Critique : L’Autre vie de Richard Kemp

Attention polar fragile et casse gueule ! Pour autant, si on passe outre une mise en scène un peu trop passe-partout et un petit manque de rebondissements (le réal s'en explique parfaitement dans notre interview), L'Autre vie de Richard Kemp mérite bien des éloges. A commencer par sa capacité à mener à bon port une intrigue particulièrement ambitieuse. Et pour cause, le premier long de Germinal Alvarez propose un mix improbable entre le film policier et la SF.  De quoi faire son effet dans la production cinématographique hexagonale, d'autant que le film s'appuie sur un scénario original (signé Alvarez) et non, comme cela peut être souvent le cas, une adaptation de roman. Et pour se mettre encore plus de difficultés dans les pattes, le jeune réalisateur s'offre un récit à reconstitution avec une intrigue située au milieu des années 80.

Intrigué on l'est donc assurément mais aussi prêt à railler les moindres failles d'un scénario dont on imagine vite qu'il va partir en sucette. Raté, Alvarez a visiblement bien préparé son affaire et son histoire rocambolesque de flic usé se retrouvant projeté à l'époque où il a raté l'affaire criminel ayant décidé de sa vie professionnelle et affective, fonctionne constamment. Bien sûr, le vertige reste minime et le film ne crée pas les mêmes stimuli façon « et si » que l'on peut avoir face aux œuvres marquantes basées sur le voyage temporel (Retour vers le futur en tête). Mais le vertige est bien réel et on le doit aussi beaucoup à l'implication totale des comédiens. A commencer par Jean-Hugues Anglade (vieux comme jeune), constamment présent à l'écran et jouant avec une sobriété et une émotion idéales. A ses côtés, Mélanie Thierry s'avère tout aussi juste pour retranscrire les émois de son personnage.

Ils forment un très beau couple de cinéma dans un polar qui renoue avec l'esprit du parfait divertissement grand public du samedi soir. A bon entendeur !