En cause surtout un scénario fourre tout en rien à la hauteur de ce qu’il veut nous raconter. Même si Gilliam n’en est pas tout à fait l’auteur (il s’y est tout de même beaucoup impliqué apparemment), on reconnaît sans problème sa patte et les orientations propres à sa dialectique. Une société mondiale futuriste surveillée par une autorité toute puissante et invisible appelée Managment est gangrénée par l’image qu’elle renvoie de soi où le bonheur est fondamentalement inaccessible sinon par le consumérisme à outrance. Un génie de l’informatique joué par un Christoph Waltz un peu perdu se retrouve à chercher la formule du sens de la vie que Managment veut acquérir en secret. On l’a compris, on est donc en terrain plus que balisé. Gilliam continuant sa quête sans fin et sans véritables réponses sinon que l’amour (représenté ici par une Mélanie Thierry qui surnage comme elle le peut) chamboule comme toujours les croyances les plus fortes.
Si le schéma s’intègre parfaitement dans le moule « Gilliamien », il faut malheureusement reconnaître que la démonstration est éventée car éculée ou plus sûrement manquant cruellement de conviction. On sent le cinéaste pas tout à fait concerné par ce film mis en chantier parce que L’Homme qui tua Don Quichotte, film maudit entre tous, a une nouvelle fois été mis entre parenthèses. Projet qui fut présenté la première fois il y a douze ans au cinéaste, Zero Theorem pêche aussi par son manque d’ambition visuelle. Si l’on sera gré à Gilliam d’avoir abandonné le tout numérique hideux de son précédent opus de Docteur Parnassus, il demeure tout de même ici un sentiment diffus d’un véritable capharnaüm mal maitrisé par une équipe certainement dépassée par les exigences de son maître d’œuvre. On pourra toujours affirmer que ce n’est pas incohérent avec ce que le film raconte.
Au final on sort véritablement déçu par ce qui ne ressemble qu’à une sorte d’ébauche de film qui en partant ainsi dans tous les sens se tire très rapidement une balle dans le pied sans jamais vraiment rattraper le coup par la suite. Restent quelques fulgurances via des plans extraordinaires ou des dialogues qui font mouches dans la bouche de seconds couteaux (génial David Thewlis). Mais quand on a en face un vieux briscard de la trempe de Terry Gilliam, on ne peut se résoudre à si peu.