Critique : Une Rencontre

Lisa Azuelos s'impose doucement mais sûrement comme une voix un peu à part dans le cinéma français. De sa sincérité non feinte se dégage une personnalité entre écorchée vive, femme ancrée dans son temps et auteure douée. LOL avait su montrer un peu tout cela façon intelligence artificielle. Une rencontre gagne en maturité mais perd quelque peu en fraîcheur.

On sent en effet ici une réflexion plus intense, encore plus tournée vers une expérience personnelle (même si elle s'en défend). Pour autant, nulle envie de subir/revivre les choses même à des fins de catharsis, son film s'avérant une mise en garde. À ce titre, Une rencontre raconte la possibilité d'un adultère qui se matérialise sous nos yeux de la manière la plus « romantique » qui soit. La réalisatrice usant pour cela d'une mise en scène que l'on pourrait qualifier de « pop » si ce terme n'était pas galvaudé depuis La guerre est déclarée. On y pense grâce à la bande originale, qui rappelle les grandes heures de l'émission Paris Dernière et prolonge une photo chargée en couleurs fauves et chaudes. Le montage ne cache pas ses clins d'œil 70's via des Split-screen utilisés à la perfection,  quant à la direction d'acteurs, elle permet de découvrir un François Cluzet souriant et bien dans sa peau (oui c'est possible).   

Ce qui gêne en fait c'est le décalage entre ce que cela raconte et la mise en œuvre pour le dire. Une distorsion entre la forme et le fond assez embarrassante qui donne au film une couleur moralisatrice ancrée dans des codes de vie qui se veulent pourtant modernes. Une rencontre en devient un voyage en rien désagréable dans les contours d'une existence mise à nue mais chahutée par une vision du couple à rebours. On veut croire que la réalisatrice saura s'en extirper dès son prochain film afin de lâcher définitivement la bride à son indéniable talent de conteuse urbaine.

EN BREF : Réalisation pop, dialogues qui font mouches, Liza Azuelos tente de donner petit coup de modernité à la plus vielle histoire du monde. Elle n'y parvient pas toujours, mais la tentative méritait bien un film.