Deadpool : critique psychotique

Simon Riaux | 3 avril 2023 - MAJ : 04/04/2023 08:52
Simon Riaux | 3 avril 2023 - MAJ : 04/04/2023 08:52

En 2009, la Fox piétinait les fans des X-Men avec le premier stand alone de Wolverine, et massacrait littéralement le personnage de Deadpool. Les connaisseurs fantasmaient depuis un retour en grâce de l’anti-héros énervé, drôle et subversif. Le film porté par Tim Miller et Ryan Reynolds devait incarner cette renaissance, mais force est de constater que si ce Deadpool est beaucoup plus intelligent que son prédécesseur, il est tout aussi cynique et paresseux.

CADAVRE EXQUIS...

Et ce n’est pas faute de nous faire rire. Car s’il faut bien reconnaître une qualité, ou un plutôt une promesse tenue du long-métrage, c’est celle d’assumer la bouffonnerie de son protagoniste. Wade Wilson est une fontaine à vannes, une turbine à clins d’œil, le plus souvent bien sentis. Qu’il dézingue ses concurrents Marvel, se moque gentiment de son acteur principal, ou s’adresse directement au spectateur, le trublion en spandex incarné par Ryan Reynolds est un hyperactif de l’humour gras.

Tel un hamster cocaïné entreprenant de venger le spectateur d’une grosse décennie de blockbusters désincarnés, ce Deadpool se met (littéralement) en quatre pour marquer son territoire. Blagues scato, omniprésence de la masturbation, violence supérieure à la moyenne, on rit souvent avec notre psychopathe préféré.

 

Ryan ReynoldsDeadpool

 

Enfin psychopathe… Il faut le dire vite. Deadpool a beau crier sur tous les toits combien il est un grand malade assoiffé de sang, dans les faits, le scénario fait plutôt de lui une sorte de héros intégralement positif, très éloigné du sociopathe des comics. Amoureux transi, justicier dans l’âme, il s’avère finalement un type au comportement tout à fait moral, à peine dévissé par son penchant pour les blagues à base de phallus et de licornes.

 

Photo Ryan ReynoldsLe péage c'est plus ce que c'était

 

... OU NATURE MORTE ?

Que le personnage soit un peu aseptisé, passe encore, mais on attendait au moins du film qu’il nous raconte quelque chose. Las, perdu dans ses deux décors et demi (on a l’impression que l’intégralité du récit se déroule sur un parking d’Aubervilliers), le scénario s’avère être une « origin story » particulièrement molle du bulbe. 

Les personnages manquent de caractérisation, aucun n’affiche de personnalité particulière ou de motivation digne de ce nom et exception faite de Deadpool lui-même, tous sont servis par des dialogues affligeants de pauvreté.

Le spectacle qui nous est proposé est ainsi d'une paresse effroyable, à tel point que le montage en est réduit à éclater artificiellement la chronologie pour nous proposer un semblant d'énergie, et va jusqu'à éparpiller l'une des deux seules scènes d'action du métrage sur plus de 40 minutes afin de masquer que ce qui nous est raconté est aussi classique que réchauffé. Résultat : un film de 1h45, dont l'intrigue aurait pu être résumée en deux vignettes introductives.

 

Photo Ryan Reynolds, Morena BaccarinBonjour motivation de scénario n°9475

 

Et ce ne sont pas les deux brèves séquences de castagne qui vont contrebalancer ce constat amer. Certes l’introduction du film fait mouche, mais quand le spectateur réalise que les vannes sont plus là pour masquer la faiblesse des chorégraphies que dynamiter l’ensemble, l’enthousiasme retombe rapidement. Quant au cliffhanger, il laisse dans la bouche un goût d’arnaque persistant. Deux petites blagounettes, un duel expédié comme un dépucelage de neurasthéniques hémophiles et hop, notre héros pas si anti emballe sa chère et tendre.

Soyez donc prévenu, le film de Tim Miller et Ryan Reynolds n’est pas l’antidote aux blockbusters lyophilisés qui se multiplient, il s’agirait plutôt d’une version cuir et bourrine de Ted, Mark Wahlberg en moins.

 

Affiche

Résumé

Deadpool nous avait promis un divertissement enragé et hilarant. Au final, nous n'aurons droit qu'à une comédie potache terriblement sage et  paresseuse.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(3.8)

Votre note ?

commentaires
Kherv
04/04/2023 à 09:06

Where's Francis ?

Galt
13/01/2021 à 10:42

Tim Miller, le tâcheron qui a massacré la mythologie de Terminator.
Ok ce Deadpool était sympathique, sans plus, mais dès que je vois son blaze affiché quelque part, ce sera niet direct !!!!

Opale
12/01/2021 à 10:23

Un petit téléfilm potache, marrant par moments mais plutôt chiant et vain la plupart du temps...

Club
02/10/2020 à 09:06

Hyby

Bybbgu
Nuvcudik

Flo
14/02/2020 à 15:29

PORTNAWAK ! Aux Fous !! Mais c’était quoi ce truc !!??
C’est un oiseau Dodo ? C’est un avion X-Jet Blackbird ? Non, c’est Deadpool, qui rime avec Raide génial Cool ! Ah Ah, bien fait pour ceux qui aurait voulu jouer les fans faussement indignés en ne lisant que ces première lignes, car j’ai bien adoré, à la mesure du personnage (et dans une salle rouge -de fauteuils- et noire en plus, le top) ????

Bon, pour récapépét avec le héros, rappelons que Rob Liefeld a encore joué à l’époquee au mash-up paresseux entre Deathstroke et Spider-man pendant 5 secondes (temps relatif des comics). Puis a laissé son anti-héros à Marvel et d’autres auteurs plus talentueux qui en ont fait au fur et à mesure (un peu, plus du tout, puis énormément), et dans la lignée de prédécesseurs illustres comme Howard le Canard, son bouffon du Roi, son paratonnerre à conneries, sa soupape de sécurité pour moins se prendre la grosse tête, sans laisser les pétages de plombs à leurs autres super héros.

– Sinon à quoi ça servirait de changer leur nature pour un délire officiel (comme de faire un Superman vénère et sombre alors qu’il y a déjà Batman, pas vrai? ???? ) –

Avec un pouvoir régénérant bien pratique pour la jouer comme un Looney Toon survolté, ironique quand on sait que c’est une propriété Warner comme DC. Et une propension à ne tellement pas tenir en place qu’il en sort des cases de son propre comic book.
Le revers étant que le gars est devenu tellement iconique et « bankable » qu’il n’en a plus le caractère proche des comics indépendant qui suggérerait une liberté corrosive méchante totale. Et qu’ainsi un film à sa gloire passerait d’autant pour un dérivé de plus après ses tonnes de séries et caméos à droite à gauche.

Et puis d’abord, est-ce qu’un tel film avec un tel ton peut se monter, avec les moyens adéquats ? Grâce à quelques précurseurs oui comme, au niveau de l’humour speedé facile (il suffit juste de balancer tout ce qui passe par la tête et de laisser faire) qu’on a pu voir en un peu plus mou dans les films de Seth Macfarlane.

-petite trivia: Ryan reynolds a un caméo MUET dans Ted et Albert à l’Ouest –

Niveau super héros, il y avait les "Kick Ass", "Defendor" et "Super", mais justement avec plus d’émotion palpable à divers moments, des films pas si comiques que ça.
Résultat, marketé comme également spin off mal élevé des X-Men, "Deadpool" le film restera presque intégralement sur la voie de la grosse farce méta, pas désagréable si on omet une image pas jojo digne d’une série B gore, pas si loin que ça de "XMOW" qui était peut-être trop light mais déjà une bonne introduction à Wade Wilson, coupée en deux.
En fait il y a tout de même quelques moments où on ne peut pas vraiment rire dans "Deadpool", vu ce que subit son anti-héros. Punition pour sa grand gueule, ou moyen gaguesque de faire passer plus facilement les horreurs qu’il a pu voir et faire dans sa vie ? Ce sera à l’appréciation du public.
Et c’est aussi pour c’est petits moments passagers de détresse que Ryan Reynolds emporte le bout, donnant en plus une voix et une attitude au personnage qui restera dans la tête de chaque lecteurs maintenant. Et on a l’impression avec Wade que Comme prévu, il endosse une main dans le dos (ou coupée) le rôle de ce héros qu’il a tant attendu d’interpréter qu’on a l’impression que certains de ces autres films comptent pour du beurre, ou sont juste des répétitions avant le grand jour et le succès (pas trot tôt).
Les autres acteurs sont corrects, leurs personnages plus tirés des historiques de Joe Kelly: Morena Baccarin vanessa en dulcinée plus qu’en Copycat (pas encore?), voir en carmelita Camacho, ou future Lady Deadpool, allez savoir ?
La Fouine, Ajax (très énervant de saloperie, mais moins folklorique), Blind Al (tiens, pas de blague sur le changement de couleur de peau ? je savais que c’était du bidon ces pomlémiques ???? ), Béa Arthur… Bref tout est quasi là, y compris les gags sur les autres super héros, fastoches (Batman, Green Lantern, Spider-Man etc). Et quelques pistes sur un lien passé avec les X-Men, voir même le SHIELD (mais ils peuvent bien mentir sur ce supposé héliporteur). Et Angel Dust, mais on s’en fout un peu, c’est juste un(e) gros bras efficace

-petite trivia: ce ne serait pas elle qui vient faire pipi debout dans les toilettes pendant que Wade se prend la tête avant d’aller accoster Vanessa ? –

Après si le film n’a pas de style renversant, juste de bons moyens techniques mis au service du grotesque (ce générique!), si d’ailleurs ça ne ressemble même pas à un film tellement ça ne raconte pas grand chose… et bien il le fait tout de même avec beaucoup d’entrain et assez de talent pour bien se marrer, jaune ou pas, avec le concept méta de film qui se regarde lui-même jusqu’à se qu’on arrive plus à schtroumpfer le réel et la faux. Comme si Wade ne faisait que raconter sa version.
Et que si au contraire il se rendait compte qu’il n’était lui-même qu’une fiction, il serait définitivement irrécupérable comme dans sa Massacrologie. Tiens ça ferait un bon troisième épisode ça ? En attendant, qu’il profite bien de son happy end…

-petite trivia: trivia veut dire information ou anecdotes intéressantes mais sans utilité.

????

sylvinception
19/10/2018 à 10:18

L'une des plus belles arnaques de ces dernières années.

Ou comment interdire un film de super slips au moins de 13 ans...
Uniquement à cause des "gros mots". Remarquable, vraiment!!

Alix84
20/02/2016 à 00:48

Je viens voir le film et je le trouve perso très bien et ultra fun. Très loin d'un avengers par exemple. Le film ne nous prend pas pour des cons et en cela je le trouve également respectable.
C'est second degré, parodique et très humoristique à mon goût.

KLM
18/02/2016 à 18:07

Kamitora, je ne vois aucun mépris généralisé, au contraire. Le succès du film est énorme, le public visé est comblé, et ce n'est pas parce qu'il y a (heureusement) quelques voix un peu plus sur leur réserve que le film est mal-aimé ou méprisé.
Après, tout ce plaisir procuré au public pour le satisfaire parfaitement avec un peu de violence/cul/politiquement pas trop correct, est justement la raison pour laquelle je n'aime pas vraiment le film : c'est très cynique à mes yeux, et très foutage de gueule vu que le film ne raconte rien de spécial, ne filme rien de fou, et se cache constamment derrière des clins d'oeil complice et méta. Comme si annoncer "regardez ce film est cliché mais on le hurle sur les toits et on vous offre une bière", était suffisant pour camoufler les énormes faiblesses de cet origin story ordinaire.

Kamitora
17/02/2016 à 12:03

Je viens de voir le film et, le moins qu'on puisse dire, selon moi, c'est qu'il faut être un sacré pisse-froid pour bouder son plaisir si l'on est un minimum "geek" (et je ne connais le personnage que très vaguement). Bien sur que le film est loin d'être parfait mais, franchement, c'est si rare d'en trouver un qui nous sort un peu la tête du cul du politiquement correct et du bon goût institutionnalisé... Dès le générique de début, en forme de note d'intention, jusqu'à la séquence post-end credits, je n'ai cessé de me dire "c'est bon, ils me filent ce que je suis venu chercher". Rien que pour ça, Deadpool mérite mieux que ce mépris plus ou moins généralisé.
@Bloup :
Je ne suis pas d'accord avec toi : je suis moi-même un "vieux" de plus de 45 ans et, comme tu peux le lire, j'ai adoré. Je ne crois pas que le film cible particulièrement les jeunes (je pense que c'est même le contraire) : franchement, qui n'étant pas né dans les années 80 peut apprécier à sa juste valeur cet excellent clin d'oeil final à ce film culte de mon adolescence, "La folle journée de Ferris Bueller" ?

Jimhawkins
16/02/2016 à 17:35

Vous devriez lire ce dossier, Deadpool a eu beaucoup de mal à avoir son film
http://www.journaldugeek.com/tests/dossier-deadpool-le-film-miracule/

J'imagine que la prod a un peu limité la liberté d'action de la réalisation, mais vu le carton qu'il fait, je pense que le 2 ne devrait pas avoir ce souci, et là, on pourra vraiment savoir jusqu'où peut aller un film Deadpool...

Plus
votre commentaire