Les Marches du pouvoir : Critique

Simon Riaux | 1 septembre 2011
Simon Riaux | 1 septembre 2011

George Clooney faisant régulièrement étalage de ses engagements et opinions, on n'était guère surpris de le voir s'attaquer à un projet encore plus politique (car contemporain) que celui de son deuxième film, Good night and good luck. Avec Les Marches du pouvoir, le grand George nous livre un thriller politique, genre où l'ont précédé de glorieux aînés, et où une actualité de crise lui offre sur un plateau une matière première foisonnante. On est d'autant plus déçu de le voir passer à côté de son sujet.

Pourtant, on a de prime abord l'impression que tout le monde fait très bien le job. La mise en scène paraît sobre et maîtrisée, le rythme du film est plaisant et ne faiblit jamais, chaque acteur est à sa place. On est même agréablement surpris par Evan Rachel Wood, qui prouve que d'un rôle pas forcément très gratifiant sur le papier, elle peut tirer une prestation sexy en diable, avant d'avancer délicatement les failles d'un personnage dont la vie s'écroule sous nos yeux. À l'inverse du film, l'intérêt qu'on lui porte suit une courbe ascendante qui ne retombera jamais.

 

 

Hélas, sans que l'on comprenne bien s'il s'attaque à un sujet qu'il ne maîtrise pas, ou s'adresse à son public avec condescendance, George Clooney se jette dans quasiment tous les pièges du genre. Son erreur la plus grave est sans doute de nous présenter un soit-disant surdoué de la communication d'un idéalisme suspect, pour ne pas dire d'une naïveté crasse, dont les convictions vont être irrévocablement ébranlées par le cynisme des puissants qu'il admire. Le film enfonce des portes ouvertes avec un sérieux inébranlable et déplacé. S'attribuant un rôle qu'il interprète avec un manichéisme effarant, Clooney verse involontairement dans le pamphlet caricatural et inoffensif, à l'image de son héros, qui passe en l'espace d'une séquence de chevalier blanc éconduit à la posture du manipulateur impitoyable.

 

 

On en veut également au film de faire quasiment fi du contexte actuel. Si son metteur en scène comptait réaliser une fable cruelle plus qu'une plongée hyper-réaliste dans les arcanes du pouvoir, il ne pouvait tout à fait évacuer le climat actuel et la connaissance qu'en a le public, ni nous présenter un personnage tel que celui de George Clooney. Il compose un candidat à la présidentiel issu du camp démocrate bien trop parfait pour être vrai : athée, écologiste, pro-avortement, pacifiste, décidé à rompre les mésalliances coupables de sa nation... On pourrait énumérer longtemps ces qualités fantasmatiques, qui rendront les révélations du film encore plus énormes qu'elles ne le sont, à l'image d'une ridicule séquence de confrontation, où le vrai visage du citoyen modèle jaillira des ténèbres avec l'emphase du mauvais bad guy de série B.

 

 

 

Résumé

En fin de compte ces Marches du pouvoir font penser à un grossier « Machiavel pour les nuls » dont le message demeure des plus obscurs. La politique pourrit-elle tout ses hérauts ? N'y a-t-il pas de place pour l'innocence en ce monde ? Les grands principes ont-ils vécu ? Ryan Gosling devrait-il faire encore plus de muscu ? Nous n'aurons pas les réponses à ces questions mais une chose est sûre, George Clooney semble avoir lui-même oublié de se les poser.

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