En abandonnant le décorum de l’american way of life contemporaine, Seth MacFarlane prend un risque tout en cherchant à se renouveler. Adieu les suburbs génériques, au revoir middle class et références télévisuelles, place au Grand Ouest, à la frontière et ses cowboys. On sera gré au Golden boy à la voix de stentor de délocaliser ainsi son petit monde, ce qui lui confère une atmosphère et une richesse cruellement absentes de ses précédentes productions. Tournage en extérieur, bande originale référentielle et soignée, décors léchés et enfilade d’hommages, ce Far West déviant séduit, parvenant à nous installer presque instantanément dans une plaisante rêverie, entre nostalgie et déférence roublarde.
Malheureusement, Seth MacFarlane reste Seth MacFarlane et retrouve vite ses vieux démons. Ainsi perd-il énormément de temps à nous conter une comédie romantique ultra-stéréotypée (116 minutes tout de même), dont chaque étape est constituée d’une abondance de clichés où jamais n’affleure le second degré. Comme dans Ted, on se désole de constater que le maître d’œuvre est un très piètre réalisateur. La quasi-totalité des gags repose ainsi uniquement sur le verbe, sans jamais s’incarner dans la mise en scène, à l’opposé de réalisateurs comme Apatow ou Wright, toujours désireux de créer visuellement le rire. Ce manque de réflexion est à l’origine de l’absence de tempo comique, un handicap qui empêche souvent de rire de gags au demeurant plutôt réussis.
Hélas, MacFarlane n’est pas non plus un comédien digne de ce nom. Il ne donne jamais à son personnage de pleutre trop malin pour son époque impitoyable. Insuffisance d’autant plus regrettable que le reste du casting s’en sort avec les honneurs, et nous permet d’oublier en partie la dimension terriblement conservatrice et inoffensive de l’ensemble. En effet, en se contentant d’aligner les gags scatologiques ou scabreux, l’acteur-réalisateur rappelle encore une fois que derrière sa façade provoc, se cache un conteur de bluettes classiques, où les méchants sont punis, les fornicateurs châtiés et les méchants exécutés. Pour convaincre véritablement, Seth MacFarlane devra abandonner ses tics visuels les plus redondants, renoncer au narcissisme qui parasite ses créations et baser son humour sur autre chose que l’écho d’un vieux pet, fut-il foireux.