Critique : Week-ends

Sandy Gillet | 26 février 2014
Sandy Gillet | 26 février 2014

Issue de la promotion 1993 de la FEMIS, la réalisatrice Anne Villacèque n'en finit plus de coucher sur pellicule ce que cette vénérable institution lui a enseigné : un cinéma au croisement de multiples influences honorables, mais qu'elle a encore bien du mal à hiérarchiser pour donner un sens et une identité à son travail.

Week-ends est son deuxième long de cinéma après Riviera qui déjà bénéficiait d'un casting enviable. Deux couples amis de longue date ont acheté chacun une maison en Normandie se faisant face et ont donc pris l'habitude de se retrouver et de partager certains week-ends et vacances ensembles. Mais quand l'un des deux couples se délite, la symphonie à quatre temps parfaitement huilée jusqu'ici tousse et bascule dans l'inconnu. La mise en place de la réalisatrice est simple : chaque couple est le miroir de l'autre. Miroir sans tain ici, miroir déformant là, miroir zénital enfin. Le problème c'est que ce qui est écrit et décrit par l'histoire a du mal à prendre sens via une mise en scène qui emprunte un peu de Rohmer ici (voix off, plans découpés selon un rythme posé...), un peu de Truffaut là (importance des regards et des non-dits) et puis aussi quelques bribes de dialogues à la Desplechin. Tout ceci aurait pu donner quelque chose de sensuel et d'organique, au lieu de cela, on a plutôt l'impression d'être devant un sujet filmique de fin d'études qui ressasse certains acquis sans vraiment convaincre.

Il est évident que l'on attend d'avantage de ce cinéma là. Plus d'exigence avec ses inspirations mais aussi beaucoup plus de personnalité et de travail avec des acteurs Rolls-Royce (Gamblin, Viard, Lvovsky...) qui se débattent pour apporter un souffle de vie à un ensemble qui en manque cruellement. On ne sait trop du coup si Anne Villacèque est d'une trempe de cinéaste. Il lui faudrait pour cela prendre enfin des risques, se mettre quelque peu à nue (son cinéma l'exige) tout en s'attachant à aller vers son public.

 

En bref : Du cinéma aux accents entre autres rohmériens mais qui a du mal à en sortir pour voler de ses propres ailes.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire