockbusters ont repris depuis quelques années).

De ce point de vue, RoboCop semble par instants se poser les bonnes questions, comme lorsqu'il décide de se détourner du premier film pour montrer un Alex Murphy conscient de sa condition de cyborg. Rien que pour la scène glaçante où le personnage se fait effeuiller de son corps robotique, on aurait presque envie de sauver ce projet aussi attachant que malade.

 

Photo Joel KinnamanHollywood en pleine création de blockbuster

 

Le problème, c'est que toute cette théorie autour de la reproductibilité technique des héros (qui donne lieu à quelques beaux plans dans l'usine qu'essaie de fuir Murphy) est vite foutue en l'air par la pratique. RoboCop s'éloigne de Verhoeven pour mieux y revenir, quitte à forcer le carré à rentrer dans le rond. Sa dimension de polar est vite décontenancée par son rythme faillible, et par son final chiant comme la mort, énième climax de blockbuster pétaradant à base de CGI sans âme. Le soufflet retombe bien vite, mais comme son protagoniste, on perçoit les restes d'une humanité touchante derrière sa programmation trop contrôlée.

 

2. Robocop 2

Sortie : 1990 - Durée : 1h50

Budget : 25 millions - Box-office : 45 millions

 

RoboCop 2 : photoRoboCop vs Krang

 

Il fait quoi RoboCop dans RoboCop 2 ? Pendant que RoboCop essaie d'arrêter un trafic de drogue, l'OCP cherche à créer RoboCop 2, pour assurer la relève. Après avoir essayé de reprogrammer RoboCop pour en faire un gentil bouffon, ils abandonnent et tentent une expérience. À la fin, RoboCop affronte un prototype de RoboCop 2 devenu incontrôlable. Il gagne. Mais l'OCP aussi.

Pourquoi RoboCop 2 est l'un des meilleurs ? Parce que c'est un petit miracle. Bien sûr, RoboCop 2 est d'abord une histoire de business, et porte donc tous les problèmes d'une telle opération : le premier scénario écrit par Edward Neumeier et Michael Miner, sous-titré The Corporate Wars, a été abandonné ; le réalisateur Tim Hunter a quitté le projet trois mois avant le début du tournage pour être remplacé par Irvin Kershner (L'Empire contre-attaque) ; et le scénario de Frank Miller a été largement réécrit avant, pendant et après le tournage.

 

RoboCop 2 : photoRoboCop vs Evil Dead 3

 

RoboCop 2 était une machine de guerre, avec une date de sortie programmée, et tout le reste devait suivre. En théorie, c'était donc la recette du désastre, sauf que le film a intégré ces paramètres pour devenir une satire savoureuse, car extrême. Quand le comité d'OCP discute de RoboCop qui est trop violent pour les enfants et qui inquiète les parents, c'est évidemment du film lui-même qu'ils parlent.

Quand les prototypes ratés du projet RoboCop 2 défilent dans un sketch grotesque, et que le patron hurle qu'ils ont perdu 90 millions de dollars, c'est évidemment un pied de nez au développement chaotique du film. Et difficile de ne pas voir dans ce RoboCop-bouffon reprogrammé une réponse aux questions de classification pour la sortie cinéma, qui avaient notamment été un vrai sujet sur le premier film.

 

RoboCop 2 : photoRoboCop vs Mechagodzilla

 

RoboCop 2 déborde ainsi de malice. Des publicités hilarantes (la crème solaire édition Na'vi) aux antagonistes (l'enfant-guerrier, la psy déglinguée, le boss qui arrive à la mairie décorée de drapeaux légèrement nazis), en passant par l'intro géniale (l'effet domino de la violence, digne d'un cartoon), le film respire l'intelligence parce que tout le monde semble conscient de ce qui se passe avec cette saga en devenir.

Et même sans plonger dans cette analyse meta passionnante, RoboCop 2 reste un pur plaisir. Les effets de Phil Tippett, Rob Bottin et Peter Kuran sont fantastiques, et le film aligne les images mémorables (RoboCop démembré et en morceaux, l'opération de Cain). Le gros RoboCop 2 offre un duel réjouissant qui joue avec les codes du film de kaiju (la présentation du colosse dans une miniature de ville) ou d'horreur (la cage d'ascenseur qu'il remonte tel un monstre). Généreuse et particulièrement bien menée, aussi drôle que spectaculaire, RoboCop 2 est un peu la suite parfaite... née dans les plus imparfaites conditions.

 

1. Robocop

Sortie : 1987 - Durée : 1h42

Budget : 13 millions - Box-office : 53 millions

 

RoboCopRoboCop 1.0

 

Il fait quoi RoboCop dans RoboCop ? Dans un Détroit gangréné par le crime, un grand conglomérat militaro-industriel baptisé l'OCP utilise un flic mort appelé Murphy pour créer un robot chargé de faire respecter la loi : RoboCop. Alors qu'il tente de recoller les morceaux de son passé, RoboCop utilise son nouvel arsenal et son nouveau corps pour se venger de ceux qui l'ont tué et dévoiler les malversations de l'OCP, qui s'en sort malgré tout.

Pourquoi RoboCop est le meilleur ? Parce que c'est le film originel qui a permis à tous les autres de la saga d'exister, mais surtout parce que sa naissance, son histoire, son succès et son héritage sont aussi improbables qu'impressionnants. Tout est parti d'une idée, inspirée des comics, d'un super-flic entre l'homme et la machine et d'un scénario de science-fiction satirique écrit par Edward Neumeier et Michael Milner, que Paul Verhoeven a refusé deux fois avant de changer d'avis. Il a bien fait.

 

RoboCop : photo, Ronny CoxCarnage dans 3...2...1...

 

En apparence, RoboCop ne ressemble qu’à un film d’action creux et violent, avec un héros « 50% homme, 50% machine, 100% flic » comme le décrit si subtilement l’affiche. Mais, rapidement, derrière les fusillades, les effets clinquants et le titre douteux, apparaissent une satire enragée et une critique acérée du consumérisme et du capitalisme, thème de prédilection du hollandais violent fraichement arrivé à Hollywood pour tirer sur tout ce qui bouge.

Sur un ton cynique et foncièrement méchant, le réalisateur critique tous les éléments constitutifs du monde contemporain avec une dérision permanente, dans des actualités et des publicités aussi alarmantes qu’absurdes ou en démarrant son film par le massacre sanglant d’un exécutif lors d’un essai raté du dernier robot conçu pour faire régner la loi dans les rues. Dans un Détroit dystopique et glacial, déjà ruiné avant sa réelle faillite, où les grandes compagnies contrôlent tout, y compris les pouvoirs publics, le cinéaste donne naissance à un univers dystopique inquiétant et visuellement impressionnant, mais aussi à un personnage mythique, destiné à entrer dans la culture populaire.

 

RoboCop : photoMort ou vif, il vous aura

 

Au croisement entre Terminator et Judge Dredd, RoboCop est un Frankenstein du futur, une réinvention bizarre du mythe de Prométhée dont les souvenirs du passé entraveront les plans de robot obéissant et dénué d'émotion développés par l'OCP. Cette quête d'identité effacée que poursuit ce personnage de chair et de métal constitue toujours une des forces du film, amenant avec elle l'éternelle réflexion autour de l'âme d'une machine, qui continuera d'être explorée de différentes façons dans les suites et le remake.

Encore aujourd'hui, RoboCop reste un monument de science-fiction et de cinéma qui prend le spectateur et l'embarque dans un spectaculaire chef-d'oeuvre de violence et de satire.

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commentaires
Kasuo
16/10/2023 à 21:43

J ai revu le 2 et une correction débile, c est que c est un projet a 19 millions, la somme est tellement ridicules aujourd'hui, la somme d endettement de la ville est aussi ridicule.

Fuck "Fuck le 2"
22/03/2023 à 19:54

Toi je te nique.
J'aime Robocop 2, j'aime Franck Miller et ta mère, et je veux un film sur Robocop vs Terminator.

Non de non
21/03/2023 à 10:30

@ ryuzo

Arrête avec tes delires de versus débiles, on a vu ce que ça a donner avec les bouses de alien vs predator et les bouffoneries de freddy vs jason, stop aux massacres, si toi ça t'amuses de voir deux icônes être ridiculisée en se battant comme deux bouffons sur un ring de catch pas moi

Ryuzo
21/03/2023 à 10:10

Merci à Madame Verhoeven d'avoir ramassé le scénario jeté dans la poubelle par son mari, et de lui expliquer qu'il est vraiment intéressant. Car sans ça, il n'y aurait ni cet article, ni ces échanges et encore moins ce film qui est un masterpiece. La suite me semble plutôt sous-cotée bien qu'il n'est pas au niveau du premier volet, tandis que le 3 ème est insipide. Quand au remake, que je vois plutôt comme un reboot, je le trouve merveilleusement et intelligemment bien écrit. Il ne manquait que le sarcasme et la violence.
Mais mon plus gros regret, c'est que j'aurais voulu voir un RoboCop vs Terminator.

Fuck le 2
21/03/2023 à 08:59

Y a qu'un seul robocop, le 2 est destiné aux mongoles de bas étage

Theinsider38
21/03/2023 à 00:21

Quel robocop 4? On parle de quoi du remake ? Comment peut on oser le comparer à la saga ? Déjà il n’y a pas pas de saga , robocop c’est deux films point barre

Laurent SFN
20/03/2023 à 21:16

Bien content que certaines personnes aiment le 2 : c'est un petit bijou d'autodérision et d'humour noir. Le 3 est un navet absolu. Le reboot se laisse regarder, est même plutôt reussi sur certains points, mais reste gentillet.

Neji
20/03/2023 à 20:35

Je me souviens jeune quand j'avais vu le 3 et que la nénette se fait exploser sa collègue comme une vieille chaussette criblé de balles, le choc ultime...
Enfin bref le 2 est rigolo mais le 1 et puis c'est tout le côté subversif du propos disparaît ensuite plus aucun intérêt.

Flash
20/03/2023 à 20:23

Il y en a qu’un, c’est le premier.
Le deuxième est juste une énorme déception, le troisième un navet.
Pas vu le 4.

Tnecniv
20/03/2023 à 20:22

@Ringo " Et l'original, chef d'œuvre, porté par la rythmique martiale de Basil Poledouris ! "
Clairement un de mes thèmes préféré tous films confondu, surtout après la dernière image du film, mon ressenti reste intact à chaque visionnage.

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