Critique : Retour vers le futur III

Jérémy Ponthieux | 17 février 2013
Jérémy Ponthieux | 17 février 2013

Voilà des trois épisodes le film le moins apprécié, considéré comme indispensable à la trilogie mais rarement cité en premier dans l'ordre de préférence. Une situation fort dommageable pour un film pourtant habilement construit, qui pâtit sans doute de l'inventivité narrative de ses grands frères. Zemeckis a tourné ce troisième film lorsqu'il montait le second, visionnant la trilogie comme une seule histoire. C'est cette cohérence qui fait de Retour vers le futur un triptyque adulé et qui rend le comique de répétition aussi savoureux, surtout quand celui-ci plonge le voyage dans le temps dans l'univers du Far-West.

Car davantage encore que les deux premiers films, ce nouvel opus se présente comme un fantasme de réalisateur, Zemeckis réussissant par la magie du récit à mettre en scène le seul « western » de sa carrière. Partagé entre son sens du spectacle et le fin cinéphile qui sommeille en lui, le réalisateur ne cesse de multiplier les hommages avec une bonne humeur communicative, du « Clint Eastwood qui n'est pas un nom de cow-boy » au duel biaisé en passant par un Biff Tannen en Liberty Valance collant. Honnête dans sa démarche, le cinéaste s'attaque ainsi à un genre profondément américain, faisant de Retour vers le Futur une radiographie de l'évolution du pays sur de multiples époques. A cela, Bob Gale, toujours scénariste en chef, concentre son récit sur Doc et sur une histoire d'amour naissante à laquelle la mise en scène très candide de Zemeckis ajoute un charme typiquement hollywoodien. Il découle de cette historiette une impression de légèreté que certains jugeront un poil faiblarde, surtout au regard d'une saga qui aura autant su tisser sa propre toile dans les carcans de l'entertainment hollywoodien.

Mais difficile quand même de bouder son plaisir face à un récit qui n'oublie pas de se montrer inventif, multipliant tel une marque de fabrique de fausses pistes résolutives. Hill Valley est de nouveau réinventée tout comme la ligne spatio-temporelle des deux précédents opus menace d'être à nouveau pervertie, sans que Zemeckis ne fasse appel à un retour dans le temps, focalisant son film sur ce décor de bush américain. Le récit a beau être moins complexe que le précédent, il n'en perd pas moins en énergie, notamment lors d'un final en locomotive à l'insoutenable suspens. Il est aussi le lieu de résolutions psychologiques diverses, Marty trouvant dans cet opus un frein à son irrépressible susceptibilité quand le Doc s'invente une nouvelle famille.

Enfin, Retour vers le Futur 3 donne une conclusion à cette menace éthique qu'est le voyage dans le temps, dans un discours final consensuel mais poignant. Et que dire de ce générique qui se présente comme l'ultime touche à une trilogie capitale, laissant toujours une pointe d'amère émotion au creux du cœur.

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