Critique : Carré blanc

Simon Riaux | 6 septembre 2011
Simon Riaux | 6 septembre 2011
De la science-fiction, un premier long-métrage, un couple de comédiens qui n'a pas froid aux yeux, on tient là une recette alléchante et redoutée du cinéma français. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les incursions répétées de ces dernières années dans le territoire du genre n'ont pas été auréolées de succès, tant critique que public. C'est donc avec circonspection que nous découvrons Carré Blanc... Et c'est avec soulagement que nous avons découvert une première oeuvre des plus prometteuses.

Comme en témoigne son économie générale, son nombre de personnages resserré, sa tendance à l'abstraction, ainsi que sa durée, le (pas si)long-métrage de Jean-Baptiste Leonetti est un film résolument modeste. Une humilité et des limites qui auront sans doute permis au réalisateur de tirer le meilleur parti de son histoire, de l'univers qu'elle déploie, ainsi que de Sami Bouajila et Julie Gayet, tout deux excellents dans des rôles sur le fil du rasoir. Ici, nul artifice mal maîtrisé, ou concept abandonné en cours de route, la société en mal d'humanité dépeinte par Leonetti transparaît au détour de sa réalisation et de son découpage, cliniques et cohérents. De très belles idées de mise en scène éclosent ici et là, le plus souvent pour accompagner les shrapnels de violence ou d'émotion qui traversent le film.

Si Carré Blanc possède d'indéniables qualités, il reste néanmoins tributaire de son modeste budget, qui lui interdit de donner à son récit toute l'ampleur qu'il mérite. On aurait aimé que le metteur en scène ait le temps de traiter plus en profondeur le personnage de Julie Gayet, qui doit souvent compenser par son talent les blancs laissés par le scénario, il en va de même pour le très intrigant personnage du vigile, qui vous fera rapidement perdre l'envie de sourire, mais dont la sous-intrigue aurait dû nous occuper plus longuement. Enfin, si les sous-entendus et les pistes que le récit nous dévoilent sont bien amenés, on aurait aimé connaître plus avant cet univers de faux-semblants et d'hypocrisie festive, dont la vision pourra rappeler les prophéties glaçantes de Philippe Muray.

Voilà un long-métrage aussi modeste qu'ambitieux, qui parvient avec brio à se hisser au dessus de son humble condition, et qui méritera indéniablement votre attention. S'il reste encore bien des domaines à perfectionner pour son réalisateur, on est très curieux de voir ce que donneraient les ambitions thématiques et formelles de Leonetti nanties d'un budget à leur hauteur. Notez qu'on ne croise pas tout les jours un film qui nous fasse aimer le criquet avec pareille vigueur.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire