La Grande Aventure LEGO : critique wildstyle
Étrange projet que cette Grande Aventure Lego. Publicité, placement de produit, happening pop-culturel et film d'animation attendu, le métrage est tout cela à la fois et vient couronner une stratégie marketing et existentielle à part dans le monde du divertissement.
ODE À L'IMAGINAIRE...
Même les ayatollah de Playmobil devront l'admettre, leur concurrent principal a réussi le tour de force de passer en moins d'une décennie de concept vieillot mais sympathique à celui de totem hype et technophile. Rachat de licence, partenariats, jeux vidéos... cette révolution identitaire ne pouvait logiquement se conclure qu'avec un long-métrage d'animation, chargé d'agglomérer et de sanctifier les orientations nouvelles des bonshommes jaunes.
Pour réaliser la chose, il fallait bien deux petits génies de l'animation, Phil Lord et Chris Miller (déjà heureux papas du génial Tempête de boulettes géantes et de 21 Jump Street), dont le sens de la frénésie et l'humour trouvent ici leur plus éclatante expression. Entre course-poursuites haletantes, décors grandioses et cascade de vannes, La Grande Aventure Lego ne laissera aucun répit aux spectateurs, petits ou grands. Il est remarquable que l'accomplissement technologique de l'ensemble - on jurerait souvent avoir véritablement affaire à une œuvre réalisée en stop motion – ne prenne jamais le pas sur le détonnant humour geek affiché par le projet, qui fait mine de se réserver quelques belles saillies sur la société de consommation ou les supers héros. Concrètement, vous réfléchirez à deux fois avant de retourner chez Starbucks ou d'ouvrir un comics de Green Lantern.
De nombreuses stars se cachent dans cette image
... OU PUBLICITÉ GÉANTE ?
Pendant ses trois premiers quarts, le film nous offre ainsi une partition survoltée et hilarante, dont on n'oublierait presque qu'elle constitue quasiment la première publicité payante de l'histoire de la réclame. Une réalité qui va brusquement se rappeler à nous lors d'une ultime bobine dont on se demanderait presque si Phil Lord et Chris Miller n'ont pas été écartés, tant leur énergie et leur intelligence font soudain défaut. Et le film de se métamorphoser en publicité bas du front pour nous rappeler violemment que les personnages sont des items de consommation courante, mais surtout que le spectateur serait bien inspiré de les fournir aux marmots qui l'accompagnent dans la salle.
Lecteurs
(4.8)