Critique : The Murderer

Par Vincent Julé
20 juillet 2011
MAJ : 25 février 2020
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Pourquoi tant de haine… de soi ? De Old boy à J'ai rencontré le diable, le thriller sud-coréen afait de la violence, sa nouvelle identité, son fonds de commerce diront certains. Une violence qui en appelle toujours à la douleur physique, émotionnelle et morale, et qui s'exprime dans l'implaccable descente aux enfers du héros, dans l'impunité accordée au tueur et même dans l'incompétence des forces de l'ordre. Un mal-être mais aussi une dualité, que l'on retrouve dans sa frontière avec la Corée du Nord ou dans son drapeau reprennant le symbole du yin et du yang. Gu-nam, le chauffeur de taxi de The Murderer, en est le témoin privilégiée, la preuve vivante. Il est un « Joseon-Jok », un de ces 800 000 Sino-coréens qui vivent à Yanji, une ville chinoise de la préfecture de Yanbian coincée entre la Corée du Nord et la Russie. Son identité, il la cherche au quotidien, de petites magouilles en dettes de jeu, avec toujours l'espoir de retrouver sa femme partie en Corée du Sud pourchercher du travail. Et son salut pourrait passer par le contrat que lui propose Myun, un parrain local, à savoir passer la frontière et assassiner un inconnu.

Mais le tueur du titre est avant tout chauffeur, et le film prend ainsi son temps pour exposer son contexte social et humain. Il n'est d'ailleurs pas nécessaire d'en saisir tout de suite tous les tenants et aboutissants, le réalisateur Na Hong-jin laissant traîner la poudre d'une bombe à retardement… dont il allume les deux bouts ! Car comme son premier long métrage The Chaser, mais aussi Old boy et J'ai rencontré le diable pour ne citer que le plus connu et le plus récent, The Murderer est le film ultime des destins croisés, contrariés et finalement explosés. Ce n'est plus le melting pot, selon l'expression américaine consacrée, mais le melting boom ! Lorsque surgit la violence, elle fait mal, elle n'en finit plus, mais elle exprime aussi, elle soulage presque. Ainsi, la catharsis ne se sert pas d'armes à feu, elle sort les armes blanches, couteaux, machettes, haches… histoire de ressentir au plus profond de sa chair. Et Na Hong-jin de signer son plus gros massacre, son tour de force, hors-champ. The Master !

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