ENFANT TERRIBLE
Marina De Van nous le disait elle-même il y a quelques mois, elle fait partie de ces metteurs en scène paradoxalement peu cinéphiles, dont les créations ne se nourrissent pas tant du Septième Art que de sa propre expérience et d’autres arts. C’est là sa grande force et sa relative faiblesse. Sa force, car faisant fi des règles ou des conventions, la réalisatrice compose ici un personnage féminin d’une puissance évocatrice impressionnante. Enfant venue de nulle part Missy Keating semble faire totalement corps avec l’univers de l’artiste.
Son visage de porcelaine dont la peau délicate semble toujours sur le point de rompre est la source d’une mélancolie, d’une colère sourde qui inondent le métrage. Le même magnétisme brut émane des scènes de violence, dont la brutalité contraste superbement avec l’innocence supposée de leur auteure et achève de composer une ambiance totalement inclassable dans le paysage cinématographique français.
Mais qui sont-ce la dans les escaliers ?
Y’A UNE CARRIE
Mais ne pas bien connaître le genre auquel on s’attaque est aussi une faiblesse, comme en témoigne la figure tutélaire de Carrie au bal du diable, qui hante littéralement le récit. Marina De Van ne peut s’extraire des identités remarquables du surnaturel enfantin, ni les subvertir, sa maîtrise relative de ces codes lui permettant seulement d’en faire usage à son tour. Le déroulé du scénario apparaît alors évident et interdit au spectateur de s’investir dans une histoire qu’il connaît déjà par cœur. Les comédiens ne peuvent faire diversion, s’avérant à l’exception du rôle principal d’une incompétence criante. Tout cela n’interdit pas de prendre un plaisir réel devant le film, mais limite la portée d’une œuvre aux ingrédients fascinants.