Critique : Aya de Yopougon

Nicolas Thys | 12 mars 2013
Nicolas Thys | 12 mars 2013

Toutes les bandes dessinées ne sont pas bonnes à être adaptées et animées, surtout quand on cherche les modifications minimales dans le coup de crayon entre les deux supports. Aya de Yopougon en est un bel exemple.

A l'origine, c'est un roman graphique en plusieurs tomes écrit par Marguerite Abouet et dessiné par Clément Oubrerie paru entre 2005 et 2010. Très grand succès, couronné meilleur album à Angoulême et édité chez Gallimard dans la collection de Joann Sfar, il a été heureusement totalement réécrit pour le cinéma par ses auteurs au risque de voir s'envoler une bonne partie de l'histoire. Les fans pourront être déçus, certains événements importants et dramatiques concernant Aya ont purement été évacués, mais il aurait été difficile de faire mieux en une heure et demie et l'atmosphère générale des ouvrages est bien présente.

Quels sont alors les défauts principaux ? Ils sont deux. D'abord l'histoire. Au-delà des manques et rajouts qui laissent la part belle aux intrigues sentimentales, Aya n'occupe guère qu'un second rôle parmi une ribambelle de personnages tous plus ou moins secondaires. Au lieu de s'appeler Aya de Yopougon et de centrer la voix off, narrée par une Aïssa Maïga bien meilleure que Hafsia Herzi sur Le Chat du Rabbin de Joann Sfar (qu'on retrouve producteur de ce film-ci), le film aurait dû s'appeler Yopougon tout court et faire apparaitre un narrateur anonyme tant on s'éloigne souvent d'Aya pour se centrer sur la vie d'un quartier. Conséquence : les personnages ne pas assez développés et vont vite vers la caricature comme si le dessin seul suffirait à leur conférer une psychologie de base.

Ensuite, problème plus gênant : l'animation elle-même, peu fluide, minimale comme si les réalisateurs avaient oublié que le cinéma d'animation repose avant tout sur le mouvement image par image et non sur le graphisme. Sinon autant rester dans la bande dessinée, bien plus complète et bien plus travaillée dans sa forme. Ici, ce qui pêche est peut-être le dessin. Tout comme Joan Sfar, lorsqu'il s'est attaqué à l'adaptation du Chat du rabbin, ils ont affiné le trait afin de faciliter les mouvements des personnages et de gagner du temps dans la réalisation. Trop de temps peut-être car finalement les mouvements sont souvent les mêmes et l'ensemble reste très statique, bien trop pour ce type de film, comme si les réalisateurs et producteurs avaient eu peur de s'écarter plastiquement de la bande-dessinée pour en faire un « vrai » film d'animation.

Reste une jolie histoire, un panorama agréable de l'Afrique des années 1970 avec ses fantasmes, ses rêves, ses espoirs et ses désillusions. Intéressant mais pas vraiment abouti. On retournera volontiers aux albums.

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